Ce lundi à Tsoundzou 1, tout le monde reprenait un peu le chemin de l’école. Et pour marquer le coup, le maire de Mamoudzou avait organisé une rentrée scolaire haute en couleurs à l’école primaire Foundi Adé, en présence du préfet Jean-François Colombet, fraîchement revenu de congés, et du recteur Gilles Halbout. L’occasion de faire le tour des nouvelles installations… et de saluer la réussite de cette rentrée un peu particulière, Covid-19 oblige.
Dès 13h20, une importante délégation patiente déjà en rang d’oignon devant les voitures garées du parking. Le petit gratin composé d’élus et de personnels d’administration profite d’un laps de temps en attendant le délégué du gouvernement et les derniers arrivés, pour enfiler les colliers de fleurs et reprendre des nouvelles. Quelques minutes plus tard, la voiture du représentant de l’État tourne finalement au bout de la rue. “Là, tout le monde est là !”, tape des mains le recteur Gilles Halbout, satisfait. La fine équipe, masques sur le nez et colliers autour du cou, peut alors entamer le tour du propriétaire.
Pause lavage de mains réglementaire
Et c’est du propre ! En haut des escaliers qui mènent à la cour, une première rangée de lavabos flambant neuve accueille les nouveaux arrivants. En tout, quatre nouvelles installations de ce type, préconisées par l’agence régionale de santé pour garantir le respect des gestes barrières, ont été disséminées dans l’établissement. La délégation passe son chemin pour s’arrêter dans une première salle. Les “bonjour les enfants” fusent de toutes parts avec des grands coucous de la main, mais la petite classe reste bien silencieuse, un peu intimidée par ces démonstrations. Sur le chemin du retour, premier stop aux lavabos, où des écoliers frottent vigoureusement leurs mains sous le regard avisé d’une accompagnatrice et les flashs crépitants des appareils photos. ”Là s’il y a un virus qui a résisté !…”, s’amuse le recteur devant l’application d’un enfant, arraché de la cour de récré pour un lavage des mains d’école.
Le choix de l’école
Ici, tout le monde est un peu bon élève. Il faut dire que le choix de cet établissement pour inaugurer la rentrée n’est pas complètement anodin. “J’ai demandé aux services de faire des propositions et c’est vrai que je suis aussi du village”, sourit d’abord le nouveau maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. Mais c’est aussi l’un des établissements qui a rouvert ses portes après le confinement pour deux semaines. “Oui, et pendant les vacances scolaires, une quarantaine d’enseignants sont restés mobilisés pour le dispositif des vacances apprenantes”, ajoute l’édile. Autant de bons points qui lui ont permis de gagner un cran d’avance sur d’autres établissements, moins chanceux. Comme par exemple Doujani 2, encore en travaux et qui n’a pas pu rouvrir ce lundi à cause des dégradations qu’elle a subies. “Doujani 2 ? Elle fait partie des premières écoles à être construites dans la commune !”, s’exclame le maire. “Donc il a fallu faire une rénovation totale, des plafonds, de la peinture…”. En comparaison, Foundi Adé est toute jeune. “On y a mis les pieds la première fois il y a trois ans, donc au niveau des sanitaires tout était déjà bien en place, il y avait déjà ce qu’il fallait pour le savon etc.”, explique la directrice du groupement scolaire.
Encore plusieurs défis pour la rentrée
Pour les établissements moins récents ou moins dotés qui n’ont pas encore pu rouvrir, le recteur se veut toutefois rassurant. “Il y a en effet encore une grosse quinzaine d’établissements fermés, mais les commandes sont passées et les travaux sont bientôt finis”, fait-il valoir. Quid des écoliers concernés ? “Nous allons faire un accompagnement, et pour les deux écoles qui doivent ouvrir dans deux semaines (à Kani-Kéli et Miréréni NDLR), nous allons lancer la continuité pédagogique”, développe-t-il en référence à l’enseignement dispensé à distance qui a déjà permis de limiter la casse scolaire pendant le confinement.
Mais d’autres défis pourraient bien assombrir le retour sur les bancs de l’école des quelque 100.000 élèves de l’île. La problématique du manque d’eau a déjà été identifiée, et le rectorat s’est procuré des citernes pour les écoles du premier degré, qui leur donnent 24h d’autonomie en cas de coupure. Quant à la grève des transporteurs, qui a empêché certains élèves de se rendre en classe ce matin “nous suivons cela avec attention, en restant en lien avec le conseil départemental”. Pour l’instant, des solutions ponctuelles ont été trouvées avec des sous-traitants. “Pour certains élèves, il y a donc eu zéro impact”, insiste Gille Halbout.
Enfin, sur les violences qui ont poussé certains élèves à exprimer leur inquiétude de revenir à l’école, notamment depuis les heurts entre Majicavo et Kawéni, rectorat comme préfecture assurent mettre les bouchées doubles. “C’est le plus important dispositif qu’on ait jamais mis en place à Mayotte, avec une présence dans les autocars, une sécurisation des hubs, une présence à proximité des lycées et des collèges et autour des itinéraires de transport scolaire”, déroule Jean-François Colombet. Et de conclure : “c’est vrai qu’on m’en avait parlé, de cette rentrée sous tensions. Mais finalement elle a été parfaitement préparée. Très belle journée, très sereine”.
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