Entre les poussées de violence qui ont agité le nord de l’île il y a quelques jours et les derniers aménagements à peaufiner pour assurer le respect des gestes barrières, la rentrée s’annonce mouvementée.
C’est l’heure des derniers préparatifs. Mais alors que les quelques 100.000 élèves doivent reprendre le chemin de l’école ce lundi, de nombreuses inquiétudes et inconnues demeurent, sur fond de crise sanitaire et de poussées de violence. Cette semaine, c’était au tour des enseignants de faire leur pré-rentrée. Et certains ont fait l’amère expérience de retrouver des locaux pas tout à fait prêts. « Si l’école n’est toujours pas nettoyée lundi, moi je ne viendrais pas travailler ! », menace ainsi la maîtresse d’une classe de CP, à M’Gombani, en découvrant que l’établissement n’avait pas désinfecté depuis sa fermeture. Déjà, la ville de Mamoudzou a annoncé le report de la rentrée scolaire à l’école Doujani 2, au 31 août. En cause : une occupation illégale des locaux, et d’importantes dégradations et vols de matériels. Pas de retours en classes prévus non plus à l’école de M’tsangamouji 4 et à la maternelle du centre avant cette date, car les travaux de rénovation n’y sont pas terminés.
Il faut dire que les enjeux sont importants puisque la crainte d’une seconde vague plane sur cette rentrée. Or, le protocole sanitaire de l’Éducation nationale a été assoupli, surtout pour permettre à tous les élèves de retourner en classe. Impossible, dans les écoles déjà saturées de Mayotte, de limiter les groupes à 10 ou 15 élèves par classe, comme c’était le cas pour la reprise. Désormais, la distanciation physique d’un mètre n’est donc plus exigée, mais le port du masque reste obligatoire pour les adultes et les enfants de plus de 11 ans. Une décision qui inquiète en réalité les professionnels de l’éducation. « En revoyant les mesures de prévention à la baisse, le nouveau protocole sanitaire engage le risque de voir l’école contribuer à la relance épidémique et donc d’impacter à terme la possibilité d’accueillir les élèves en présentiel, au lieu d’organiser cet accueil de manière sécurisée, durable et pérenne », s’alarme ainsi la CGT Educ’Action.
Pas toujours de savon
Certes, des aménagements ont bien été entrepris pour permettre d’assurer le lavage des mains fréquent et le respect des gestes barrières. Pendant toutes les vacances, il a fallu charbonner pour installer des nouveaux sanitaires, récurer les locaux, livrer le savon. Mais des failles demeurent. À l’école primaire de M’gombani par exemple, l’une des trois du chef-lieu à avoir rouvert ses portes en juin pour deux semaines, la commune a bien installé quelques lavabos en plus. Mais l’enceinte manque toutefois toujours de sanitaires, au nombre de six pour 400 élèves. Et à côté des robinets, pas de trace de savon… Rien que sur la commune de Mamoudzou, 30% des points d’eau préconisés par l’ARS dans le cadre de crise sanitaire n’étaient pas encore opérationnels en milieu de semaine, même si la mairie assure travailler à pied d’oeuvre pour que tout soit prêt lundi.
La crainte des violences
Mais ce ne sont pas là les seules zones d’ombre de cette rentrée. Entre le risque d’une grève des transporteurs scolaires et les poussées de violence, qui ont éclaté le weekend dernier entre Majicavo et Kawéni, le retour en classe lundi prochain risque bien d’être tendu. Une rencontre entre le recteur et le commandant de la gendarmerie est d’ailleurs prévue pour mettre au point la politique de sécurité. Et les 39 agents des équipes mobiles de sécurité (EMS) de l’éducation seront postés aux abords des établissements dès lundi. Des dispositifs qui ne parviennent toutefois pas à rassurer parents comme élèves. « Sur la zone de Kangani jusqu’à Mamoudzou, les bus sont fréquemment caillassés, les chauffeurs sont agressés. Il faut donc qu’il y ait une vigilance très particulière sur ce circuit, quitte à mettre des gendarmes et policiers », insiste Haïdar Attoumani Said, le co-président de la Fédération du conseil des parents d’élèves (FCPE). Alors, prêts pour la rentrée ?
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