Le rectorat, la préfecture, et le monde économique ont rendu visite aux élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) à Kawéni. Une façon de valoriser les filières professionnelles, et d’attirer de nouveaux apprentis.
Ils font leurs armes chez Sodifram, Distrimax ou encore à la Maison du Livre. Ce mercredi, une vingtaine d’élèves du CAP Équipier polyvalent du commerce (EPC) du Lycée polyvalent de Kawéni étaient mis à l’honneur à l’occasion d’une visite tripartite rectorat, préfecture, et monde de l’entreprise. “C’est bien de valoriser la section EPC, souvent dans l’apprentissage, on préfère l’hôtellerie, la restauration…”, souligne leur enseignante Véronique Thébault. Au cours de leur formation, ces employés en devenir apprennent à manier les ficelles de la vente, de l’accueil client, à la caisse, en passant par la préparation des bons de commandes.
200 spécialités en France
En formation initiale de deux ans après la classe de Troisième, ou en formation continue, le certificat d’aptitude professionnelle (C.A.P.) offre une qualification d’ouvrier ou d’employé qualifié dans un métier déterminé. En France, il existe près de 200 spécialités dans les secteurs industriels, commerciaux et des services. “L’apprentissage, c’est la rencontre et la transmission des compétences, d’un métier, d’une passion. Vous allez sortir d’une filière d’excellence”, salue le chef d’entreprises et président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976 Charles-Henri Mandallaz, venu à la rencontre des élèves aux côtés de Marcel Rinaldi, lui aussi entrepreneur à Mayotte. “Mais la formation ne se limite pas à votre examen, il y aura un parcours professionnel pour évoluer dans vos carrières. Et nous, les employeurs, nous sommes la clé de cet emploi : nous vous formons, nous vous intégrons et nous avons tout intérêt à vous garder dans l’entreprise”, développe-t-il.
400 apprentis à Mayotte
À Mayotte, ce sont pas moins de 400 apprentis qui sont formés sur les bancs des différentes filières professionnelles de l’île. “Il y a quatre ou cinq ans, nous en avions une grosse centaine, et nous espérons frôler les 500 l’année prochaine”, précise le recteur Gilles Halbout. Tant mieux ! Car cette visite était aussi l’occasion pour les élèves de faire remonter leurs doléances. Parmi elles, le manque de places dans le CAP a notamment été rapporté par Kaissoiria Abdallah. Déjà passée par le CAP Petite enfance, l’apprentie a dû batailler pour obtenir son inscription dans la filière EPC. “J’ai su à la dernière minute que j’étais prise, ils m’avaient dit de trouver d’abord une entreprise, mais sans me garantir une place”, explique la jeune femme de 21 ans.
Son autre souhait ? Pouvoir évoluer en métropole après ses deux ans de CAP. “Là-bas, ils ont plus de magasins, de grandes boutiques. J’ai pas envie de rester dans la même entreprise tout le temps”, ajoute-t-elle. Entre les cours théoriques dispensés au lycée et leur semaine en entreprise, Kaissoiria et ses camarades disposent toutefois de toutes les clés pour apprendre au mieux le métier, sans sortir du département. Le plus ? La formation ne se limite pas au CAP, et les élèves du LPO ont la possibilité de poursuivre leur cursus en Bac pro et en BTS. “Il s’agit de l’une des filières où nous avons la continuité pédagogique, et ce, depuis cette année”, explique Véronique Thébault. Selon ses comptes, la moitié des 2ème année comptent déjà s’orienter vers le Bac pro.
Le privé dépasse le public, une première
Un signal positif pour le développement du territoire. “Pour la première fois, le nombre de salariés du privé a dépassé celui du public. Mayotte va se développer grâce à la création de richesses et la création d’entreprises. Et vous avez justement fait ce choix de créer de la richesse”, félicite le sous-préfet et secrétaire général adjoint de la préfecture Jérôme Millet. “Le conseil départemental, l’Etat, nous ne pourrons pas absorber toute la jeunesse”, martèle-t-il. D’après les derniers chiffres de l’INSEE publiés ce mercredi, la création d’entreprises a dépassé le record déjà franchi en 2019, et ce, malgré la crise sanitaire : 1.353 structures ont vu le jour en 2020, soit 33% que l’année précédente.