Le dispositif “école des parents” a fait sa rentrée cette semaine au lycée des Lumières Mamoudzou Nord. Il est destiné aux parents de Kaweni et ses alentours allant de Koungou jusqu’à la ville chef-lieu. Très volontaires, les parents inscrits ont l’espoir d’améliorer leur niveau en français.
Le salle F104 du lycée des Lumières à Kaweni a troqué ses lycéens habituels contre leurs parents le temps d’une après-midi. Plus âgés, plus volontaires et plus studieux, ils ont fait figure de bons élèves. Ils prennent le cours d’initiation à la langue française très au sérieux, tant l’enjeu est important pour eux. “Je me suis inscrit à ce cours car nous vivons dans une société, un pays, où il est nécessaire de parler français pour pouvoir vivre”, explique Isamel, 40 ans. D’autres souhaitent s’impliquer davantage dans la scolarité de leurs enfants. “Je ne comprends pas ce qui est écrit dans le carnet de mon fils ou quand ses professeurs m’appellent. Je suis obligée de me fier à lui alors qu’il peut me mentir. J’ai envie de savoir ce qu’il fait à l’école”, raconte Assanati, 52 ans. Cette dernière reflète la principale motivation de l’ensemble des parents. Pratiquement aucun d’entre eux n’a été à l’école républicaine, alors tous ont conscience qu’il faudra redoubler d’effort et s’investir dans ce cours. “C’est une première pour moi et je sais que ça va être difficile. Mais je suis motivée et je vais y arriver”, sourit, Zakia, 46 ans.
Ils peuvent compter sur l’implication de leur professeur Noor Omarjee, surpris par le nombre de parents qui ont répondu à l’appel. “Je m’attendais à avoir 10 personnes, je me retrouve avec 30. Mais c’est une bonne chose, parce que cela signifie qu’ils sont intéressés”, relativise le professeur de français du lycée des Lumières. En effet, la salle est bondée, et la situation n’est pas adaptée pour ce type de public. “Je suis face à des adultes non lecteurs. Pour apprendre le français, il est préférable d’être en petit comité”, rappelle l’enseignant. Ce problème ne serait qu’occasionnel puisque l’arrivée d’une autre enseignante la semaine prochaine devrait scinder la classe en deux.
Des niveaux différents
Ce groupe est marqué par la différence de niveaux entre les parents. Certains arrivent à écrire leur nom et prénom et à faire l’exercice demandé, alors que d’autres déchiffrent encore les lettres de l’alphabet. “C’est le premier cours alors c’est normal. Mais je vais les regrouper selon leur niveau et à partir de là, je pourrai faire de la pédagogie différenciée, c’est-à-dire apprendre l’alphabet pour les uns et faire des exercices plus poussés pour les autres”, explique Noor Omarjee. En attendant, les plus avancés n’hésitent pas à aider les autres, y compris l’enseignant qui peine à se faire comprendre par toute l’assemblée. Ses conversations avec ces élèves d’un autre genre peuvent prêter à sourire. Il parle français, alors que les parents répondent en shimaoré. “Est-ce qu’il y a un volontaire pour être mon traducteur ?”, demande-t-il rempli d’espoir. Fort heureusement, un homme accepte de jouer le rôle, et cela permet aux parents d’être plus à l’aise. Cependant, lors des inévitables présentations, l’appréhension fait son apparition. Les parents inspirent et expirent fortement avant de prendre la parole, certains ont du mal à cacher leur stress, mais ils arrivent tous à balbutier quelques mots. “Ça a été dur pour moi de parler, mais ce n’est que le début, je sais que je vais m’améliorer”, espère Assanati.
Un cours utile à la vie au quotidien
Ce cours de français a un objectif bien précis : celui de faciliter la vie des parents d’élèves, notamment lors des démarches administratives. “Nous allons travailler sur des choses très concrètes. Nous allons leur apprendre à remplir un document administratif ou un chèque par exemple pour que cela leur serve dans la vie de tous les jours”, détaille le professeur. Il participe à ce dispositif depuis l’année scolaire 2019-2020, et selon lui, il est de son devoir de s’impliquer d’une certaine manière à l’évolution de ces parents. “C’est notre mission dans l’Éducation nationale d’aider les personnes désireuses d’apprendre le français”, rappelle-t-il. Il espère que ce dispositif sera bénéfique au village de Kaweni à l’instant où les habitants sentiront que le lycée leur est utile. Une chose est sûre, le cours est fortement apprécié par les parents qui partent tous satisfaits et souriants. “J’ai hâte de revenir la semaine prochaine”, clame l’un d’entre eux.
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