Au cours des dernières semaines, la tension est montée d’un cran à La Réunion entre les communautés réunionnaises et mahoraises. De nombreux parents mahorais font part de leurs difficultés pour scolariser leurs enfants sur l’île Bourbon. Une mère d’élève a même décidé de saisir le Tribunal administratif de La Réunion.
Depuis le passage dévastateur de Chido sur l’archipel, des familles mahoraises ont inscrit leurs enfants dans une autre académie, essentiellement dans le département voisin de La Réunion. Au 30 janvier, 1.300 élèves étaient scolarisés hors de Mayotte, dont 625 à La Réunion. Bien que cela ne représente qu’ une infime partie des écoliers mahorais, cela s’avère être un sujet très polémique depuis plusieurs semaines. Un motif de discorde entre ressortissants français de Mayotte et de La Réunion, les deux principaux territoires français de l’Océan indien, au point qu’il a fini par atterrir sur les bancs de l’Assemblée nationale et sur la table du Tribunal administratif de La Réunion.
En effet, le torchon brûle depuis quelques jours entre les parents de ces élèves et plusieurs communes du département voisin, au rang desquelles celle de Saint-Denis, le chef-lieu de l’île. Des parents estiment que «des localités réunionnaises ne font pas mystère de leur refus catégorique de scolariser des élèves venus de Mayotte ». « Ils ne cessent d’employer des motifs flous et un discours biaisé pour justifier ce refus sans jamais accepter de le notifier officiellement », avance Mariama Abdou, une habitante du quartier « Le bas de la rivière » à Saint-Denis. Elle est originaire de Combani au centre de Mayotte. Elle confie que la situation sociale sur l’île Bourbon ne cesse de se tendre pour des motifs divers noyés dans « le phénomène Chido, qui n’a véritablement rien à voir dans cette affaire », juge-t-elle. « Ici les politiques n’ont pas coutume de s’embarrasser des règles de droit ou de bienséance pour dire ce qu’ils pensent de notre communauté. Ils estiment être maîtres chez eux et cela leur suffit de dire haut et fort ce qu’ils pensent », explique de son côté Fahari Vitta issue de Labattoir, installée dans la ville du Port depuis une vingtaine d’années.
Le sujet est devenu si brûlant qu’il a fini par s’inviter sur les bancs de l’Assemblée nationale, relayé par l’une des parlementaires mahoraises, la députée Rassemblement national Anchya Bamana. En colère, des parents d’élèves mahorais ont choisi la voie juridique par avocats interposés et engagent des recours devant la justice. Une mère n’a pas hésité à médiatiser sa procédure devant le Tribunal administratif de La Réunion. A Mayotte, de nombreuses voix crient au scandale et dénoncent la passivité de la ministre de l’Education nationale et de son collègue des Outre-mer. « Nos amis réunionnais doivent intégrer le fait qu’il n’y a qu’une seule école en France, celle de la République et non une spécifique à telle ou telle région », s’est insurgé Boinali Saïd Toumbou (ancien député de Mayotte) qui intervenait sur cette question samedi matin sur Mayotte La 1ère. Ce dernier encourage les familles mahoraises concernées par cette affaire à saisir la justice.La commune de Saint-Denis, se défend pour sa part de toute volonté discriminatoire et met en avant des arguments d’ordre administratif et organisationnel.
Journaliste politique & économique