Vendredi dernier, l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré se retrouvaient à l’école de Mroalé, dans la commune de Tsingoni, pour inaugurer la seconde unité d’enseignement en élémentaire autisme (UEEA) du territoire. Cela fait néanmoins quatre mois que les sept élèves fréquentent l’établissement et s’intègrent doucement au gros des troupes.
N’en déplaise à certains candidats à la présidence française, l’inclusion était le mot d’ordre ce vendredi, dans l’enceinte de la petite école de Mroalé, entre Combani et Tsingoni. Les représentants des organismes ayant permis l’ouverture d’une nouvelle unité d’enseignement en élémentaire autisme à Mayotte auront néanmoins dû attendre que le joyeux brouhaha de la cour s’estompe pour débuter leurs discours. « Ce sont des enfants comme les autres, il faut les prendre en compte », lance José Remondière, inspecteur académique de la circonscription. « Aux parents, vous pouvez compter sur mon écoute et ma détermination », ajoute Inchati Bacar, adjointe au maire de Tsingoni chargée de l’éducation. Gilles Halbout, recteur de Mayotte, abonde enfin : « La commune de Tsingoni est toujours en pointe pour l’éducation, l’école de Mroalé en est un exemple. On parle des choses qui ne vont pas bien, mais il faut parler des choses qui marchent. »
Si cette cérémonie d’inauguration rendait hommage à l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé, la maison départementale des personnes handicapées et Mlezi Maoré, qui ont travaillé de concert pour l’ouverture de cette UEEA, c’est bien de l’autre côté de la cour que le concret se déroulait. Zalifa Assani, l’enseignante de cette unité, dirige sa salle de classe au quotidien, en compagnie d’une éducatrice, d’une conseillère pédagogique, et d’un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap). « J’ai fait un master sciences du langage, puis j’ai postulé directement à l’AESH », récapitule-t-elle. « C’était une aventure pour moi, je ne connaissais pas du tout ce milieu et je voulais vraiment découvrir ce que c’était de travailler avec des jeunes en situation de handicap. » C’est donc dans le petit village de la commune de Tsingoni que Zalifa peut exercer ses talents, et aider la demi-douzaine d’enfants à s’intégrer, même si c’était loin d’être gagné en novembre, lors de la mise en place de cette unité.
Former pour accompagner
« On a des enfants qui étaient soit scolarisés mais mal accompagnés, soit non-scolarisés », avoue José Remondière. « Le bilan que l’on a de Bandrélé est globalement positif, voire très positif. » Même son de cloche du côté de l’enseignante de Mroalé, heureuse de voir ses jeunes élèves s’épanouir : « Au début c’était difficile, c’est une unité qui vient d’ouvrir. Mais, au fur et à mesure, on voit franchement les progrès des élèves. Ça dépend vraiment des élèves. On en a un autonome, qui se mélange aux autres. Pour les autres, il faut encore un peu de temps. » L’espoir est donc de mise au sein de l’école élémentaire, qui a tout fait pour accueillir au mieux ses nouveaux pensionnaires. « On a fait une formation avec toute l’équipe, pour que chacun puisse accompagner les élèves autistes pendant la récréation », explique Insa Hafidhou, directeur dévoué de l’établissement.
Au total, les quatre membres du personnel dédié à l’UEEA auront suivi cinq formations, dont deux en compagnie de l’ensemble de leurs collègues. « Les formations sont vraiment complètes, donc ce n’est pas compliqué de s’adapter », témoigne Zalifa. « On nous explique comment travailler avec les autistes, comment aménager la salle, faire un emploi du temps adapté à chaque élève… » L’objectif, à long terme, est une « intégration dans les autres classes, selon les affinités des élèves », résume Lucie, psychologue de Mlezi Maoré qui intervient régulièrement au sein de l’unité. Pour rappel, un peu moins de 470 enfants de 6 à 11 ans seraient autistes à Mayotte, en extrapolant les statistiques françaises. Plus largement, la MDPH a recensé en 2021 environ 12.000 personnes en situation de handicap, ce qui représenterait 4% de la population mahoraise, contre 10% au niveau national. Le chemin est donc encore long, même si une volonté de fer anime celles et ceux qui le foulent.