Darouèche Hilali Bacar, « le grand frère » des étudiants mahorais

Depuis 2016, Darouèche Hilali Bacar occupe le poste de médiateur social académique sur la ville de Lyon. Il y est chargé de suivre les lycéens et étudiants mahorais boursiers du conseil départemental de Mayotte afin de leur éviter les galères qu’il a lui-même connues dans sa jeunesse.

Né sur l’île aux parfums et ayant grandi dans le village de M’tsapéré, Darouèche Hilali Bacar est issu d’une « famille modeste et traditionnelle mahoraise », explique celui qui était « très studieux » et aimait apprendre de nouvelles choses. Depuis 2016, le Mahorais de 40 ans joue un rôle très important dans la vie des étudiants mahorais de sa ville de résidence, à Lyon. En tant que médiateur social, sa mission est de venir en aide à bon nombre de jeunes Mahorais, qu’ils soient primo-arrivants ou résidents de la cité lyonnaise depuis plusieurs années. Cette aide peut passer par l’installation, une aide administrative, comme monter un dossier de bourse, ou leur apporter du soutien psychologique si besoin. Étant lui-même étudiant, il y a quelques années, Darouèche Hilali Baca, a également été confronté aux galères qui les touchent. Aujourd’hui, il essaie à sa manière d’aider ses « petits frères mahorais » dans la réussite de leurs études. Ce domaine, il y a excellé lui-même puisqu’il est devenu docteur en littérature. Il a écrit une thèse, « L’autofiction en question : une relecture du roman arabe à travers les œuvres de Mohamed Choukri, Sonallah Ibrahim et Rachid El-Daïf », qu’il a soutenue en 2014. Son parcours universitaire est d’autant plus important qu’il lui a permis de changer sa manière de penser de devenir une nouvelle personne, admet le médiateur. « Ce n’est plus le Darouèche des années 80. »

Séminaires et foutaris

Quand il enlève sa casquette de médiateur social, celui-ci fait énormément d’activités en dehors de son métier. « Je suis beaucoup impliqué dans la culture, l’éducation, le sport, les voyages, le théâtre, le cinéma, mais surtout dans les danses traditionnelles », énumère Darouèche. Depuis quelques années, le M’tsapérois est beaucoup impliqué dans le monde associatif. Après avoir eu une discussion avec une étudiante en médecine en 2018, cette dernière lui a expliqué qu’au sein de son établissement les étudiants de deuxième année apportait du soutien scolaire aux premières années.  « L’idée m’a beaucoup intéressé », admet-il, un sourire aux lèvres. À partir de là, il a commencé à organiser des « séminaires et des foutaris avec les étudiants à Lyon » dans le but d’échanger sur leur situation scolaire en métropole. En 2018, il crée le « dispositif m’somo » dont la devise est « ensemble pour la réussite ». Celui-ci a changé de statut en septembre 2022 et est devenu une association loi 1901. Au départ dans l’académie de Lyon, il a été étendu à d’autres académies dans la région Auvergne Rhône-Alpes, comme Grenoble (Isère) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mais également à Rouen (Seine-Maritime). L’association a pour objectif d’aider les étudiants mahorais en leur apportant du soutien scolaire, psychologique et social. Le médiateur social académique explique que de nombreux étudiants mahorais poursuivant leurs études en France métropolitaine échouent dès la première année. La mise en place du dispositif au cours de l’année universitaire 2018 était d’aider ces néo-bacheliers et les autres étudiants à passer ce cap. De plus, plusieurs participants ayant bénéficié de cette aide, même diplômés, jouent le rôle dorénavant d’intervenant au sein de l’association.

“C’est formidable d’aider les autres !”

Darouèche Hilali Bacar n’est pas qu’un simple médiateur, il tient le rôle de « grand frère » pour les jeunes de son île natale.  Dans le cadre de son métier, ce qui est le plus intéressant, explique-t-il, « c’est d’être en contact avec les gens », en particulier les étudiants, les familles, les associations, les institutions publiques et privées. De par son métier, il aime résoudre des problématiques, aider un jeune qui rencontre un certain nombre de difficultés du point de vue social, financier, économique ou d’éducatif. Il l’accompagne jusqu’à ce que l’étudiant puisse atteindre son objectif. Pour lui, « c’est formidable, car on se sent utile ». Depuis le début de son métier de médiateur social à ce jour, il est impossible de compter le nombre d’étudiants ou encore de parents qu’il a aidé, mais une chose est sûre, c’est qu’il continuera encore à apporter son soutien aux autres dans la voie de la réussite.

Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.

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