Les étudiants de quatre licences attendent toujours leurs notes, alors qu’ils ont passé leurs examens en décembre. Un imbroglio qui vient en réalité d’une difficulté juridique pour nommer les jurys, explique Aurélien Siri, le directeur de l’université. Mais les compositions ont enfin été validées vendredi, et les commissions devraient pouvoir se réunir dans la semaine.
“Ce qu’il se passe ? C’est que nous n’avons toujours pas reçu nos résultats, alors que nous avons passé nos examens en décembre…”, soupire Eve Desmonts-Pineau. Comme elle, ils sont de nombreux étudiants, en licence de droit, en administration économique et sociale (AES) et dans deux autres licences professionnelles du Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte (CUFR), à compter les mouches depuis bientôt quatre mois. Sans nouvelle de leurs notes, alors même que les examens du second semestre doivent se tenir en avril. L’étudiante en licence 2 de droit est d’autant plus embêtée qu’elle s’est depuis envolée à La Réunion, pour le second semestre. “Mon université d’accueil souhaitait mes relevés de notes, j’ai dû leur envoyer celles de L1”, explique-t-elle.
La question du plein exercice
La raison de cette attente interminable ? Les compositions des jurys, qui n’avaient pas été validées. Plus précisément, “une divergence d’interprétation juridique sur l’autorité chargée de prendre l’arrêté”, procédant à la désignation des membres du jury, livre Aurélien Siri, le directeur du CUFR. Une affaire qui s’est rapidement transformée en usine à gaz, à en croire les échanges de mails que nous avons pu consulter, chacun y allant de sa propre analyse. Pour les uns, le directeur était tout à fait habilité à nommer les membres du jury et donc à signer l’arrêté ; pour les autres, le CUFR n’avait pas compétence, n’ayant pas autorité sur le dispositif. Et ses équipes pédagogiques ne pouvaient pas figurer dans le jury d’un diplôme national sans y être invitées par l’université partenaire.
“Toute la difficulté vient de notre situation particulière, puisque nous préparons des diplômes que nous ne délivrons pas nous-mêmes”, déroule le responsable de l’université. En effet, le CUFR n’étant toujours pas une université de plein exercice, il repose sur des conventions de partenariat avec d’autres universités pour délivrer les diplômes, en l’occurrence celles d’Aix-Marseille et de Nîmes. Conséquence : entre les conventions, le code de l’Éducation et le décret constitutif du CUFR du 12 octobre 2011, “nous sommes régis par une pluralité de textes, et il n’est pas toujours évident d’appliquer la bonne réglementation”.
Un flou juridique soulevé par une nouvelle recrue
D’accord, mais pourquoi maintenant ? “La question ne s’est pas posée l’année dernière”, se souvient Eve Desmonts-Pineau, qui suggère la piste des rivalités qui ont, depuis, agité les hautes sphères du centre universitaire. Alors que le candidat Thomas M’Saïdié, par ailleurs responsable du département Droit-Économie-Gestion, était pressenti pour reprendre le flambeau, Aurélien Siri a finalement rempilé pour un mandat de deux ans, au terme d’une campagne houleuse. Que nenni ! En réalité, la zone d’ombre a été repérée par une nouvelle recrue au sein de l’administration de l’établissement. “Cette personne a soulevé une difficulté juridique que nous n’avions pas identifiée précédemment, et c’est un point positif dans notre démarche qualité”, souligne Aurélien Siri. Un voile levé, donc, mais qui aura tout de même fait perdre plusieurs mois – les propositions de composition en fonction des filières ont été envoyées depuis la mi-octobre – et sans doute quelques cheveux aux responsables des affaires juridiques des universités concernées… À noter que le confinement est venu lui aussi ajouter son grain de sel, grippant encore davantage la machine.
La bonne nouvelle, c’est que les experts ont enfin réussi à démêler ce nœud gordien. “L’arrêté qui désigne les membres des commissions de jury a été pris vendredi, et il appartient désormais au président de jury de réunir sa commission”, annonce Aurélien Siri. Qui table sur une publication des notes après délibération d’ici la fin de semaine, ou en début de semaine prochaine. À la bonne heure !
Au CUFR, les cours reprennent doucement face à la menace du Covid-19
Depuis ce lundi, une partie des étudiants ont repris le chemin de l’université. Après les annonces du préfet mercredi dernier et la levée du confinement, un comité de direction s’est en effet tenu vendredi pour décider des mesures à prendre face au risque de contaminations. Objectif : limiter au maximum les brassages au sein de la structure. Il a donc été décidé de maintenir pendant deux semaines les enseignements à distance, pour les cours magistraux et la plupart des travaux dirigés (TD). Seuls reprennent donc les travaux pratiques et les TD ne pouvant pas se dérouler en distanciel, comme par exemple les cours d’informatique, qui nécessitent un équipement et des logiciels particuliers. Pour ces enseignements, une jauge maximale de 50% de remplissage des salles a été fixée.