Confinement difficile pour les étudiants mahorais qui demandent à rentrer chez eux

Le Collectif des citoyens de Mayotte a demandé aux autorités locales ainsi qu’à la ministre des Outre-Mer le rapatriement des étudiants mahorais se trouvant seuls en métropole et à La Réunion, pendant le confinement. Les principaux concernés redoutent l’approche du mois de ramadan qu’ils devront passer loin de leurs proches.

“On a envie de rentrer chez nous, d’aller voir nos familles et de passer le ramadan avec elles.” Fayza Houmadi n’est pas un cas isolé. Cette étudiante, également présidente de l’association des étudiants mahorais de Montpellier, redoute l‘approche du ramadan. Le confinement est une période difficile, particulièrement pour les étudiants mahorais qui se retrouvent seuls dans des résidences universitaires souvent vidées de leurs occupants. Jusqu’alors ils se sont pliés aux consignes comme tout le monde, mais le ramadan débutera dans quelques jours et cette période de partage risque d’être mal vécue par les étudiants mahorais isolés. “C’est un moment qu’on aime passer en famille. Ici on s’arrange pour rester entre amis, mais même cela ne sera plus possible. J’appréhende un peu”, confesse Fayza.

C’est la raison pour laquelle le Collectif des citoyens de Mayotte a demandé, dans une lettre ouverte, au préfet, au président du conseil départemental et à la ministre des Outre-mer, le rapatriement des étudiants mahorais isolés en métropole et à La Réunion. Ces étudiants seraient “actuellement confinés dans la plus grande détresse. Beaucoup subissent une solitude, un stress alarmant dont nous craignons les conséquences psychologiques qu’un ramadan isolé pourrait aggraver”, indique le collectif. Il demande que l’aide annoncée par le président de la République aux étudiants ultramarins soit utilisée pour ramener les étudiants chez eux. Ces derniers observeraient une quatorzaine “sur leur île natale avant de rejoindre leur foyer”, précise le Collectif des citoyens de Mayotte.

Cependant, cette hypothèse n’est pas soutenue par tous. Nour, étudiant mahorais à Valenciennes pense que le rapatriement est une fausse bonne idée. “C’est une bombe sanitaire qu’on enverra à Mayotte si le projet se concrétise. Il suffit qu’une personne soit contaminée dans l’avion pour que le virus se propage. Et même si on les met en quatorzaine, je ne pense pas que Mayotte ait les capacités de confiner des milliers ou même des centaines d’étudiants en même temps.”

Un confinement qui augmente les dépenses des étudiants

L’isolement n’est pas l’unique souci que rencontrent ces étudiants mahorais. Le confinement a généré des dépenses supplémentaires souvent inattendues. “Pour assurer la continuité pédagogique, j’ai dû acheter un ordinateur parce que je n’en n’avais pas et j’utilisais ceux de l’université. C’est une dépense qui m’a mise dans le rouge mais je n’avais pas le choix”, témoigne Haithia, étudiante à Toulouse. Cette Mahoraise est arrivée en métropole en septembre 2019. Elle a dû s’adapter au changement auquel font face tous les étudiants mahorais, mais le confinement ne lui facilite pas la tâche. “Je ne pensais pas passer ma première année ici comme ça. Le confinement a un peu tout chamboulé mais heureusement je reste proche de ma famille à Mayotte.” Et elle ne peut compter que sur un soutien psychologique puisque sa famille est dans l’incapacité de l’aider financièrement. La jeune fille doit donc se débrouiller avec une bourse de 300€ par mois. “Cela ne suffit plus parce que je fais beaucoup plus de courses. Avant, il me suffisait de 50€ par mois, maintenant le prix de mon panier a doublé”, explique-t-elle. Même constat chez Nour, qui a dû également investir afin de ne pas perturber son année scolaire. “J’ai acheté une imprimante pour les documents nécessaires. Avant je le faisais à la fac. Mes charges ont également augmenté puisque je suis tout le temps à la maison.”

Les bourses ont été versées plus tôt que prévu ce mois-ci, et tous en sont reconnaissants. Mais ils savent que cela n’est pas la solution à tous leurs problèmes. Quant aux étudiants non boursiers, leur situation est plus précaire car beaucoup exerçaient un job étudiant pour subvenir à leurs besoins. Ils se retrouvent aujourd’hui sans ressources, mais doivent continuer à payer leurs charges. “Le Crous a décidé que les étudiants qui ont quitté leur logement universitaire pour rejoindre leurs proches n’ont pas à payer le loyer. Mais qu’en est-il des ultramarins comme nous qui n’avons pas de famille et qui sommes obligés de rester dans nos chambres universitaires ?”, s’interroge la présidente de l’association des étudiants mahorais de Montpellier. Une question légitime quand on sait que le confinement met à mal de nombreux parents qui se retrouvent au chômage et qui sont dans l’incapacité d’aider leurs enfants.

 

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