Cette semaine, la découverte des langues vivantes est vivement encouragée dans les écoles primaires de Mayotte, avec une priorité donnée à l’anglais. Ce lundi matin, le recteur Gilles Halbout s’est rendu à l’école primaire de M’Gombani, à Mamoudzou, pour inaugurer cette semaine consacrée aux langues et observer les projets que les enseignants ont réalisé avec leurs élèves.
« Avec cette semaine des langues vivantes à Mayotte, nous comptons toucher une centaine de classes soit près de 2.500 élèves », a déclaré le recteur Gilles Halbout, ce lundi, avant d’insister sur l’importance de l’enseignement des langues étrangères sur l’île au lagon. Dans le primaire, celles-ci se résument bien souvent à l’anglais, alors que dans le secondaire, l’espagnol et l’arabe sont enseignés en deuxième langue. « Nous aimerions pouvoir enseigner d’autres langues comme le chinois ou le portugais, mais nous nous heurtons à un trop fort turn-over de personnel », explique le recteur. En tout cas, lors de sa visite de l’école de M’Gombani, ce matin-là, il a pu voir les spectacles et chansons en anglais que les enseignants ont préparés au cours de l’année avec leurs élèves.
« Dans notre école, nous avons monté un projet intitulé « voyageons en anglais » pour motiver les élèves à apprendre cette langue et pour développer leur ouverture sur le monde », indique le directeur de l’école. Son étude a donc été également l’occasion pour les enfants de découvrir les pays anglophones et parfaire ainsi leur géographie. D’autres domaines ont aussi été abordés comme le corps humain. Les chansons, un classique en pédagogie pour l’apprentissage des langues vivantes, ont bien évidemment été mises à l’honneur devant le recteur. Ce dernier a même conclu sa visite par un petit dialogue avec les enfants dans la langue de Shakespeare. « Je suis impressionné car maintenant beaucoup d’élèves de primaire se débrouillent bien en anglais, ce qui n’était pas le cas il y a deux ou trois ans », s’enthousiasme Gilles Halbout.
Un travail de fond mis en place par les enseignants
Si cette semaine a pour objet de valoriser l’apprentissage des langues vivantes étrangères, ce dernier a évidemment commencé dès le début de l’année. Dès le CP, les enseignants se doivent d’aborder cette langue via, par exemple, les rituels de début de journée. « Je leur apprends les jours de la semaine, les mois ou comment se présenter. En CP, on commence en douceur car les élèves sont encore petits et certains ont déjà du mal à apprendre le français », nous confie une enseignante de l’école de M’Gombani. Ce dispositif d’apprentissage est censé être mis en place dans toutes les écoles de l’île même si certaines se heurtent parfois au manque de formation des enseignants. Un problème qui devrait se résoudre dans les années à venir.
Quid de l’enseignement du shimaore et du kiboushi ?
« Cette semaine était consacrée à la mise à l’honneur des langues étrangères, mais le développement de l’enseignement des langues régionales suit son cours à Mayotte », confie Gilles Halbout. On se souvient qu’en mai 2021, une convention avait été signée entre le rectorat, l’association Shimé, spécialisée dans l’enseignement du shimaore, et le CUFR (centre universitaire de formation et de recherche). L’éternelle difficulté pour enseigner les langues régionales est leur caractère uniquement oral. « Le conseil départemental travaille à fixer une graphie du shimaore, mais il n’y a pas encore de véritable consensus », continue le représentant de l’Education nationale. Toutefois, le processus suit son cours et le recteur nous confie qu’il y aura sans doute un jour un Capes (Certification d’aptitudes au professorat et à l’éducation secondaire) de shimaore.