Deux écoles de la commune de Dembéni étaient fermées ce lundi matin. À l’école T7 de Tsararano, les enseignants ont exercé leur droit de retrait tandis qu’à Iloni, ce sont les parents eux-mêmes qui ont bloqué l’école. Le tout sensiblement pour les mêmes raisons : l’état de vétusté des locaux ainsi que leurs manques d’hygiène et de sécurité ne permettant pas aux élèves et aux professeurs de travailler dans de bonnes conditions.
Lundi matin dès 7h, un groupe de parents d’élèves campe devant l’école primaire d’Iloni. Les deux portails cadenassés et enchaînés empêchent quiconque d’y entrer. Leurs raisons ? Protester contre l’état de délabrement des locaux de l’école qui n’a même pas l’électricité. « Par temps de pluie, nos enfants n’arrivent même pas à voir ce qui est écrit au tableau ou dans leurs livres », explique Halim, le papa de deux petits scolarisés dans cet établissement. « Nous avions déjà alerté la mairie à ce sujet avant les vacances de mars, mais malgré les promesses, rien n’a été fait alors ça suffit ! » D’autant plus qu’à ce problème d’électricité viennent s’ajouter des soucis de sécurité. L’un des murs barrant l’accès de l’école s’est effondré, facilitant ainsi les intrusions. « La dernière fois, un délinquant a pénétré dans l’enceinte et a poursuivi l’un des enfants. Heureusement que le directeur s’en est aperçu et a pu lui porter secours », raconte encore Halim. Par ailleurs, cet effondrement a pour conséquence que les barbelés, censés éviter justement ces déconvenues, se trouvent désormais au sol, risquant de blesser les enfants.
L’hygiène dans les toilettes, régulièrement inondées, est également problématique et l’école ne bénéficie même pas de photocopieur pour permettre aux professeurs de travailler correctement. Les parents pointent aussi du doigt le manque de sûreté aux abords de l’école. « La route est dangereuse, il faudrait que la mairie mette des agents pour garantir la sécurité de nos enfants », poursuit Halim. Toujours à Dembéni, l’école de Tsararano souffre peu ou prou des mêmes problématiques, d’où le droit de retrait de ses enseignants ce lundi. Toutefois, le directeur ne peut s’exprimer plus largement sur ce sujet polémique, faute d’autorisation de la part de sa hiérarchie.
Quelques réponses apportées aux parents
Face à cette grogne, Moudjibou Saïdi, le maire de la commune, décide de se rendre dans la matinée à l’école d’Iloni pour tenter de calmer les esprits des parents contestataires. « Il va engager les travaux électriques dès ce mardi et fournir un photocopieur », relate le porte-parole. Autre promesse : l’installation dans les plus brefs délais des nouveaux sanitaires déjà réceptionnés. En revanche, aucune annonce relative aux problèmes sécuritaires ! Les parents restent donc sur le qui-vive. « Nous lui laissons jusqu’à la fin de la semaine pour trouver une solution, sinon nous recommencerons nos opérations de blocage », indique Halim.
Si l’état des locaux des écoles du premier degré est une compétence qui relève de la commune, le recteur Gilles Halbout accorde son soutien aux enseignants de Tsararano, qui exigent des conditions de travail dignes. « Je suis solidaire de leur cause, mais pas de leur façon de faire. Je condamne en effet la fermeture des écoles en l’absence de danger imminent », déclare-t-il. Il confie en outre qu’une partie des fonds européens pouvait être transférée aux collectivités pour réaliser des travaux dans les établissements scolaires, mais que très peu de mairies en avaient fait la demande. « C’est déplorable, car nous allons devoir rendre cet argent à l’Europe », regrette Gilles Halbout, tout en précisant par la même occasion que Dembéni fait partie des bons élèves dans ce domaine. « Le dossier a enfin été remonté, mais à cause des nombreux changements de personnels et autres tracas administratifs, cela a pris beaucoup de temps », précise le responsable de l’académie. Une manne financière qui pourrait permettre d’atténuer les tensions dans un avenir plus ou moins proche.