De ce lundi 12 au vendredi 16 septembre, une vingtaine d’entreprises réunionnaises dans des secteurs divers et variés effectue un déplacement à Mayotte sur la thématique de la coopération économique régionale entre les deux départements d’Outre-mer. Le but : nouer et pérenniser des partenariats, et favoriser les relations et les échanges. Entretien avec Laurent Lemaitre, le président du Club Export Réunion depuis quatre ans.
Flash Infos : Le Club Export Réunion organise sa première mission collective à Mayotte. Qu’est-ce qui vous a décidé à venir passer cinq jours dans le 101ème département ?
Laurent Lemaitre : Cela fait plusieurs années que nos adhérents nous poussent à organiser une mission à Mayotte. À la suite de la crise sanitaire, nous nous sommes dit que c’était le bon moment pour nous y rendre. L’objectif de ce déplacement est de favoriser les relations économiques des entreprises entre La Réunion et Mayotte. Même si nous parlons de deux départements français et que nos deux territoires ne sont pas liés par l’exportation, nous avons des relations existantes ! Nous pensons que de multiples opportunités peuvent émerger de ces deux côtés de l’océan Indien.
FI : De nombreuses entreprises réunionnaises se trouvent déjà à Mayotte et participent à la forte croissance du département. Quelle est leur stratégie pour continuer sur cette lancée ? Et comment est-il possible de resserrer davantage les liens entre les deux îles ?
L.L. : La meilleure stratégie économique de fonctionnement à adopter consiste tout simplement à travailler ensemble, en dehors des aspects politique et administratif, c’est-à-dire de mener des projets en commun, de participer à la création d’entreprises… Ce renforcement tel que nous l’imaginons ne peut que favoriser le développement des entreprises mahoraises.
Vous savez, la typologie des projets qui sortent actuellement de terre à Mayotte intéressent grandement les multinationales installées en métropole. C’est très bien sur le papier, mais il faut surtout que cette entente économique reste favorable aux sociétés mahoraises. Et nous considérons que les entreprises réunionnaises sont les plus à même de [la] pérenniser puisque l’idée est d’ouvrir nos portes à nos voisins mahorais.
De nombreux entrepreneurs mahorais ont de la famille à La Réunion et multiplient les aller-retours entre les deux îles. Cela démontre bien que cette coopération existe déjà. Il suffit de l’améliorer et de la faire fructifier pour qu’elle soit bénéfique à tous. Après bien sûr, cela dépend également de la volonté de l’État…
FI : Vous expliquez que votre méthode d’approche économique se transporterait bien à Mayotte. En quoi consiste-t-elle ?
L.L. : Nouer toujours plus de partenariats ! C’est tout l’objet de notre visite : trouver des partenaires locaux qui puissent concrétiser des projets seuls ou à plusieurs afin de s’implanter durablement sur Mayotte et La Réunion. C’est le meilleur moyen de consolider nos liens économiques et de participer mutuellement à l’essor de nos territoires respectifs.
Le 101ème département a la chance d’être en plein développement. Dans une telle phase de croissance, les besoins en compétences pour se structurer sont indispensables. À la différence de la métropole, nous pouvons apporter cette expertise pour la simple et bonne raison que nous connaissons la réalité du terrain, les contraintes liées au fret, aux importations, à l’octroi de mer… À mon sens, ce rapprochement entre nos deux îles sonne comme une évidence. Nous pouvons parfaitement avancer dans le même sens.
Un programme intense pour « connaître le niveau de maturité des entreprises mahoraises »
Au cours des quatre prochains jours, la délégation du Club Export Réunion ne va pas chômer. Dès son arrivée ce lundi 12 septembre, une présentation du territoire est organisée par la préfecture du 101ème département, en présence de Maxime Ahrweiller, la secrétaire générale pour les affaires régionales, de Nadia Alibay, la directrice adjointe de l’IEDOM, de Patrick Oudin, le responsable du service Entreprises de la DEETS, d’Olivier Kremer, le directeur de la Deal, et de Feyçoil Mouhoussoune, le président du cluster Mayotte in Tech. « C’est une façon de nous sensibiliser sur la micro-macro, de découvrir les besoins et les thématiques d’avenir qui peuvent intéresser les entreprises réunionnaises par rapport à leur savoir-faire », dévoile Sandrine Adolphe, la responsable du développement international du club.
Au programme également : des rencontres B to B (business to business) et des visites du Data Center, de la Laiterie de Mayotte, de Panima et de AVM (abattoir de poulet) « pour connaître leur niveau de maturité ». L’aspect logistique a fait que ces secteurs d’activités ont été privilégiés. Les entreprises réunionnaises vont au cours de ce déplacement échanger avec une dizaine de leurs consoeurs mahoraises.