Mayotte : les apprentis boulangers, cuisiniers et serveurs enfilent leur tenue

Jeudi, 38 apprentis boulangers, cuisiniers et serveurs en restauration du Greta-CFA de Mayotte ont chacun reçu leur tenue professionnelle, dans le cadre de leur contrat d’apprentissage. Une manière de consolider les choix professionnels de ces jeunes et dans celui de l’alternance. Au cours des deux prochaines années, ils vont mettre en pratique toute la théorie reçue au sein du lycée professionnel de Kawéni dans leurs entreprises respectives.

« Ces tenues que nous vous remettons aujourd’hui pour les deux prochaines années, c’est la preuve que le CFA vous fait confiance », introduit d’un ton patriarcal Jacky Mongodin, le responsable de la formation apprentissage, devant une quarantaine de futurs boulangers, cuisiniers et serveurs rangés par brigade dans le restaurant d’application. Un moment d’autant plus solennel qu’ils sont les premiers au sein de l’établissement du lycée professionnel à Kawéni à en bénéficier. Un cadeau de bienvenue rendu possible à la suite de la réforme du 5 février 2018, effective depuis le 1er janvier 2020 à Mayotte, « pour vous équiper », précise Dominique Bachelot, le proviseur. « Vous serez beaux, fiers et efficaces. »

Un par un, Nouriati, Mariame, Mohamed, Sami et tous les autres s’approchent de leur formateur pour se voir remettre veste, pantalon, tablier ou blouse, calots ou charlotte, mocassins… Tout un attirail synonyme « du sérieux de votre travail » dans le but de forger le respect des collègues de leurs établissements respectifs où ils vont une semaine sur deux mettre en pratique la théorie apprise sur les bancs de l’école. D’autant plus que dans ces milieux professionnels, souvent considérés comme ingrats en raison de la pénibilité des horaires et de la charge de travail, la rigueur et l’exemplarité prédominent. « À vous de les garder propres et pliés », insiste Jacky Mongodin, qui n’hésite pas à mettre la pression à ses apprentis pour qu’ils prennent conscience de ce coup de pouce financier, « de 200 à 400 euros en fonction des métiers ». Un montant que « vous n’aurez pas à sortir de vos poches », à l’inverse de leurs prédécesseurs.

Moyenne d’âge de 20 ans

Cette distribution est aussi l’occasion d’évoquer les bien-fondés de l’apprentissage, que peuvent toucher du doigt les 16-29 ans. Une manière de sortir la tête haute des filières générales, prisées par certains élèves et angoissantes pour d’autres. Et surtout d’offrir des opportunités concrètes à des jeunes « en rupture » et à ceux qui « sortent du collège » l’esprit barbouillé par le cadre scolaire classique. Toutefois, Jacky Mongodin recense « très peu de mineurs » dans ses rangs, puisque « la moyenne d’âge est de 20 ans ».

Pas question donc de comparer cette décision à un quelconque aveu de faiblesse, bien au contraire. Avec la formation en alternance, « vous avez une longueur d’avance dans le monde du travail par rapport à vos camarades », insiste-t-il, en rappelant que deux restaurants sur trois à Mayotte emploient un apprenti. Une remarque pertinente et motivante dans un territoire où le chômage frôle les 40% de la population active… « Mais ça va être dur pendant deux ans », prévient-il. Pour surmonter les épreuves qui les attendent, « nous serons à vos côtés pour pousser les portes et ouvrir les fenêtres pour résoudre vos problèmes ». Un message salué par un unanime « Oui, Monsieur ! » crié en choeur.

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