« On doit s’organiser pour assurer nous-mêmes la potabilité de l’eau »

Face à la crise de l’eau qui frappe l’île, le rectorat de Mayotte s’organise pour tenter d’avoir assez d’eau potable dans chaque établissement scolaire. Et avec l’eau jugée non conforme par l’Agence régionale de santé dans certains secteurs il y a quelques jours (la dernière vigilance est levée depuis ce dimanche), la mission s’avère d’autant plus compliquée.

Si la plupart des établissements du second degré sont sur le chemin de l’eau, et donc approvisionnés, les contrôles de l’Agence régionale de santé (ARS) ayant révélé plusieurs fois des non-conformités sèment le trouble sur la question de la potabilité de l’eau. Ainsi, des gourdes ont été données à 115.000 élèves, qui ont à charge de les remplir avec de l’eau potable chez eux ou à l’aide des rampes répartis sur le territoire. Pour ce faire, ils doivent la faire bouillir cinq minutes (sans toutefois mettre l’eau trop vite dans le récipient qui supporte mal la chaleur). Une méthode pénible à organiser et qui s’appuie sur l’aide des familles. Toutefois, le rectorat réfléchit à aller plus loin, surtout si la crise s’aggrave. « Au niveau de l’Éducation nationale, il faudrait six containers d’eau par jour. La logistique portuaire ne permet pas ce mouvement. On doit donc s’organiser pour assurer nous-mêmes la potabilité de l’eau », peut-on lire dans un compte rendu de réunion de la cellule de crise de l’eau la semaine dernière, à laquelle était présent le recteur, Jacques Mikulovic.

En attendant, des bouteilles d’eau ont été commandées et la question de réorganiser les cours à l’aide du télétravail ou d’un système d’alternance a été évoquée lors de cette réunion, pour assurer coûte que coûte la continuité éducative. Si la ligne de conduite consiste à suivre scrupuleusement les préconisations de l’ARS, les établissements devraient recevoir des percolateurs (qui portent l’eau à ébullition) pour potabiliser l’eau et deux personnes par établissement scolaire devraient être déployées afin de mettre l’eau dans les tuyaux.

« Tout cela génère du stress »

Dans ce contexte, le recteur de la région académique de Mayotte, Jacques Mikulovic, a souhaité s’adresser à l’ensemble du personnel de l’académie par une vidéo : « Tout cela génère du stress, de l’inquiétude, et je le comprends parfaitement. Mais en face, nous avons un territoire qui a besoin de notre présence, qui a besoin d’accueillir les élèves, et nous avons des élèves qui sont en forte attente vis-à-vis de l’école. »

Le recteur a rappelé la nécessité de tenir, malgré ces conditions de travail difficiles pour les enseignants. « Je sais que c’est difficile, que nous ne pourrons pas, nous, fournir de l’eau potable en bouteille à tous les agents et personnels immédiatement. Nous nous organisons pour pouvoir produire la potabilité de l’eau partout », ajoute-t-il, après avoir précisé avoir créé un comité de suivi pour surveiller la situation.

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