Deux enseignants de Doujani veulent emmener leurs élèves au ski !

Mayotte au ski ! Le projet « un peu fou » de l’association sportive du collège de Doujani prend forme. Manon Jouas et Lionel Ussereau, enseignants d’éducation physique et sportive (EPS), comptent bien emmener trente de leurs élèves en classe de neige en début d’année prochaine, en les impliquant pleinement dans la préparation du leur voyage. Les deux profs ont récemment lancé une cagnotte en ligne (voir encadré) pour contribuer au financement du séjour.

Flash Infos : D’où vient l’idée de ce séjour au ski ?

Lionel Ussereau : Nous enseignons à Doujani depuis quatre ans et savons que l’année prochaine sera notre dernière à Mayotte : nous rentrerons en Haute-Savoie, d’où nous sommes originaires. Je me suis dit que ce serait incroyable d’emmener les élèves là-bas, de leur montrer d’où l’on vient, de la même manière que nous avons découvert Mayotte. Une façon de boucler la boucle ! J’en ai parlé à Manon et petit à petit le projet s’est étoffé.

F.I. : Quel est le programme du séjour ?

Manon Jouas : Nous prévoyons dix jours de séjour autour de la culture hivernale et olympique : une semaine au ski sur les traces des Jeux olympiques (JO) d’hiver de 1968 de Grenoble, et deux jours à Paris pour découvrir la capitale qui va accueillir les JO d’été 2024. Au total, sont prévues une dizaine d’heures de ski réparties sur cinq jours, entrecoupées d’autres activités en extérieur  (randonnée en raquette, visite d’une fromagerie, construction d’un igloo, balade nocturne). Tout cela, nous avons réussi à le mettre en forme grâce à notre parrain Jordan Broisin, skieur paralympique de descente, qui communique notre projet auprès de sa communauté.

F.I. : Comment les élèves ont-ils réagi à cette proposition ?

M.J. : On a présenté l’idée avec des pincettes, parce qu’encore aujourd’hui, le séjour n’est pas assuré ! Cela dépendra des financements que nous parviendrons à débloquer. Nous avons donc annoncé aux trente élèves qu’ils étaient présélectionnés pour un projet un peu fou – autant pour nous que pour eux – et que nous allions tout faire pour le mettre en place ! Nous avons été très clairs avec eux pour qu’ils soient conscients des sommes engagées. On a leur a donné les prix des billets d’avion, des séjours… Nous avons été transparents pour ne pas leur donner de faux espoir, et en même temps leur mettre un peu l’eau à la bouche. Aucun d’entre eux n’a déjà vu la neige ! Tous sont évidemment très motivés.

L.U. : Les élèves ont été sélectionnés par leurs professeurs respectifs pour leur comportement et leur volontarisme. Tous se sont distingués par leur motivation, aussi bien en cours d’EPS qu’au sein de l’association sportive du collège.

F.I. : Vous avez tenu à intégrer des élèves en situation de handicap au projet.

M.J. : C’est exact. Le collège de Doujani accueille des élèves sourds et malentendants via le dispositif Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire). Parmi eux, un garçon et une fille feront partie du voyage, en lien avec la filière « sport partagé » de l’association sportive.

F.I. : Comment les jeunes sont-ils impliqués dans la préparation de ce séjour ?

L.U. : Lorsqu’on leur a présenté le projet, je leur ai demandé combien – à leur avis – coûte un billet d’avion ? J’ai eu toutes sortes de réponses : deux, dix, 100.000 euros… La plupart n’ont aucune notion de distance, de temps et encore moins d’argent. Nous avons donc trouvé intéressant de travailler là-dessus, en se basant sur ce projet pour leur donner une éducation financière minimum… afin qu’ils aient des armes pour leurs vies futures. Du coup, on s’est dit que nous – professeurs – n’allions pas tout faire et que nous allions bosser en équipe. Nous donnerons des responsabilités aux élèves : ils vont devoir vendre des tickets de tombola pour aider à financer le séjour, s’impliquer dans le choix de l’hébergement… C’est un projet de groupe.

M.J. : Nous attendons d’eux qu’ils soient grands, responsables et autonomes. Qu’à l’issue du séjour, ils puissent se dire : « OK, j’ai compris ce que ça représente d’aller dans l’Hexagone plus tard pour mes études supérieures », ou « je sais de combien j’ai besoin pour faire des courses »…

L.U. : Par ailleurs, tout le travail que nous effectuons autour des JO et de la culture olympique pourra être présenté par les élèves à l’oral du brevet. Nous apportons beaucoup de contenu pédagogique.

F.I. : Comment comptez-vous financer ce séjour ?

L.U. : Nous avons fait une demande de subvention auprès de la Drajes (délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sport), dont la commission doit se tenir prochainement. Puisque notre séjour tourne autour de la culture olympique, nous avons également sollicité l’Agence nationale du sport via l’appel à projet Impact 2024. Nous démarchons de potentiels partenaires – publics ou privés. Nous savons aussi que l’établissement pourra accompagner l’association sportive. Enfin, nous avons lancé une cagnotte en ligne pour collecter des dons.

M.J. : Et puis, comme nous l’avons dit, nous avons tenu à impliquer les élèves eux-mêmes dans la levée des fonds. Notre prochain gros projet sera la tombola caritative !

Cagnotte et vidéo : suivez le projet en ligne !

L’association sportive du collège de Doujani communique activement sur le web pour promouvoir son futur voyage. Élèves et professeurs ont produit une vidéo présentant la démarche de leur projet sur la plateforme Youtube. Pour le financer, ils ont également créé une cagnotte solidaire sur le site Onparticipe.fr. Lien à retrouver ici : www.onparticipe.fr/c/NIJU8O0x

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