Éducation nationale : le ministère est venu prendre le pouls de l’île

Le chantier de l’éducation à Mayotte est énorme et le délégué ministériel l’a bien compris. Surtout quand il s’agit de l’insécurité dans ou à proximité des établissements scolaires où se produisent régulièrement des bagarres qui dégénèrent, des caillassages de bus ou encore des rackets.

Le délégué a commencé par rappeler qu’en France, en général, 50 % des violences scolaires se déroulent dans la classe et que 700 000 élèves sont victimes de harcèlement. Mais le représentant de l’État estime que contrairement aux quartiers difficiles de métropole, cette violence s’exprime surtout à l’extérieur des collèges ou lycées. Une insécurité qui serait le fait de bandes de jeunes dont la plupart sont déscolarisés à en croire André Canvel. Mais des cas de règlements de compte entre jeunes inscrits dans le même établissement, mais issus de quartiers différents existent aussi. Un médecin du travail rappelait que cette violence est en effet très cantonnée au second degré même si des cas d’agressions ont été recensés dans le primaire comme cet enseignant de l’école de la Briqueterie à Kavani qui a été agressé à coups de couteau en début d’année dans son lieu de travail. Une insécurité parmi d’autres causes, qui n’a pas tendance à vouloir convaincre les jeunes enseignants métropolitains à rester durablement sur le territoire comme le rappelle la médecine du travail. À cela s’ajoutent des conditions de travail difficiles avec des locaux parfois insalubres ou vétustes malgré l’intention affirmée de la préfecture de rénover et construire de nouvelles classes avec un objectif de 600 nouvelles salles d’ici 2017.

Le BSMA par la voix du colonel Carrères a également apprêté son analyse de la situation de l’île en s’appuyant sur les missions opérées par le bataillon en termes de réinsertion des jeunes en manque de repères, déscolarisés, sans formation et sans emploi. Avec un taux de plus de 80 % de placement de ses jeunes dans une formation ou un emploi, le BSMA affiche un taux de réussite plus que satisfaisant, mais impossible de savoir si 6 mois ou un an après que les apprentis aient quitté le bataillon, ces chiffres se confirment sur la durée avec une stabilité dans le milieu professionnel. À cela il faut ajouter le faible taux de reprise de scolarité. La solution d’intégrer l’armée pourrait paraître évidente, mais le niveau scolaire trop faible de la quasi-totalité de jeunes encadrés par la structure ne permet pas cette option. “Et malheureusement, le tissu économique mahorais n’est pas encore prêt à accueillir nos apprentis c’est donc la raison pour laquelle nous essayons de les envoyer dans des CFA en métropole”, souligne le colonel.

La DJSCS observe quant à elle un manque d’encadrement de la jeunesse en dehors du temps scolaire. La faute à la faible offre d’activités périscolaires avec cet exemple flagrant des MJC vides d’activités. La solution pour le service préfectoral serait de renforcer l’intervention des associations “après 17h” pour éviter que les jeunes sombrent dans l’ennui, la drogue et la délinquance. Cette situation est en partie la résultante “d’un manque coordination territoriale”. Pourtant le service de l’État dispose d’une enveloppe annuelle de plus de 2 millions d’euros. Mais une solution selon la direction repose sur la formation des éducateurs à travers des diplômes comme le Bafa. De gros efforts restent à réaliser dans ce domaine de professionnalisation. Le chantier est donc encore long. Nul doute que le délégué ministériel fera remonter à la ministre Najat Vallaud-Belkacem les inquiétudes de ces acteurs mahorais, du moins c’est ce que ces derniers espèrent.

GD

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