Les 12 étudiants du BTS économie sociale familiale du lycée de Bandrélé ont réalisé un projet intitulé « Bien manger, bien bouger » à destination de 15 mamans de la commune. Ce mercredi 16 juin a été l’occasion de revenir sur l’action de sensibilisation ainsi que sur le bilan des ateliers culinaires et des activités sportives. Ambiance festive assurée par les participantes qui en redemandent.
Portable pointé en direction du tableau, Thaandhati ne cache pas sa joie depuis le troisième rang. Des « youyou, youyou, youyou » résonnent dans la salle. Sa manière à elle de remercier les 12 élèves du BTS économie sociale familiale du lycée polyvalent de Bandrélé postés en rang d’oignon devant elle. Derrière son large sourire communicatif, la mère de famille exulte en compagnie des 14 autres mamans de la commune. « Merci d’avoir pensé à nous », lâche-t-elle, la gorge un peu nouée et les yeux presque humides, lorsque Naïza lui demande de se joindre à ses côtés.
Cette rencontre intergénérationnelle remonte à 2019 lorsque l’équipe pédagogique décide de répondre à l’appel à projets intitulé « Bien manger, bien bouger » de l’agence régionale de santé (ARS) et de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) pour mener des actions nutritionnelles s’inscrivant dans le quatrième programme national nutrition santé. Après un petit retard à l’allumage en raison de la crise sanitaire, le dispositif débute réellement durant cette année scolaire.
Avec l’aide du centre communal d’action sociale, les étudiants identifient leur cible : des bénéficiaires en situation de précarité pour partager de la sensibilisation nutritionnelle sous forme ludique (pyramide alimentaire et assiette équilibrée), des ateliers culinaires et des activités sportives. « Nous nous sommes adaptés à leurs pathologies, nous avions des fiches spécifiques pour chacune d’elles », dévoilent, d’une seule et même voix, Naïda et Bachiroudine, respectivement âgés de 24 et 22 ans.
« Elles commencent à voir le changement »
Et le film retraçant les différentes actions du projet démontre bien l’ambiance de la cérémonie de ce mercredi 16 juin. Les rires fusent dans toute la salle à la diffusion des images, et plus particulièrement lors du passage des séances de fitness. « Au début, elles avaient du mal, elles n’arrivaient pas à toucher leurs chevilles », avoue Naïda. Un lointain souvenir, notamment grâce aux exercices de souplesse réalisés par « Monsieur Maou » de l’association Sport et Loisirs, qui reçoit un tonnerre d’applaudissements. « Elles peuvent tout reproduire à la maison, elles n’ont pas d’excuse », se permet le coach, quelques secondes avant de se faire alpaguer par trois mamans, désireuses d’immortaliser ces retrouvailles. Quelques semaines après la fin du projet, la rigueur est toujours de mise selon Naïza puisque certaines mères de famille se retrouvent encore aujourd’hui pour déambuler ensemble dans les rues de Bandrélé. « Elles commencent à voir le changement au niveau de leur corps. »
Même accueil pour « Madame Estelle », la diététicienne. Au menu des cours dispensés dans la cuisine familiale de l’établissement scolaire : un gratin de papaye verte, des rochers au coco, des sablés à la cannelle, du pilao au poulet, du kakamkou avec du riz jaune aux légumes ou encore du jus maison sans sucre ajouté… « Elles transmettent nos conseils dans leur entourage », se satisfait Bachiroudine, alias le chef cuisto de la bande d’étudiants. L’objectif de la démarche : diminuer les nutriments et privilégier la cuisson à l’eau pour jouir d’une bonne alimentation, trop souvent riche en glucides à Mayotte !
Un suivi avec les autres promotions
Contrat rempli pour les 2ème année de BTS économie sociale familiale. « En plus, ce projet, qui rentre dans le cadre de notre formation, nous a permis de mettre en pratique nos compétences théoriques », poursuit le jeune homme. Et pour s’assurer que ces bons plans perdurent dans le temps, toutes les mamans reçoivent un livret nutritionnel ainsi qu’une paire de chaussures de sport. De quoi ravir Hairati, qui s’imagine maintenant « apprendre à lire et à parler français ».
Mais surtout, Thaandhati espère « un suivi avec les autres promotions » pour que d’autres femmes comme elle puissent bénéficier de telles actions. « Pas de problème, mais il faut qu’il y ait une interaction », lui répond le proviseur, Joseph Buisan. Pas totalement convaincue, la mère de famille se précipite vers le recteur, Gilles Halbout, à la fin de la cérémonie pour échanger quelques mots en shimaoré. Avant de lui tomber dans les bras et de lui offrir une accolade et même une embrassade, illustrée par une trace de rouge aux lèvres sur le masque blanc du responsable de l’académie. Toute en vivacité !