Le parcours pour accéder au siège de directeur du CUFR de Mayotte n’est pas de tout repos. Les deux candidats en lice mènent une bataille qui risque de durer dans le temps. Les accusations fusent de toutes parts et le recteur essaye tant bien que mal de calmer le jeu.
Le nom du prochain directeur du centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte ne sera pas connu avant le 17 décembre. Annulées, les élections ont été repor-tées suite à un conflit opposant Thomas M’saïdié, maître de conférences en droit public à Aurélien Siri, candidat à sa succession. L’enseignant a présenté une liste de professeurs d’université pour représenter le collège A de l’équipe pédagogique. L’île aux parfums ne disposant pas encore de professeurs d’université, tous les enseignants du CUFR sont is-sus des universités partenaires du CUFR. Ceux choisis par Thomas M’saïdié viennent d’Aix-Marseille université. Cependant, le décret du 12 octobre 2011 indique que pour qu’un professeur d’université puisse être éligible, il doit réaliser au moins 1/5ème de son service annuel, soit 38,4 heures sur toute l’année à Mayotte. “Les professeurs que j’ai choisis réalisent 89 heures pour l’un et 87,5 heures pour l’autre. L’un d’eux exercent chez nous depuis 2012. Ils sont tout à fait éligibles”, clame Thomas M’saïdié. Mais selon lui, Au-rélien Siri l’accuse d’avoir augmenté les heures de ces deux professeurs en question. “Alors que c’est lui qui a gonflé le service de Monsieur Tupin, son mentor pour qu’il soit éli-gible”, dénonce-t-il.
À cela s’ajoute un autre problème. Une nouvelle règle a fait son apparition, et a cham-boulé tout le processus. “Monsieur Siri a rajouté une nouvelle règle qui n’est pas dans le décret du 12 octobre 2011, consistant à valider les missions des intervenants extérieurs par le conseil d’administration (CA) restreint”, raconte le maître de conférences en droit public. Ce dernier accepte tout de même la nouvelle règle du jeu même s’il la juge inac-ceptable. Le CA est donc supposé se réunir le 21 octobre pour valider les missions de tous les candidats, mais la séance est soudainement ajournée au 2 novembre, alors que les élections doivent avoir lieu le 3 novembre. Selon Thomas M’saïdié, aucune raison n’a été communiquée, le procès verbal n’étant “pas communicable”. “En fixant la séance au 2 novembre, le CA restreint s’assure que ma liste du collège A sera rejetée et je n’aurais pas pu en présenter une autre”, indique le candidat. Sans perdre de temps, le principal con-cerné saisi le recteur et le tribunal administratif qui accepte sa requête. Thomas M’saïdié accuse Aurélien Siri et certains membres du conseil administratif de “malversations et ma-nigances”. Des propos qui ont obligé les accusés à sortir un communiqué. “[Il]cherche à voler les élections en tentant de manipuler l’opinion publique, en tenant constamment des propos agressifs, mensongers et diffamatoires”, peut-on lire. Contacté par nos soins, Auré-lien Siri, le directeur du CUFR de Mayotte n’a pas voulu s’étaler sur le sujet. “Je ne sou-haite pas polémiquer ni surenchérir. Je souhaite que les élections se déroulent dans un climat apaisé”, précise-t-il.
Le recteur s’en mêle
Le recteur Gilles Halbout s’est alors saisi de l’affaire et semble avoir son avis sur le sujet. “La liste de Thomas M’saïdié n’a pas été invalidée sur des questions de fonds, d’ailleurs j’ai aussi des doutes sur les questions de forme, puisque les deux candidats proposés par lui sont des professeurs d’université réguliers (au CUFR), donc ils avaient le droit de se présenter”, déclare-t-il sur le plateau de Kwezi TV le 3 novembre. “On pourrait aussi inter-roger les raisons qui ont poussé le conseil administratif à ne pas se réunir”, ajoute-t-il.
Gilles Halbout fait également savoir qu’il a demandé que l’on repousse le processus élec-toral afin de “travailler dans la plus grande transparence et qu’il y ait une pluralité des can-didatures”. Des candidatures qui devront se refaire puisqu’à l’heure actuelle, seulement un candidat s’est fait connaître et il s’agit de Thomas M’saïdié.
Aurélien Siri souhaite se présenter en binôme avec Abal-Kassim Cheik Ahamed, maître de conférences en mathématiques appliquées et informatique. Or, cette option est impos-sible. “En face, ils font un bicéphalisme qu’ils ont inventé et qui n’est pas conforme au texte réglementaire. Même le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et de l’innovation a rétorqué leur idée de binôme à la tête du CUFR”, indique Thomas M’saïdié. Un point de vue que partage le recteur de Mayotte. “Je ne connais qu’un candi-dat (Thomas M’saïdié), et de l’autre côté, on a un binôme, mais il faudra savoir qui sera leur candidat.” Difficile d’avoir la version des faits d’Aurélien Siri et de ses alliés, mais une chose est sûre, la guerre est déclarée. Thomas M’saïdié fait savoir qu’il proposera la même liste pour la prochaine élection.
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