Création d’une section de l’UNEF : “Il est grand temps de considérer la situation des étudiants à Mayotte”

Le principal syndicat étudiant, présent dans la plupart des universités de France, s’est installé à Mayotte à la rentrée 2021. La présidente Iman Mahmouti revient sur le contexte de cette création et les ambitions de la nouvelle section locale.

C’est une première. L’Union nationale des étudiants de France (Unef), principale organisation étudiante dans l’Hexagone, a été créée à Mayotte à la rentrée 2021. Dans un post sur son nouveau compte Facebook en date du 14 octobre, la jeune section locale présente ses objectifs en ces termes : “Enfin un moyen pour nous étudiants mahorais de pouvoir défendre nos intérêts étudiants, améliorer nos conditions de vie étudiante, développer et rendre plus attractive la vie étudiante à Mayotte”.

L’Unef est présente dans presque la totalité des universités de France et des Outre-mer, et elle permet d’informer les étudiants, de défendre leurs droits et leurs intérêts et d’organiser la solidarité entre nous”, rappelle Iman Mahmouti, la présidente de ce nouveau syndicat étudiant à Mayotte. Parmi les champs d’accès de l’organisation : l’accès aux aides sociales, aux études supérieures ou encore la lutte contre les discriminations.

Mais c’est un contexte bien particulier qui a conduit un petit groupe d’une promotion de Droit au centre universitaire de formation et de recherches (CUFR) à prendre attache avec le bureau national de l’Unef en vue d’une implantation locale. “L’année dernière, nous avions connu des difficultés dans la communication des résultats de nos examens”, retrace l’étudiante. “Nous avons alors pensé à créer une section locale pour empêcher que cela se reproduise. L’Unef est le meilleur filet de sécurité.

58,5% de boursiers

Aujourd’hui, la nouvelle section a plusieurs priorités pour les étudiants de Mayotte. Dans son viseur : les questions de mobilité, de logement, de vie de campus… Mais aussi le système d’aide sociale, jugé “insuffisant” pour la jeune structure. “Nous avons à Mayotte 58,5% de boursiers, ce qui prouve bien l’existence d’une population étudiante précaire. D’autant plus que, pour certains, les revenus des parents dépassent juste de quelques euros le plafond annuel, et ceux-là ne peuvent pas prétendre à une bourse”, déroule Iman Mahmouti.

Sans compter ceux pour qui le soutien des parents n’est pas forcément acquis. “Nous pensons que l’aide ne doit pas être en fonction des revenus des parents mais de la situation réelle de l’étudiant.” Une idée défendue par le syndicat national au travers notamment de l’allocation d’autonomie, une aide universelle calculée en fonction du bénéficiaire. Cette aide pourrait constituer un vrai coup de pouce, particulièrement dans le 101ème département, juge la présidente de l’Unef Mayotte. “Les étudiants ont besoin de vivre, de s’acheter des vêtements, mais aussi de passer leur permis, qui est un facteur d’émancipation important. On le voit avec le retrait des bus scolaires : la mobilité étudiante est un gros enjeu ici”, poursuit-elle.

Pour une université de plein exercice

L’autre dossier que la vingtaine de bénévoles entend désormais suivre de près : la mise en place d’une université de plein exercice. “C’est aberrant qu’en 2021, les étudiants de Mayotte dépendent encore d’une autre université pour se former !”, s’insurge Iman Mahmouti. Fort heureusement, le passage à un INU (Institut national universitaire) semble sur de bons rails. “Son premier contrat d’établissement 2020-2025 lui permet à présent d’envisager son évolution institutionnelle pour devenir Institut National Universitaire (INU)”, soulignait le CUFR dans un communiqué à l’occasion des dix ans de sa création. “C’est bien, nous serons vigilants à ce que ces engagements soient respectés”, assure la jeune femme.

Bien sûr, la nouvelle section ne se limite pas à défendre les intérêts des seuls 1.800 étudiants du campus de Dembéni, et entend bien représenter “la totalité des étudiants à Mayotte, qu’ils soient en BTS, en prépa, à la fac”. “Nous souhaitons signifier au recteur et au ministère de l’enseignement supérieur qu’il est grand temps de considérer la situation des étudiants de Mayotte”, lance Iman Mahmouti.

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