Lauréats et participants à la finale des premiers débats jeunes organisés à Mayotte étaient tous rassemblés au Rectorat, à Mamoudzou. Jacques Mikulovic, le recteur de l’académie de Mayotte, les congratule, un grand sourire aux lèvres. Le 8 novembre, ils représenteront très fièrement leur île aux Etats généraux des droits de l’enfant, pour défendre les idées qu’ils souhaitent mettre en place.
Les rires résonnent sur l’esplanade du Rectorat de Mayotte. Les lauréats à la finale des premiers débats jeunes organisés ainsi que les participants sont tous rassemblés. Ils se tiennent fiers devant leurs camarades alors que le recteur, Jacques Mikulovic, les félicite.
Invité à débattre de l’égalité hommes femmes, c’était la première fois que Mayotte participait aux débats jeunes organisés. Une délégation de huit personnes dont deux représentants et deux lauréats se rendront à Paris le 8 novembre 2023 pour représenter l’île aux parfums aux États généraux des droits de l’enfant, à l’Assemblée nationale à Paris. Ils devaient après un long travail en binôme, réciter un discours avec deux propositions qui pourraient être mises en place pour faire évoluer les choses. Une initiative organisée bénévolement par l’association Haki Za Wanatsa, la chargée de mission, Rasmina Houmadi-Oili, nous explique que c’était l’occasion de pousser la campagne pour le droit des enfants un créneau au-dessus : « Nous sommes rendus compte que le dispositif n’avait jamais été fait à Mayotte, donc on s’est dit que ça ne pouvait être que positif que de le lancer ».
Un projet profondément soutenu par Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte. « Je suis très fier de la capacité de ses jeunes à se mettre en avant. C’est comme ça qu’on continuera à faire évoluer notre vivre ensemble », déclare Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte. D’ailleurs, une nouvelle catégorie et donc récompense sera créée pour le dispositif de l’année prochaine : des collégiens ont eux aussi participé, mais n’ont pas pu être récompensés parce que le concours encadrait les lycéens.
On peut déceler de l’émotion dans les yeux des gagnants. Pour eux, gagner cette première étape est un honneur : « C’est un grand plaisir de recevoir cette victoire. Cependant, ça nous ajoute une pression, nous appréhendons beaucoup la suite. Pour ma part, au début, je ne réalisais pas dans quoi je m’engageais. C’est beaucoup de surprise et de stress aussi », explique Rowan Keldin, lauréat de Padmanzi.
« Les inégalités sont trop présentes et trop encrées à Mayotte »
La problématique d’égalité est très dénoncée par ses jeunes. « J’ai participé parce que ce sujet me tient à coeur et que les inégalités sont trop présentes à Mayotte et trop encrées », affirme Nasma Ali, une des lauréates. Chamsidine Dhoulfikr, lauréat de Chirongui, confirme : « Nous constatons que nous n’avons pas les mêmes droits. On ressent ces inégalités, On a donc décidé de débattre pour trouver des solutions ». Cette différence d’attentes envers les deux sexes est vue comme culturelle par beaucoup de participants. Néanmoins, ils pensent qu’il faut changer les choses et que c’est aussi une question d’éducation.
Cette idée est fortement soutenue par l’association qui a accompagné ce projet. « La thématique progresse beaucoup, au moins maintenant, le dialogue est ouvert. Mais il faut développer même des modules pour les parents, pour qu’eux aussi prennent conscience au niveau de ce sujet-là », soutient Chazia, enseignante de Doujani.
Deux propositions ressorties de ce débat
Parmi tous les binômes, deux propositions n’ont cessé de se dégager lors de cette finale. La première, assigner des référents égalité dans chaque établissement, afin de faire de la prévention et de la sensibilisation. Le recteur a approuvé mais des questions restent en suspens tout de même : « Qui mettre à ses postes ? Des professeurs ? Comment les former ? Il y a encore pleins de questionnement auquel on doit répondre avant de pouvoir le mettre en place », constate-t-il.
La deuxième proposition, sur laquelle les élèves ont beaucoup insisté, est celle de respecter la loi 2001 des 21 heures d’enseignement à la vie sexuelle et affective. « Souvent, il y a des problèmes, on les mets sur le dos de l’éducation nationale et on rajoute des heures. Cependant, c’est le principe derrière qui doit nous guider. Il faut aussi savoir qui on met à la tête de cet enseignement, les professeurs ? Des personnes formées spécialement pour ? », ajoute le recteur, qui mettra quand même en place les heures.
Les élèves répliquent que ces heures sont nécessaires, car elles permettent de faire de la prévention pour plus tard, pouvoir éviter certaines violences. Lydia Barneoud argumente : « Comptabiliser les heures données en tout cas, ça peut être un bon début ».