Le baccalauréat mis à l’épreuve

Après de nombreuses spéculations concernant les modalités du baccalauréat de cette année, le ministre de l‘éducation nationale et de la jeunesse a finalement levé le mystère vendredi dernier. Le contrôle continu est l’unique option retenue. Un soulagement pour le recteur de Mayotte et les syndicats.

“Il n’est pas possible que les élèves puissent passer le baccalauréat dans les conditions qui étaient celles des années précédentes”, annonce d’emblée Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Le ton est lancé : les différents examens prévus cette année auront comme un goût d’exception. Environ 2 100 00 candidats sont concernés sur toute la France, à Mayotte ils avoisinent les 12 500. Une solution rapide et efficace était donc de rigueur. Jean-Michel Blanquer a décidé que l’obtention du baccalauréat, et de tous les autres diplômes, sera validé en contrôle continu. La solution mixte qui consistait à faire passer comme à l’accoutumé certaines épreuves aux élèves et de faire passer le reste en contrôle continu a dans un premier temps été envisagée. Cependant le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse a l’a écartée car il “ne peut pas garantir la tenue des épreuves écrites et la situation est encore incertaine”. En effet, il est encore très prématuré d’assurer une date exacte de la reprise des cours même si la période du début du mois de mai est très souvent évoquée. “À l’heure actuelle ce n’est qu’une hypothèse” rappelle le ministre.

Cette annonce a sonné comme un soulagement auprès du recteur de Mayotte. “C’est ce qu’on espérait parce que le contrôle continu va nous permettre de travailler dès la fin du confinement. La préparation des examens déstabilise les cours normaux, on aurait perdu du temps alors que les élèves ont déjà perdu des semaines de cours”, explique Gilles Halbout. La Fédération des Conseils de Parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) est également satisfaite de la décision. “Cette solution, sans doute imparfaite, était à notre sens la moins mauvaise” indique-t-elle dans un communiqué.

Des exceptions à l’exception

Le contrôle continu est cependant soumis à certaines conditions. Toutes les notes des trois trimestres seront comptabilisées à l’exception de celles obtenues pendant la période de confinement “parce que tous les élèves ne sont pas logés à la même enseigne” précise le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Le ministère a donc pris en compte le fait que tous n’ont pas l’appui ou le matériel nécessaire à la maison pour assurer une continuité pédagogique. Et une fois de plus, c’est une décision que salue le recteur de Mayotte. Ici, probablement plus qu’ailleurs en France, une partie des élèves n’a pas accès à internet en dehors des établissements scolaires. Le contrôle continu sera très étroitement lié à l’assiduité des élèves. Si habituellement en France les mois de mai et juin sont synonymes de souplesse, ça ne sera pas le cas cette année. “On doit s’assurer qu’il y ait un maximum de semaines de cours après le confinement afin de rattraper les semaines de cours perdus actuellement”, développe Jean-Michel Blanquer. Les concernés devront donc aller à l’école jusqu’au 4 juillet, date officielle des vacances, s’ils veulent avoir leurs diplômes. Gilles Halbout ne s’inquiète pas pour les élèves mahorais sur ce point, “Ils sont beaucoup plus assidus que dans certaines académies en métropole donc il n’y a pas de soucis à ce niveau.”

Un jury d’harmonisation sera également mis en place et son rôle est crucial. Il garantira l’égalité de chances parmi tous les élèves. Le ministre explique qu’il aura pour mission d’“étudier les livrets scolaires, valoriser l’engagement, le progrès de l’élève et garantir

l’équité entre les candidats.” La FCPE porte tous ses espoirs sur cette commission d’harmonisation. “Il vont devoir prendre en compte le fait que les notations des 1er et 2e trimestres n’avaient pas pour objectif l’obtention du diplôme. Nous leur demandons une bienveillance accrue, en particulier pour les élèves qui manquaient d’assiduité compte tenu du contexte social du pays depuis décembre.”

“Ce bac sera un véritable bac”

Dans ce grand chamboulement, une épreuve est cependant maintenue, provoquant l’incompréhension de certains. Les élèves de première passeront bien l’épreuve orale du bac de français, avec cependant moins de textes que prévus. “Les élèves prennent une après-midi pour passer l’oral puis retournent en cours. On n’arrête pas de travailler pour cette preuve”, justifie le recteur de Mayotte. Les sessions de rattrapages du baccalauréat auront également lieu. Les candidats qui obtiendront une moyenne comprise entre 8 et 10 pourront se rattraper en juillet comme les années précédentes. Et la session de septembre habituellement consacrée aux élèves ayant été malades durant l’année scolaire sera également ouverte “aux candidats libres et aux élèves ayant obtenu moins de 8 de moyenne sous autorisation du jury d’harmonisation”, souligne Jean-Michel Blanquer.

Toutes ces mesures seront appliquées dans toute la France et les lycées français de l’étranger. Depuis la création du bac en 1808, les épreuves n’ont jamais été annulées, alors l’enjeu est majeur. Le ministre n’a qu’un seul objectif, “garantir la qualité et l’équité du baccalauréat. Ce bac sera un vrai bac.”

 

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