À l’approche des examens, le personnel du lycée de Kahani lance un dernier appel à l’aide au ministère de l’Éducation nationale. Ce mardi 31 mai 2022, professeurs, personnel médico-social ou encore assistants d’éducation ont suivi le mouvement de grève nationale pour porter haut et fort leurs revendications.
“Plus que jamais nous devons nous mobiliser pour l’éducation à Mayotte.” Pour la foule massée devant le lycée polyvalent Gustave Eiffel de Kahani, un seul objectif : offrir un enseignement de qualité et dans les meilleures conditions possibles. Alors que l’actuel proviseur, Philippe Mary, rend bientôt son tablier, le personnel s’inquiète de savoir qui dirigera l’établissement à la rentrée. “Nous ne savons toujours pas comment va se dérouler la rentrée 2022”, explique Baptiste Waroux, professeur d’économie gestion. En jauge réduite, en présentiel ou distanciel, quelle méthode sera choisie pour faire face aux heurts que connaît l’enceinte depuis de nombreux mois ?
Un établissement à bout
“Les violences perpétrées au sein du lycée dès la mi-septembre 2021 et la récurrence de ces événements ont à la fois profondément choqué, mais aussi usé moralement les élèves comme l’ensemble des employés », témoigne le membre du collectif des personnels de Kahani. “Nous sommes face à un échec éducatif. Certains de nos élèves de première viennent nous voir pour savoir comment changer de lycée en vue de l’année de leur baccalauréat…” Une situation désolante pour l’établissement du second degré qui accueille près de 2.400 étudiants.
Des “moyens” à la hauteur des besoins de l’île
Les syndicats quant à eux réclament “plus de moyens pour Mayotte”. “Nous demandons le passage en REP+ de toutes les écoles, tous les collèges et les lycées de l’île”, s’exclame Jérémie Saiseau, secrétaire de la section CGT Éduc’action du lycée de Kahani. La construction d’autres établissements, l’accroissement du nombre de salles de classe et le “recrutement massif de fonctionnaires dans toutes les catégories : enseignants, personnels administratif mais aussi médico-social”… Autant de mesures que les personnels attendent de voir aboutir.
Des personnels laissés sur le carreau ?
“Au lendemain des vacances scolaires, nombre d’enseignants contractuels et d’assistants d’éducation scolaire (AED) ont reçu une lettre de non-renouvellement de leur contrat”, avance Bruno Dezile, secrétaire général de la CGT Éduc’action Mayotte. Une décision arbitraire et intolérable pour le syndicat qui souligne que la mise au chômage de ces personnels précaires constitue une réelle perte pour le lycée. “On nous parle des difficultés à recruter des employés qualifiés et lorsque que nous avons des personnes compétentes avec de l’ancienneté, nous ne les gardons pas”, s’insurge le représentant de la CGT Éduc’action. Si les professeurs contractuels pourront voir leur dossier étudié par une commission consultative paritaire du rectorat de Mayotte à la mi-juin, les AED quant à eux prennent leur mal en patience attendant un décret national qui devrait statuer sur leur sort.
Quel avenir pour Kahani ?
Alors que le rectorat toujours en période de réserve électorale poursuit sa feuille de route, les améliorations demeurent encore marginales avant de tendre vers des conditions de travail optimales. “Beaucoup d’efforts ont été réalisés tant dans l’achat de matériel que dans les travaux réalisés, mais malheureusement tout cela prend trop de temps”, se désole Baptiste Waroux. À l’approche des grandes vacances, syndicats comme collectifs espèrent que dès la rentrée, les cours pourront reprendre dans une atmosphère apaisée. “Nous continuerons à communiquer avec le rectorat afin de travailler en bonne entente dans l’intérêt de tous”, conclut le professeur.