Quelle réforme du lycée professionnel à Mayotte ?

Filières réduites, création de nouvelles formations, le gouvernement a pour objectif d’améliorer l’insertion au travail des élèves qui étudient dans des voies professionnelles. Début mai, le président de la République Emmanuel Macron annonçait la réforme des lycées professionnels, en vigueur dès septembre 2023. Mais quelles seront les formations disponibles sur Mayotte à partir de l’année prochaine ? On fait le point.

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Une classe de bac+4 concepteurs développeurs d’applications de l’école Expert.net avec le directeur au centre, Marc-Henri Ravaux.

Les objectifs de la réforme

La réforme des lycées professionnels se prépare depuis 2016. « Mieux accompagner les lycéens et limiter le décrochage » est l’un des objectifs de cette réforme selon Philippe Lefebvre, délégué académique à la formation professionnelle initiale et continue. Le gouvernement a pour volonté de mieux adapter les lycées professionnels à l’économie de demain, les moderniser pour les adapter aux évolutions économiques et aux secteurs en plein essor. « C’est plus une transformation, une rénovation, qu’une suppression de filières. C’est une réforme importante avec beaucoup d’enjeux pour les élèves et les acteurs économiques », continue Philippe.  

Sur le long terme, l’objectif est d’améliorer l’accompagnement des lycéens, professeurs et acteurs économiques. Créer des formations pour répondre aux besoins de ces derniers, mais aussi valoriser l’accompagnement des élèves assurés par les professeurs. 

Réduction de la capacité de certaines filières

Plusieurs formations sont concernées par une réduction de places. Dans l’optique de remplacer ces filières par d’autres, plus professionnalisantes, beaucoup de CAP fermeront leurs portes, mais seront remplacés par des BTS.  “Les étudiants sont mal insérés avec un CAP, nous ne les fermons pas, nous les remplaçons. Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait que très peu d’insertion avec les CAP”, affirme Philippe Lefebvre. 

Les filières sont supprimées pour les élèves de première année, mais les étudiants déjà présents dans les cursus concernés finiront leurs diplômes en cours. 

Ouverture de nouvelles filières

La réforme des lycées professionnels sera en place dès la rentrée 2023. Ce sont quelque 150 nouvelles filières qui seront ouvertes dans toute la France hexagonale et d’outre-mer. Huit nouvelles filières ouvriront leurs portes aux lycéens mahorais, tandis que quatre augmenteront leurs effectifs.

A Kahani, deux BTS ouvriront : un BTS assistance technique et un BTS gestion technique. Un BTS assurance sera lancé en Petite Terre, un BTS commerce international sous forme de formation scolaire au lycée des Lumières de Kawéni, une mention énergies renouvelables option froid à Dzoumogné et enfin un BTS commercialisation des solutions techniques au lycée Younoussa Bamana. Pour les prochaines années, le rectorat projette de lancer des filières eau et environnement, ainsi que dans l’agro-alimentaire. 

Onze bureaux d’entreprises ouvriront dans les lycées professionnels. Ils feront le lien entre les étudiants en recherche de stage ou d’alternance et les entreprises qui les recherchent.

Plus d’enseignants

Les postes d’enseignants pour ces filières sont déjà publiés sur le site du rectorat. En ce qui concerne la formation de ces professeurs, les filières sont toutes nouvelles, ils doivent donc être initiés. Pour cela, ils sont donc envoyés en métropole ou à La Réunion, où ils échangent avec des collègues déjà formés. “Il faut outiller les professeurs pour qu’ils soient aptes à former la jeunesse. Nous anticipons très à l’avance le recrutement pour ne pas nous retrouver submergés” explique Philippe Lefebvre. 

Ce dernier ne semble pas inquiet par rapport au nombre d’enseignants recrutés. “On a toujours un manque à la rentrée, mais il reste marginal », essayant de rassurer en expliquant que c’est un travail d’anticipation plus que de recrutement. 

Et pour les jeunes sans papiers ?

Pour les adolescents en situation irrégulière, l’accès aux études supérieures est restreint à Mayotte. Sur la plateforme d’admission Parcoursup, seules les filières BTS (Brevet de technicien supérieur) leur sont accessibles. Cependant, ces formations sont très sélectives. Les lycéens issus de bacs professionnels et des filières STMG sont prioritaires, ce qui laisse peu de chances pour les élèves de terminale sans papiers de la filière générale.  Sans accès à l’université et aux autres types de filières professionnalisantes, “c’est le parcours du combattant”, selon Faoulina, représentante de l’association Jeunes à Mayotte Nés en France de Parents Étrangers (JAM NEFPE).  “Même s’ils sont pris en BTS, ce sont des études par défaut. En attendant de régulariser leur situation, les élèves sont obligés de faire des études qu’ils n’ont pas choisies, ajoute-t-elle. 

Expert.net pour les formations liées à l’informatique

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Une nouvelle promotion du Bac+4 Administrateur Système et Réseau (ASR) va ouvrir dès octobre 2023.

Le campus informatique Expert.net propose des alternances de deux ans, intégrables post bac en filière générale ou après un BTS. Des formations qui ont été ouvertes en 2022 à Mayotte, et pour lesquelles les étudiants sont de plus en plus nombreux à candidater. L’école est en plein développement. En septembre 2023, elle ouvrira un nouveau cursus : le bac+2 technicien supérieur système et réseaux (TSSR). Une nouvelle promotion de bac+4 administrateur système et réseaux (ARS) en apprentissage sera également ajoutée ; même chose pour le bac+4 concepteur développeur d’applications. Le campus a aussi la volonté d’ouvrir un cursus bac+5 cybersécurité, une formation très demandée à Mayotte par les étudiants.

L’État et AKTO, opérateur de compétences, financent les différents cursus. À hauteur de 6 000 euros la première année et 4 000 la deuxième, la formation est prise en charge par les entreprises pour leurs alternants. 

Jusqu’à l’année dernière, il n’était pas possible pour les lycéens de poursuivre sur l’île leurs études après le BTS système d’information et d’informatique. Le bac+4 concepteur développeur d’applications, qui suivait cette formation, n’était disponible qu’à La Réunion ou en métropole.

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