Alors que l’épidémie semble repartir au niveau national, le ministère de l’Éducation a publié un nouveau protocole allégé pour les écoles primaires et élémentaires. Des mesures que les antennes syndicales locales jugent trop peu strictes, alors que les protocoles initiaux peinent déjà à être respectés pour assurer la santé de tous. Et que Mayotte n’est toujours pas passée au vert…
Et un de plus ! Ce mardi, un nouveau protocole sanitaire allégé entre en vigueur dans les écoles primaires et élémentaires. L’annonce, formulée par le ministre de la Santé Olivier Véran à la suite de la publication d’un nouvel avis du Haut conseil pour la santé publique publié jeudi, a été confirmée dimanche soir par le ministère de l’Éducation. Désormais, si un enfant est positif au Covid-19, sa classe pourra « continuer de se tenir normalement pour les autres élèves, qui ne sont plus considérés comme cas contacts », précise le communiqué. L’élève qui présente des symptômes pourra revenir à l’école si ses parents attestent par écrit avoir consulté un médecin et qu’un test n’a pas été prescrit ; ou bien, à défaut, sept jours plus tard s’il ne présente plus de symptôme. Quant aux cas contacts, ils peuvent désormais retrouver les bancs de l’école sept jours plus tard, sans passer obligatoirement par la phase coton-tige (s’ils n’ont pas de symptôme). Par ailleurs, la fermeture d’une classe ou d’une école pourra être décidée seulement à partir de trois cas confirmés.
Tout dépend du masque
Une énième mouture qui fait s’arracher les cheveux à Henri Nouri, secrétaire départemental du SNES-FSU. “Les textes changent sans arrêt ! À force, c’est très difficile à suivre pour les collègues, surtout quand vous n’êtes pas affilié à un syndicat et que vous n’êtes pas habitué à vérifier les nouvelles dispositions tous les quatre matins”, déplore-t-il. Trop tirés par les cheveux, ces protocoles publiés à la chaîne ? Ce n’est toutefois pas l’avis de Gilles Halbout, le recteur de Mayotte. Au contraire, le nouveau texte “clarifie surtout les choses”, souligne le responsable de l’Académie. “Dans la limite où nous portons un masque pour éviter la diffusion du virus quand nous sommes dans un lieu qui accueille du public sans pouvoir assurer le respect de la distanciation physique, si un cas Covid est détecté et qu’il portait un masque, on part du principe qu’il ne l’a pas diffusé dans son entourage”, déroule-t-il. En résumé, désormais, une personne qui avait un masque n’est plus considérée comme un “cas contact à risque”. Une nouvelle dénomination qui simplifie sans doute le laborieux travail de contact tracing ! Et la même logique s’applique pour les plus jeunes, de moins de 11 ans, qui n’ont pas l’obligation de se couvrir le visage et qui “diffusent très peu le virus”.
Peu de transmission par les enfants
C’est d’ailleurs ce qu’explique le nouvel avis du Haut conseil à la santé publique dans son avis complémentaire du 17 septembre sur les stratégies de prévention de la diffusion du Sars-Cov-2 en EAJE (établissement d’accueil du jeune enfant) et milieux scolaires : “Le HCSP prend en considération que les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2. Le risque de transmission existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte”, décrit l’instance. Du coup, un enseignant de maternelle ou de primaire muni de son masque ne sera plus considéré comme cas contact même s’il a cotoyé un enfant positif au Covid-19 et il n’aura plus à s’isoler. Et sa classe n’aura donc plus à fermer faute de maîtresse ou de maître !
Aucune classe fermée à Mayotte
Car ces nouvelles dispositions visent aussi à assurer la continuité pédagogique et éviter de laisser les enfants sur les bras de parents à cause de fermetures inopinées. À Mayotte, les quelques fermetures de classe ou d’école sont d’ailleurs plus liée à cette absence de personnel qu’à de véritables clusters. Au collège de Mtsamboro, par exemple, seul établissement scolaire ayant dû fermer totalement ses portes jeudi et vendredi derniers, l’absence de trois personnels de la vie scolaire pour suspicion de Covid rendait difficile la tenue normale des cours. “C’était une fermeture provisoire le temps d’avoir les résultats de leurs tests, et de fait, ils étaient tous négatifs”, relève Gilles Halbout. De plus, aucune classe n’est actuellement fermée. “Et si l’on enlève le cluster des professeurs de sport de la rentrée, on doit avoir une dizaine de cas que nous suivons à ce jour, ce qui n’est pas énorme.”
Simple grippette ?
Reste que les syndicats n’en dorment toujours pas sur leurs deux oreilles. “Les collègues sont inquiets, nous avons des classes surchargées… On joue avec la santé des gens. Soit on dit que c’est un virus dangereux et on prend des mesures strictes, soit ce n’est qu’une simple grippette, mais je crois qu’il s’agit de plus que cela”, lâche Laurent Draghi, secrétaire académique à Sud Éducation Mayotte. Son syndicat s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué ce dimanche, pour dénoncer le “flou” des “protocoles mis en place”, et “le sentiment que la réalité dans les établissements scolaires est passée sous silence”. “On a des témoignages qui nous remontent, à Dembéni, à Chiconi, un peu partout sur l’île et les classes ne ferment pas”, rapporte encore le représentant syndical, qui demande un protocole plus strict et rigoureux. Par exemple sur les masques, car “on a donné des masques aux élèves, mais on sait bien qu’ils ne sont jamais lavés. On devrait leur en donner chaque jour à l’entrée, les récupérer à la sortie et les laver pour le lendemain”. Même son de cloche chez son homologue de la SNES-FSU : “les protocoles qui se sont succédé ont vu un allègement progressif des conditions pour en arriver au masque, protection ultime !”, grince-t-il. Un bout de tissu qui aura décidément gagné en lettres de noblesse depuis le début de la crise…
Un master de CUFR fermé ce lundi par mesure de précaution
C’était l’autre exemple brandi par le secrétaire académique de Sud Éducation pour rappeler que le virus circule toujours. “On entend parler de cas Covid depuis la fin de la semaine dernière, résultat, des cours sont arrêtés seulement aujourd’hui. Il y a un temps d’attente trop long entre le moment où on établit le constat, celui où on transmet l’information à l’ARS et au Rectorat, et la décision”, avance Laurent Draghi. Contacté, le directeur du centre universitaire confirme la fermeture ce lundi du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) à cause de deux cas confirmés positifs entre “hier soir et ce matin”. D’après le Rectorat en milieu de journée ce lundi, une troisième personne était dans l’attente du résultat de son test. “En lien avec l’ARS et le Rectorat, nous avons donc pris la décision de fermer juste cette filière, par mesure de précaution, le temps de mener l’enquête sur les cas contacts.” Le master regroupe deux années, avec tout de même quelque 200 élèves chaque… “Mais nous travaillons avec l’agence de santé, et grâce aux emplois du temps nous pouvons rapidement savoir quel étudiant assistait à quel cours, et il faut aller déterminer si le cas positif portait son masque”, développe-t-il. Et de rappeler que le masque est obligatoire dans l’enceinte de l’université. “Si le masque est porté, il y a peu de chance d’avoir des contacts à risque.”
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