Les quelque 106.000 élèves du département retournent progressivement sur les bancs de l’Éducation nationale à partir de ce mardi. Pour l’occasion, le préfet et le recteur ont rendu visite au lycée de la cité du Nord, endeuillé l’année dernière par une agression mortelle. Aujourd’hui, tous veulent tourner la page de l’insécurité.
Il est 8h53 à Mtsangadoua, et un petit groupe de responsables administratifs et représentants des parents d’élèves jettent des coups furtifs à leur montre. Ce mardi, le préfet Thierry Suquet et le recteur Gilles Halbout sont attendus à la cité du Nord pour une rentrée hautement symbolique. Car c’est là, sur ce bitume aujourd’hui mouillé par les averses nocturnes, que le jeune Miki a reçu entre deux bus scolaires des coups de ciseau mortels à la tête, en avril dernier.
Depuis le drame, tout le monde s’accorde à dire que les choses ont changé. La preuve ? Devant le lycée, là où défilent chaque jour les autocars pour décharger les centaines d’élèves, un grillage surmonté de barbelés a bel et bien été érigé depuis la fin de l’année scolaire, grâce à la mobilisation du rectorat. “Vous pouvez voir ce qu’on a fait rapidement avec les équipes”, indique Gilles Halbout, à peine arrivé. Une action effectivement saluée de tous, et qui a donc fait ses preuves pour ce premier jour de rentrée. “Aujourd’hui, sur cette problématique des transports, nous avons pu constater la fluidité des rotations, c’est-à-dire que contrairement à auparavant, un bus ne reste pas là, il décharge et s’en va”, confirme Martine Banerjee, la proviseure de l’établissement, qui assure par ailleurs tout mettre en place pour éviter que les élèves ne traînent devant les grilles avant de monter dans le véhicule. Côté parents d’élèves aussi, on applaudit la réactivité de l’académie. “Ce qu’on a demandé a été instauré, on le voit, il y a la grille. Maintenant ce qu’il faut surtout, c’est du renforcement humain”, nuance toutefois Mariama Djailani, la représentante de la FCPE.
Le regard tourné vers les projets d’avenir
Mais le lycée et le rectorat ne comptent pas s’arrêter là et la visite du jour vise aussi et surtout à mettre l’accent sur l’avenir. En contrebas, le chantier du gymnase avance ainsi à grands pas. “Nous sommes en train de préparer une plaque en l’honneur de Miki. Il était footballeur au club des Abeilles”, souligne Gilles Halbout. Un chantier qui s’inscrit dans la lignée de développement des filières d’excellence, alors que le lycée lance aussi une section sportive pour les Secondes de cette année. L’autre nouveauté de cette rentrée : cinq classes supplémentaires en préfabriqué, pour soulager un peu cet établissement de plus de 1.700 élèves, conçu pour en accueillir initialement 900.
“Pour être honnête Monsieur le Recteur, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant”, glisse la proviseure sur le chemin de la visite. Une réalité qui n’épargne malheureusement aucune structure de l’île. Temporaires, ces solutions, qui ont l’avantage d’être mises sur pied rapidement, visent à pallier un manque de salles, estimé à 800 sur le territoire. “Nous en avons 110 sur les lycées et nous commençons à en distribuer sur les collèges en attendant que les futurs établissements sortent de terre”, argumente le responsable de l’académie. Un ambitieux programme de constructions scolaires prévoit en effet la livraison de quatre lycées et neuf collèges d’ici à 2026.
La sécurité sur la table
Enfin, encore dans les cartons pour la cité du Nord : le projet d’une salle de restauration, demande réitérée par la nouvelle proviseure à l’occasion de cette visite institutionnelle. “C’est ce qu’il reste à faire, car comme il n’y a pas de cantine, certains élèves qui n’ont pas emporté de collation, seront malgré tout obligés de sortir”, explique Martine Banerjee. De quoi ramener le sujet de la sécurité sur la table…
Lequel n’est d’ailleurs jamais bien loin. Dans une classe de Seconde, une petite main se lève timidement : “Monsieur, j’ai une question, j’ai vraiment peur pour la sécurité”, lance le nouveau venu. Même si ce jour de rentrée est consacré aux nouveaux entrants, tous ont bien sûr déjà entendu les rumeurs. “Il y a une vigilance sur les bus, le préfet a mis les moyens et sur la vie scolaire, nous allons travailler avec Madame la proviseure, par exemple avec les élèves pairs”, mentionne Gilles Halbout pour calmer ses craintes. “Nous avons un système d’alerte en cas d’incident pour intervenir immédiatement, et nous avons mis en place des liaisons avec la gendarmerie. L’objectif pour nous c’est que vous soyez en sécurité car on ne peut pas faire des études sans cela. Mais cela dépend aussi de vous, et du respect des règles”, conclut Thierry Suquet.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.