La philosophie, matière obligatoire en terminale, est coefficient 4 au baccalauréat. Le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, est venu tâter le terrain au lycée Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Alors que les élèves se sont préparés toute leur dernière année de lycée, le coup d’envoi de l’épreuve de philosophie était lancé à 9 h, ce mercredi 14 juin.
Au lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou, le stress des épreuves du baccalauréat se fait profondément ressentir. Des discussions autour des sujets qui peuvent tomber retentissent dans les petits groupes d’élèves assis, qui attendent que les épreuves commencent. Les fiches de révision et livres sont dans les mains de tous les élèves. Devant la salle 306, les surveillants viennent récupérer les copies et brouillons avant de se rendre dans leurs salles.
Salim, élève de terminale, ne semble pas inquiet : « Je suis bien je pense, je ne veux pas que l’art tombe par contre, c’est la thématique la plus compliquée et je ne l’ai pas révisée », rigole-t-il. Célina, Yasmina, Mounaidati et Salama, un groupe d’amies, sont au contraire angoissées. « J’ai peur, je stresse parce que je n’écris pas très bien français, explique Célina. J’espère vraiment que le temps, l’art et la religion ne tomberont pas. »
« Savoir structurer sa pensée »
Les élèves se dirigent à leur tour vers leurs salles où ils disserteront pendant quatre heures. « N’oubliez pas la méthode ! C’est le plus important », s’exclame un des professeurs en montant les escaliers. Argument partagé par le recteur, Jacques Mikulovic, venu voir les élèves avant leurs épreuves : « L’épreuve de philosophie selon moi, c’est avant tout une épreuve de méthodologie, de savoir structurer sa pensée. Une fois qu’on a cette technique-là, on peut l’adapter au sujet avec quelques connaissances qui viennent illustrer leurs argumentations ».
Dans la salle numéro 5, le recteur vient prendre la température. L’ambiance est tendue, l’atmosphère pesante, à cause de l’anxiété des futurs bacheliers. Les élèves se lancent des regards lorsque le recteur ouvre la poche contenant les sujets. Les feuilles se retournent, pour dévoiler deux sujets de dissertation et un de commentaire. Pour les dissertations, au choix : « Le bonheur est-il affaire de raison ? » ou « Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ? ». Un extrait de la Pensée sauvage de Lévi-Strauss est le texte que les élèves auront à commenter cette année.
« Ça me rappelle ma jeunesse, les sujets sont intéressants pour nos jeunes », dit en souriant Jacques Mikulovic, une fois sorti de la salle. Il est confiant sur le fait d’avoir un bon taux de réussite sur cette épreuve de philosophie, bien que cette matière soit appréciée par peu d’élèves. « J’espère que cette épreuve sera un grand succès à Mayotte, affirme le recteur, c’est important qu’on puisse rivaliser à l’échelle nationale. Il faut que les Mahorais aient confiance en ce système. Ils ont toutes les clés en main. »
Le début de l’épreuve lance un silence presque parfait et les couloirs, déserts pour les quatre prochaines heures, donnent un air de vacances au lycée de Younoussa Bamana.