À bord du plus grand bateau de la flotte océanographique française, 75 étudiants scientifiques, en formation maritime ou en cursus artistique, dont une trentaine de jeunes mahorais, vont vivre une expérience unique d’échange et d’apprentissage autour des enjeux de l’océan de demain. Un projet d’école navire imaginé par l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer et le ministère des Outre-mer.
« C’est une chance inouïe de partir sur le Marion Dufresnes II, le navire le plus convoité des scientifiques. » Fraîchement diplômée d’une licence sciences de la vie au centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni, Mouyna Inzoudine ne cache pas sa fierté de pouvoir représenter sa communauté au cours de cette aventure qui s’annonce « inédite ». Un projet d’école flottante imaginé par l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer et le ministère des Outre-mer.
À partir du 27 juin, pas moins de 75 étudiants – ultramarins, métropolitains et du bassin de l’océan Indien (Kenya, Tanzanie, Seychelles, Madagascar) – scientifiques, en formation maritime ou en cursus artistique, doivent vivre une campagne océanographique de l’intérieur, aux côtés des chercheurs et de l’équipage chevronnés. Parmi eux, on dénombre une trentaine de Mahorais, issus du CUFR et de l’école d’apprentissage maritime. Cinq d’entre eux participent à la première étape, de La Réunion à Mayotte. Au programme : les explorations du Mont La Pérouse et du Tromelin la Feuillée, une escale à terre sur les Îles Glorieuses pour évoquer les petits écosystèmes et la restauration écologique, et un stop au geyser Zélée.
Puis vient la deuxième étape du 9 au 22 juillet. « C’est une superbe opportunité d’embarquer des jeunes du territoire et de vivre une mission scientifique sur la surveillance du volcan sous-marin », se réjouit Emmanuel Corse, maître de conférences en écologie moléculaire au sein de l’unité Marine biodiversity, exploitation and conservation au CUFR, et aussi responsable de l’école bleue Outre-mer au cours de cette période.
Observations et exploitations
Pour celui qui fait partie des six encadrants originaires du 101ème département, « l’une des fortes attentes se situe au niveau pédagogique puisque nous serons en dehors des murs de l’université ». Ainsi, l’équipe composée de géographes et de biologistes prévoit de faire réaliser aux élèves des observations de mammifères, d’avifaunes et de déchets flottants, mais également de leur faire exploiter la faune associée aux roches remontées dans le cadre des campagnes Mayobs. Sans oublier de les faire travailler sur différentes données biologiques.
Et surtout, la délégation mahoraise souhaite « profiter de cette pluralité des embarquants pour aborder des thématiques telles que les cultures, les traditions ou encore les enjeux environnementaux ». Intenses sur le papier, ces deux semaines n’effraient absolument pas Mouyna Inzoudine. Bien au contraire ! « Tout cela peut nous ouvrir de nouvelles portes dans le milieu et consolider nos connaissances auprès de scientifiques expérimentés. »
Une fois de retour sur la terre ferme, place à la restitution de cette épopée hors du commun. « Les artistes vont produire des supports artistiques qui serviront lors de différents événements, à l’instar de la Fête de la science », prévient Emmanuel Corse. « Et nous allons demander aux étudiants scientifiques de réaliser une synthèse de leur expérience pour qu’ils puissent ensuite la communiquer dans le primaire et le secondaire à travers par exemple les réseaux d’éducation au développement durable du rectorat. »
Sensibiliser les jeunes à la richesse et à l’importance des océans
Pour François Houllier, le président-directeur général de l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, l’intérêt de cette école bleue Outre-mer est de regrouper « une équipe interdisciplinaire, interprofessionnelle et internationale », mais aussi de sensibiliser « la jeune génération à l’importance de l’océan où elle vit ». Même son de cloche pour Sophie Brocas, la directrice générale des Outre-mer. Pour elle, la surface maritime nationale représente « un potentiel inouï de développement économique et d’emplois pour demain », elle est « une vigie et une arme contre le changement climatique », et surtout « une promesse incroyable de connaissances pour améliorer la santé, les énergies renouvelables et les matériaux ». À travers ce soutien du ministère, l’idée est de réconcilier les jeunes ultramarins, qui ont le dos tourné à la mer, avec leur environnement. Et par la même occasion de susciter des vocations.