La tentative de la gestionnaire de l’établissement de mettre fin à ses jours, mercredi soir, a choqué parents d’élèves et le personnel du collège Zakia Madi. Le management du principal est de plus en plus contesté à la fois par les enseignants et les parents d’élèves. De son côté, le rectorat affirme que “[ses] premières pensées vont vers [sa] collègue” et qu’il n’a ”jamais fermé les yeux” sur ce qui se passait à Dembéni.
La grève en novembre n’avait pas franchement réglé le problème. Des enseignants du collège de Dembéni et les représentants de parents d’élèves sont formels, il est de plus en plus compliqué de travailler avec l’actuel chef d’établissement. Ils décrivent “un climat toxique”, “des insultes”, “des collègues avec la boule au ventre”, un traitement différent selon tel ou tel professeur. Mercredi soir, la tentative de la gestionnaire de l’établissement de mettre fin à ses jours et le fait qu’elle soit aujourd’hui dans le coma a plongé le personnel dans la stupeur. Une cellule psychologique a été mise en place ces jeudi et vendredi.
Les difficultés ont pourtant été maintes fois remontées, les relations conflictuelles entre le personnel du collège et le principal ne sont pas allées en s’arrangeant selon les enseignants depuis la grève du 23 novembre 2021. Une tentative de médiation a bien été tentée le 9 décembre, sous l’impulsion de la fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) et l’association “Pas crêpe”, mais elle a tourné court. Le chef d’établissement aurait refusé la présence de membres de la FCPE à cette réunion.
De son côté, le rectorat est intervenu et a mis en place une cellule d’écoute, mais parents d’élèves et enseignants estiment que cela n’a pas été suffisant. ”On a franchi la ligne jaune”, s’inquiète Raïna*, une professeure qui a vu les relations entre le principal et sa gestionnaire continuer à se dégrader. D’après les enseignants, en réunion de direction mercredi matin, le niveau de compétences de la gestionnaire aurait été remis à nouveau en cause. Elle en serait sortie particulièrement marquée.
“Jamais fermé les yeux”
Les enseignants admettent que le rectorat a bien mis en place des entretiens avec la direction des ressources humaines depuis novembre, mais s’avouent déçus de ne pas avoir vu de résultats assez probants. ”C’est très grave. Il y avait des signes annonciateurs de ce que [la gestionnaire de l’établissement] était en train de vivre”, fait remarquer une autre professeur qui travaille souvent en lien avec elle.
”Nous avons demandé à la direction de changer de comportement et sa façon de communiquer”, se souvient toutefois Gilles Halbout, le recteur de l’académie, après avoir précisé que “ses premières pensées allaient à notre collègue”. Sans vouloir l’accabler et craignant “une chasse à l’homme” envers le principal, il reconnaît que l’acte de la gestionnaire est “lié à une souffrance professionnelle”. Il se défend de n’avoir “jamais fermé les yeux” sur la situation de Dembéni.
Sur place, jeudi matin, une réunion était organisée par la direction à 9h30. Prévenu du sort de leur collègue, le personnel présent a choisi de banaliser l’après-midi. Des psychologues seront présents ce vendredi.
(*) les prénoms ont été modifiés.