« J’ai peur de me sentir seule dans une ville que je ne connais pas »

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Kiladati Issouf Ali et Djoussouf Sajid sont bénévoles dans l’association M’somo, qui propose un accompagnement universitaire personnalisé aux jeunes Mahorais. Elle compte des bénévoles dans tout l’Hexagone et à La Réunion.

Le Forum de la mobilité étudiante continue de sillonner les villages de Mayotte pour donner des conseils aux néo-bacheliers et lycéens. À côté des conseils pratiques concernant la bourse et le logement, des associations sont présentes pour proposer un soutien psychologique aux nouveaux étudiants, alors qu’en métropole, l’isolement et la solitude sont les fléaux des jeunes mahorais.

“Nous sommes là pour vous, même à 4.000 km vous pouvez nous appeler, même si vous n‘êtes pas à Lille mais dans une autre région. Il y a toute une équipe qui est présente. Je vous donne mon numéro si vous avez besoin”, insiste Antoissi Mdallah-Mari, vice-président de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise (AMML). Il s’adresse à un groupe de jeunes filles venues au “Forum de la mobilité étudiante” qui a pris ses quartiers à Bandrélé, ce jeudi 18 juillet.

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Antoissi Mdallah-Mari est le vice-président de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise, il renseigne les étudiants qui peuvent être confrontés à la solitude et à l’isolement en arrivant dans l’Hexagone. À gauche, Houraya Saïd, un ancienne bénévole de l’association.

“C’est bien de savoir qu’il existe des associations de ce type, ça va nous permettre de sociabiliser, parce que j’ai peur de me sentir seule là-bas dans une ville que je ne connais pas”, confie Haoi Ahamadi. Titulaire du bac cette année, elle commence à la rentrée des études de techniques de commercialisation à Paris. À ses côtés, Assiati Mohamed Ahmed appréhende aussi quelque peu la vie en métropole. “J’y suis déjà allée pendant les vacances, mais ce n’est pas la même chose de vivre là-bas au quotidien. Ici tout le monde se dit bonjour, là-bas il y a plus de distance entre les gens.”

“Le suicide, c’est devenu notre hantise”

L’adaptation à la métropole peut être difficile voire douloureuse pour les étudiants mahorais, ainsi Antoissi Mdallah-Mari veut faire connaître l’AMML et les services proposés. “Des choses qui sont simples pour les métropolitains comme prendre le train, le bus peuvent être difficiles pour les Mahorais qui n’y sont pas habitués. À côté de cela, il est difficile de réussir sa première année. Pendant qu’on cherche à s’adapter, les cours ont commencé et on accumule du retard. Ce qui peut générer l’isolement des jeunes”, décrit-il. S’il exhorte autant les jeunes à le contacter, c’est qu’au cours des dernières années, plusieurs étudiants mahorais sont décédés en métropole dans un contexte de solitude. “Le suicide, c’est devenu notre hantise”, commente le vice-président de l’association qui étudie la biologie. 

“Se sentir bien va de pair avec la réussite scolaire”

Alors que le taux d’échec des Mahorais en première année d’études supérieures est important, l’association M’somo propose un accompagnement universitaire personnalisé. “Si besoin, nous apportons des conseils pour la méthodologie de travail, l’organisation”, explique Kiladati Issouf Ali, bénévole et ancienne étudiante en droit. “Souvent, des étudiants nous appellent après les résultats du premier semestre, les notes ne sont pas satisfaisantes et ils n’osent pas le dire à leurs parents”, indique-t-elle.

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Assiati Mohamed Ahmed et Haoi Ahamadi sont venues s’informer auprès de l’Association des Mahorais de la métropole lilloise au forum de la mobilité qui s’est tenu à Bandrélé jeudi 18 juillet. En septembre, elles vont toutes les deux étudier en métropole.

L’association qui compte des bénévoles dans toutes les grandes villes de l’Hexagone ainsi qu’à La Réunion offre en parallèle un soutien psychologique et moral. “Se sentir bien dans sa peau va de pair avec la réussite scolaire, tout comme accéder à un logement ou aux bourses”, estime-t-elle.

Cet accompagnement des jeunes passe aussi par des moments festifs notamment au sein des associations d’étudiants mahorais. “À l’université de Lille, il existe une journée spéciale de fête pour promouvoir sa culture, alors pensez à ramener vos salouvas les filles”, sourit Antoissi Mdallah-Mari.

Le forum continue jusqu’en août

Organisé par l’association Emanciper Mayotte, le forum de la mobilité continue à sillonner les villages de l’île pour donner des outils et conseils pratiques aux néo-bacheliers et aux lycéens. Ce mercredi 24 juillet il se déroulera à Bandraboua, à l’école élémentaire de Dzoumogné, le 26 juillet à Chiconi, sur la place Cicotram, le 27 juillet à Acoua, sur la place de la mairie, le 31 juillet à Koungou, à l’école Koropa 1 à Majicavo et il s’achèvera le 2 août à Ouangani, le lieu n’est pas encore défini.

Contact : 02 69 66 63 07 et contact@emancipermayotte.org