Pour faire face aux besoins importants dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap et/ou de perte d’autonomie à Mayotte, le conseil départemental a organisé un séminaire sur le développement du médico-social dans le département. Pour le rectorat, il s’agit tout d’abord de « renforcer » les collaborations afin de proposer des réponses adaptées au profit des jeunes accompagnés.
Au mois d’octobre dernier, le gouvernement a lancé une grande concertation à propos de l’école inclusive afin d’évaluer la capacité des établissements scolaires à accueillir les élèves porteurs de handicap. Lors de son intervention dans l’hémicycle Younoussa Bamana lundi, Azzedine Frahetia, inspecteur de l’Éducation nationale en charge de la scolarisation des élèves en situation de handicap à Mayotte, est revenu sur les enjeux de la collaboration entre le rectorat de Mayotte et le secteur médico-social. « On nous demande, à nous acteurs du médico-social et de l’Éducation nationale, de viser l’inclusion des jeunes, ce qui se traduit concrètement par ce que je qualifierais de +désinstitutionalisation+ des établissements médico-sociaux« .
Pour le rectorat, il y a également une volonté d’intégrer les jeunes porteurs de handicap dans les écoles lambda. »Nous appelons cela des unités d’enseignements. […] Aujourd’hui, la politique est de faire scolariser ces jeunes à l’extérieur de l’établissement médico-social, dans les établissements scolaires ordinaires« , précise l’inspecteur de l’Éducation nationale.
Or, à Mayotte, les professionnels sont confrontés à un problème d’adaptation des établissements. « La réalité du département nous rattrape assez vite. Tout l’enjeu pour le rectorat, avec la collaboration des établissements médico-sociaux, est de trouver des lieux d’implantation d’unité externalisées afin de permettre à des enfants scolarisés en IME de bénéficier de l’inclusion scolaire. Nous allons s’atteler à y travailler ces prochaines années« , confirme l’inspecteur Azzedine Frahetia.
« Prévention et dépistage dès le primaire »
Il faut également faire face au déficit de place dans les établissements, amplifié par l’expansion démographique « galopante » de la population mahoraise. Pour endiguer ce phénomène, le président de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)** de Mayotte, Ali Debré Combo, a évoqué lundi matin une démarche de « réponse accompagnée pour tous ». L’objectif est de proposer une solution individualisée à chaque personne, ce qui nécessite un partenariat fort entre les acteurs du médico-social et les personnels de l’Éducation, afin d’identifier au mieux les besoins des personnes. Les évolutions attendues portent sur l’organisation des institutions concernées, les pratiques professionnelles, les coopérations et échanges d’informations entre les acteurs concernés.
Autre point à améliorer : le dépistage des cas de handicap ou de perte d’autonomie chez les plus jeunes. Tests psychotechniques, évaluant l’agilité et les réflexes, doivent ainsi permettre de déceler les éventuelles difficultés des écoliers. « Nous avons 1,1% de jeunes bénéficiant d’un Projet personnalisé de scolarisation (PPS) – acte écrit qui sert à définir les besoins particuliers d’un enfant en situation de handicap au cours de sa scolarité – donc reconnu par la MDPH, alors qu’en métropole ce pourcentage s’élève à 2,2%« . Un écart qu’une bonne information et une plus grande sensibilisation pourrait réduire, selon Azzedine Frahtia. Pour ce faire, l’académie de Mayotte a créé un protocole d’expérimentation de dépistage des jeunes dès la grande section de maternelle. « Nous avons prévu de l’évaluer le 12 avril prochain afin de voir si cette expérimentation est concluante. Si elle l’est, elle sera généralisée l’année prochaine« , annonce l’inspecteur de l’Éducation nationale. « Ce dépistage doit arriver le plus précocement possible pour que ces jeunes n’aient pas un parcours de scolarisation chaotique. Nous voulons l’organiser dès le primaire« .
* Le secteur médico-social est un ensemble de services et d’établissements intervenant sur l’ensemble des parcours de vie, avec un suivi et un accompagnement des enfants et des adultes en situation de handicap ou d’exclusion sociale.
**Le transfert de la MDPH au rectorat est acté. Son budget est d’ores et déjà transféré dans le budget de l’Éducation nationale.
Rectorat : les projets 2019 dans le médico-social
Un IME de 54 places et une extension du Diat (Dispositif expérimental d’accueil temporaire) de 20 places sont en cours de réalisation. « L’Éducation nationale va accompagner cette création. À l’heure actuelle, je ne connais pas le nombre de postes d’enseignants qui seront mis à disposition. Il appartient à l’ARS (Agence régionale de santé) de saisir le rectorat sur ce sujet« . En outre, le rectorat souhaite poursuivre ses formations à destination des enseignants spécialisés sur les questions de handicap. « Nous avons 42% d’enseignants titulaires du Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive (Cappei) à Mayotte, ce qui est tout à fait honorable. Nous allons essayer d’augmenter ce pourcentage« . L’ambition, pour le rectorat, est d’arriver à une couverture de 80% sur les cinq prochaines années, « ce qui serait tout à fait remarquable pour notre territoire« .
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