Contre l’insécurité grandissante ces derniers jours, le corps enseignant a décidé de se mobiliser. Si plusieurs professeurs du lycée des Lumières, à Kawéni, Mamoudzou, ont décidé de se mettre en grève, ils étaient plusieurs de différents établissements à manifester devant le rectorat de Mayotte, ce mardi, pour demander qu’on assure leur sécurité et celle des élèves.
Ils étaient une quarantaine d’enseignants de différents établissements à 10h, ce mardi, devant le rectorat pour manifester leur inquiétude. Depuis lundi, plusieurs professeurs du lycée des Lumières ont entamé une grève et ont demandé au recteur de fermer leur établissement jusqu’au 16 décembre. En cause, l’insécurité grandissante de ces derniers jours, avec notamment le meurtre par balle d’un jeune homme à Kawéni. « Nous, les professeurs, qui venons souvent de métropole, nous sommes généralement plus choqués par la violence que les élèves, qui y sont malheureusement habitués. Mais là, de plus en plus de jeunes nous confient qu’ils craignent pour leur sécurité », relate une professeure du lycée des Lumières, qui nous confie que ces derniers temps, ses classes ne sont qu’à moitié remplies certains jours, à cause du climat de peur. Une atmosphère qui, elle l’admet, lui font réfléchir à l’option de partir : « Les élèves sont notre première source de motivation pour rester ».
Le taxi plutôt que le bus
Si l’enceinte du lycée est sécurisée, ce sont ses abords qui posent problème. « Les jeunes sont méritants, certains se démènent pour payer un taxi et venir en sécurité en cours, car ils se sentent en danger dans les bus », constate un autre professeur du lycée situé à Kawéni, Mamoudzou, qui a l’impression que rien de durable n’est fait pour assurer la sécurité du personnel et des élèves sur les trajets pour l’école.
Ces conditions poussent les syndicats CGT Éduc’Action Mayotte et SNUEP-FSU Mayotte à demander un plan d’urgence pour lutter contre l’insécurité, en s’attaquant au fond. « On sait que le moyen de lutter contre cette violence c’est de mettre les moyens dans l’éducation, dans les infrastructures adaptées, dans les services publics pour enrayer cette spirale de l’enfoncement qui nous amène vers le néant », déclare Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Éduc’Action. « L’ensemble des personnels se rend sur son lieu de travail avec la peur au ventre, ce n’est plus supportable. » Le syndicat a également voulu porter les revendications qu’il porte plus généralement, à savoir une revalorisation des salaires et des pensions, la titularisation de davantage de contractuels ou encore la lutte contre la réforme de la voie professionnelle. Des mesures nécessaires au bon fonctionnement du système d’enseignement, selon la CGT, et qui contribueraient donc à freiner la violence.