Jeudi matin, le personnel éducatif du collège de Dembéni a rencontré deux inspectrices du vice-rectorat et une délégation de la gendarmerie. L’objectif ? Recenser les besoins de l’établissement afin de résoudre les problèmes d’insécurité. Depuis plusieurs semaines, le collège est en proie aux règlements de comptes inter-villageois. Ces trois derniers jours, trois agents et un professeur ont été blessés.
Depuis quelques semaines, la commune de Dembéni est prise à partie par des groupes de jeunes, des bandes rivales. Des règlements de compte entre villages qui se passent « généralement » aux portes du collège ou au sein même de l’établissement. Mercredi, plusieurs rixes ont éclaté aux abords et dans l’enceinte du collège, dès 7h du matin. « Des jets de pierre ont été lancés par plusieurs jeunes devant les grilles du collège en direction des bâtiments« , indique le chef d’escadron François Bisquert, commandant de la gendarmerie de Mayotte. La gendarmerie, avertie vers 13h, a alors séparé trois groupes de jeunes (deux du collège de Dembéni et un troisième, extérieur à l’établissement).
« Un premier groupe est parti à l’intérieur d’un bus accompagné par les gendarmes jusqu’à Kahani. Un deuxième a été maintenu à l’intérieur de l’enceinte de l’établissement par le principal et le dernier groupe s’est réfugié sur les hauteurs de Dembéni. Ce groupe est resté sous la surveillance des gendarmes », explique le chef d’escadron. Ces trois derniers jours, les rixes ont entraîné des blessures corporelles à un enseignant, un agent d’entretien et deux membres de l’équipe mobile de sécurité. « Ils étaient armés d’un ceinturon clouté avec un mousqueton au bout. Un agent est ressorti avec quelques points de sutures« , déplore Henri-Pierre Deliou, délégué syndical SNES (Syndicat national des enseignants du second degré).
Accompagner les élèves dès leur sortie
Mercredi, une « grande majorité » du personnel éducatif du collège de Dembéni – soit 45 personnes – a alors décidé de faire valoir son droit de retrait « suite à une insécurité grave et présente dans l’établissement » afin de mettre en place des dispositifs « de prévention et de protection » dès jeudi matin.
Une matinée qui a également été marquée par une réunion « de crise » organisée en présence du personnel éducatif du collège de Dembéni, deux inspectrices du vice-rectorat et une délégation de la gendarmerie. « Des mesures sont à prendre dans l’immédiat. Il faut assurer la sécurité des élèves dès leur sortie du collège. Avoir un parcours sécurisé à l’intérieur de l’établissement. Ce parcours est aujourd’hui complexe en raison des zones en construction ou inaccessible« , indique Henri-Pierre Deliou. La première des décisions prise sera la fermeture, cet après-midi et mardi après-midi, du collège de Dembéni, afin de permettre à tous les personnels – y compris ceux de Chiconi et de Kwalé – de mettre en place des mesures de protection et de prévention contre ces violences. « Une réunion aura lieu à 14h [vendredi] pour discuter des propositions que nous avons déjà préparées jeudi matin« .
Le soutien des parents et de la gendarmerie demandé
Dans un premier temps, une série de mesures seront également prises au niveau de l’organisation de l’accueil des élèves, de l’extérieur à l’intérieur du collège, avec un personnel d’encadrement plus adapté. Dans un second temps, un travail sera effectué de la part du personnel enseignant sur l’application du règlement intérieur et la communication au sein de l’établissement. Le corps enseignant a aussi demandé le soutien des parents afin qu’ils puissent accompagner les enfants dans les bus et à proximité du collège. Enfin, le syndicat a revendiqué une présence « plus accrue » des gendarmes devant le collège, au moins jusqu’aux prochaines vacances (fin avril).
Actuellement, l’effectif des élèves du collège est réparti sur trois sites : les sixièmes sont à Kwalé et les cinquièmes à Chiconi. À la rentrée prochaine – en août –, toutes les classes devraient revenir à Dembéni, aggravant « fortement » les tensions qui existent déjà dans l’établissement. « Or, nous avons des problèmes de locaux et les nouveaux sont toujours en construction. Nous prévoyons soixante élèves de plus par rapport à l’effectif global de cette année [près de 900 élèves actuellement, ndlr]. Nous n’aurons pas la capacité d’accueillir tous les élèves dans de bonnes conditions, surtout sur un site complètement morcelé du fait des travaux et des séismes« , regrette le syndicaliste. Une réunion préparatoire devrait se tenir dans les prochains mois pour « réfléchir » à des solutions pérennes.
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