Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et Charlotte Caubel, la secrétaire d’État en charge de l’enfance, ont été accueillis ce mardi matin au lycée de Tsararano par l’équipe éducative ainsi que le recteur Gilles Halbout. L’accent a été mis sur les projets innovants de l’établissement scolaire ainsi que sur la volonté de son équipe d’en faire un établissement d’excellence.
Mardi. 10h30. Première arrivée sur le site du lycée polyvalent de Dembéni (en réalité situé dans le village de Tsararano), Charlotte Caubel, la secrétaire d’État en charge de l’enfance, attend son collègue et ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Présents à ses côtés, le recteur, Gilles Halbout, le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, ainsi que la députée, Estelle Youssouffa, profitent de ces quelques minutes pour lui annoncer que l’établissement accueillera, dès cette rentrée 2022, certaines nouvelles filières universitaires.
En effet, le centre universitaire de Dembéni manque de place pour déployer pleinement ses compétences de créations de filières alors même que Mayotte a grand besoin de développer son offre en termes d’études supérieures. « Il est important que les étudiants mahorais puissent se former sur leur île car, en métropole, ils souffrent souvent d’un isolement et d’un décalage culturel engendrant une souffrance psychique nuisible à leur réussite », insiste la parlementaire. Autre problématique ? La « fuite des cerveaux » ! « Beaucoup ne reviennent plus à Mayotte par la suite. Or, nous avons besoin de jeunes talents pour construire notre territoire. »
Accompagner les élèves sur le chemin de l’excellence
Des propos appuyés par Gilles Halbout qui affirme que Mayotte possède déjà de beaux établissements scolaires et que les opérations se poursuivent afin d’accueillir les élèves dans de meilleures conditions, tout en développant les filières d’enseignement supérieur. Étant donné la démographie galopante de l’île, ces constructions s’avèrent indispensables : le LPO de Dembéni, prévu pour accueillir 1.100 élèves, en accueille en réalité 2.300… Et c’est malheureusement le cas de l’écrasante majorité des établissements scolaires du département ! En réponse, Charlotte Caubel explique qu’il est possible de faire en sorte d’avoir « de la place pour tout le monde ». À voir si ces paroles seront suivies des investissements nécessaires pour concrétiser cette vision optimiste de l’avenir…
En dépit d’un nombre croissant d’inscrits, le responsable de l’académie martèle l’importance de sécuriser les parcours d’excellence pour « les élèves qui ont de l’appétence ». Une vision séduisante pour Ben Issa Ousseni, avide d’accompagner les jeunes talents dans le but de changer l’image de la jeunesse de Mayotte. Afin de tirer tout le monde vers le haut, le proviseur du LPO de Dembéni généralise d’ailleurs cette année le dispositif « école ouverte », se déroulant pendant les écoles scolaires, à l’ensemble des élèves et non plus seulement aux internes. « Je crois profondément au potentiel de la jeunesse mahoraise », glisse-t-il à Charlotte Caubel. Raison pour laquelle, il espère que son établissement scolaire, le premier à Mayotte à posséder un « internat d’excellence », pourra en inspirer d’autres dans les années à venir. Les élèves en difficulté et/ou en situation de handicap ne sont pas oublié pour autant et l’équipe éducative met en place de nombreux projets pour les épauler au mieux dans leur scolarité.
En communication avec des élèves métropolitains
Direction ensuite le centre de documentation pédagogique de Mayotte, installé dans les locaux du LPO de Dembéni. Au sein de cette structure, les professeurs peuvent emprunter ou acheter des ouvrages ainsi que des jeux pédagogiques, dont certains sont même édités sur place grâce à la présence d’une petite imprimerie. Autres missions : l’organisation régulière d’expositions, en ligne ou en présentiel, mais aussi l’éducation aux médias, sous l’égide du directeur, Éric Michaeli, à l’origine d’un projet radiophonique pour permettre aux lycéens de communiquer avec d’autres jeunes scolarisés dans la Perche.
Une initiative présentée avec enthousiasme par un groupe d’élèves à Gérald Darmanin. « J’ai été ravie d’y prendre part car je suis quelqu’un qui a soif de parole et je trouve intéressant de pouvoir parler de Mayotte à des métropolitains », confie par exemple une jeune fille au ministre avec une assurance et une fluidité linguistique forçant l’admiration. Mais ce n’est pas tout. Une telle distance avec l’Hexagone a également pour intérêt de travailler sur les notions de citoyenneté en abolissant les frontières invisibles, qu’elles soient géographiques ou socio-culturelles. « Ce projet motive beaucoup les élèves et même ceux qui sont en déshérence finissent par s’y accrocher », souligne avec fierté l’enseignante en charge au principal intéressé.
Dernière étape : la visite des locaux de l’internat d’excellence, qui abrite régulièrement des volontaires du service national universel (SNU), encadrés par des membres de la gendarmerie. L’occasion pour le général Olivier Capelle de qualifier ce système de véritable « école de la 2ème chance » pour les élèves en décrochage scolaire.
Malgré l’absence d’annonces de la part de la délégation ministérielle, cette visite leur permet de se rendre compte de la motivation du personnel de l’Éducation nationale pour tirer Mayotte du marasme éducatif dans lequel elle se trouve depuis de nombreuses années. Valoriser les jeunes talents et les accompagner sur le chemin du succès : voilà en somme l’un des grands projets du rectorat de Mayotte qui, tout comme le conseil départemental, œuvre pour changer l’image souvent négative de la jeunesse de l’île.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.