La laïcité à Mayotte, une problématique qui interpelle le gouvernement

Une vingtaine d’auditeurs de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation passent une semaine à Mayotte pour comprendre de quelle manière la question de la laïcité et des valeurs de la République est abordée dans les établissements scolaires de l’île. De ce voyage d’étude devra résulter un rapport qui sera ensuite remis aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, tous deux à l’origine du projet.

La laïcité dans les écoles à Mayotte est-elle un leurre ou une réalité ? C’est ce que les 23 cadres issus de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF) vont tenter d’analyser pendant une semaine. Proviseurs, éducateurs, enseignants et autres professionnels issus de domaines très divers dans l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la société civile… Ils ont été reçus ce lundi par le recteur Gilles Halbout qui leur a présenté les projets académiques de Mayotte et qui a surtout évoqué des difficultés que l’on peut trouver sur l’île.

Leur mission s’inscrit dans une série de dix sessions en dix mois portées sur la laïcité et les valeurs de la République, de l’école à l’université. Le choix de Mayotte a été comme une évidence pour l’IH2EF, puisqu’ici se mêlent religion et tradition. « Il y a deux complexités dans les territoires ultramarins, c’est la Guyane et Mayotte. L’année dernière, nous avions choisi la Guyane pour le rapport entre l’éducation et le territoire. Et donc naturellement, nous sommes venus à Mayotte où il se trouve que la problématique de laïcité est très intéressante ici », explique Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Intéressante parce que le 101ème département est le seul de France à avoir une population majoritairement musulmane.

Et comme l’Islam est présent dans chaque aspect de la vie d’un mahorais, les enfants ne sont pas épargnés. Il est d’ailleurs courant de voir les jeunes filles se rendre à l’école la tête couverte. Une particularité qui peut porter à confusion lorsque l’on ne connait pas la culture mahoraise. « Comment est abordée la question du voile à Mayotte ? », questionne à ce sujet l’un des auditeurs au recteur. Ce dernier distingue le voile du kichali. « Une fille qui arrive avec un kichali, qui ne couvre pas le visage, mais qui le porte comme on porterait un bandana, c’est tout à fait admis », répond Gilles Halbout. Cependant, certaines portent tout de même le voile comme on l’entend en métropole et dans ces cas-là, les équipes pédagogiques se chargent de « discuter avec l’élève ». « Nous lui parlons des valeurs de la République, ce que cela implique, et invitons l’élève et la famille à s’intégrer dans ces règles républicaines, parce que souvent c’est une méconnaissance de ces règles », argumente le représentant de l’académie.

Sur le terrain pour mieux s’imprégner de la réalité

Même si la religion est très présente dans les mœurs mahoraises et peut parfois s’insérer dans les écoles, l’île aux parfums n’est pas un cas isolé en France. « La question de la laïcité mérite d’être posée à Mayotte, mais elle se pose aussi en Bretagne avec l’enseignement catholique par exemple. Les auditeurs vont ensuite de rendre à Strasbourg pour étudier le Concordat. Mais ici, il y a des particularités qu’il faut comprendre », souligne Pascal Lalanne. Pendant une semaine, les 23 auditeurs vont passer de la théorie à la pratique en allant sur le terrain pour analyser de quelle manière la laïcité est traduite dans les établissements scolaires à Mayotte. « Nous allons rencontrer des associations et des représentants du préfet, nous allons aller dans des établissements du premier et second degré, et nous allons surtout discuter avec les cadis et visiter deux écoles coraniques », annonce Pascal Lalanne, le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF. Des rencontres qui seront riches en informations puisque les membres de l’institut des hautes études de l’éducation et de la formation découvrent en même temps Mayotte et ses particularités.

À l’issue de leur session, ils devront rédiger des rapports détaillés à remettre aux ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur qui sont à l’origine de ce projet. Cependant, on ignore encore l’influence que peuvent avoir ces rapports sur la politique des deux ministères. « Mais c’est l’occasion d’avoir une approche un peu transversale, externe sur une problématique de l’Education nationale et de la rendre compte à un ministre. C’est quelque chose dont nous n’avions pas l’habitude de faire », assure le chef de projet du cycle des auditeurs de l’IH2EF.

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