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Lucas Roxo fait le clap pour lancer l’interview, ce mercredi 14 août, sur la plage de Petit-Moya, en Petite-Terre. Jessica, Raïka et Anzaf sont les premiers à répondre aux questions préparées par leurs collègues.

Le temps d’une résidence artistique, les jeunes de Petite-Terre découvrent les métiers du journalisme et de l’audiovisuel, au cours du mois d’août avec les Ateliers Médicis. Après un temps d’adaptation, ils passent à la fois devant et derrière la caméra.

Ils sont encore un peu hésitants, préfèrent filmer que d’être filmés, peinent encore à savoir où regarder au moment de répondre. Ce mercredi-là, sur la plage de Petit-Moya, Jessica, Anzaf, Raïka, Ismaël, Léon, Élisabeth et Makine ne se pressent pas pour passer devant la caméra qu’ils commencent à apprivoiser. Âgés de 17 à 19 ans, ces sept jeunes de Petite-Terre participent à la résidence artistique mise en place par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT) avec les Ateliers Médicis, une structure culturelle de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Originaires de quartiers de Pamandzi et Labattoir, ils ont été mis en relation par les médiateurs de l’intercommunalité pour intégrer la petite rédaction. Ce jour-là, ce n’est donc pas une simple balade à la plage qu’ils font, mais la réalisation d’un véritable sujet sur eux-mêmes. « On va refaire un tour », indique Nawufal Mohamed, le créateur du média La Chaise pliante, à Jessica, Anzaf, Raïka. Les trois acceptent de marcher à nouveau sur le sable pour des plans de coupe. Voilà maintenant une semaine, entre ateliers d’écriture et rencontres sur le terrain, qu’ils s’initient aux métiers de journalistes.

« Cet été, notre projet se focalise davantage sur les jeunesses à Mayotte, et consiste à créer un espace d’expression et d’éducation aux médias avec un nouveau groupe de jeunes, leur transmettre les outils de la fabrique de l’information, et pourquoi pas réfléchir à la possibilité de monter un média participatif au sein de La Vigie », explique Lucas Roxo. S’il travaille avec un nouveau groupe pendant ce mois d’août, celui qui fait de l’éducation aux médias avec l’association La Friche connaît déjà Petite-Terre pour y avoir monté un autre projet, l’an dernier, au même endroit avec des jeunes de Dagoni-La Vigie. Cela avait abouti à un clip intitulé « Dounia Languina ». Cette fois-ci, le travail est plus long, il s’étend du 5 au 28 août. « On espère susciter des vocations et qu’ils acquièrent des savoirs. L’objectif est de produire du support, notamment via Instagram », indique Adrien Michon, directeur de la politique de la ville et de la cohésion sociale de la CCPT. Outre les médiateurs, l’intercommunalité a fourni des locaux pour cette résidence qui permet d’occuper les jeunes pendant les vacances et de « casser les frontières », car ils sont issus de quartiers différents de Petite-Terre.

Aux questions et aux réponses

Derrière la caméra, Élisabeth pose les questions préparées en amont, pendant que Makine tient le micro. Il n’y a pas de pièges. La jeune femme originaire du Congo interroge ses camarades sur leur vie quotidienne, ce qui leur plaît à Mayotte, leur parcours scolaire. Quand vient le moment de parler de leur usage des réseaux sociaux, Jessica dément y passer beaucoup de temps. « Tu es 24 heures sur 24 heures dessus ! », lance Anzaf à sa voisine, provoquant les rires de ses collègues. Sur la question de leur futur, les jeunes se montrent à nouveau hésitants, certains rencontrent des difficultés pour avoir des papiers et donc ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Une fois l’exercice fini, ils reconnaissent être encore intimidés par la présence des caméras. S’ils ne se voient pas forcément s’orienter vers des métiers de l’audiovisuel, l’expérience leur plaît et les fait sortir de chez eux. Ils confient d’ailleurs à leurs encadrants qu’ils vont peu sur la plage qu’ils ont pourtant choisie. De son côté, Ismaël regarde ce qu’il a déjà enregistré sur l’appareil photo et écoute les conseils de Lucas Roxo. « C’est notre gars sûr », fait remarquer Nawufal Mohamed.

La veille, le jeune homme, bob sur la tête, a emmené lui-même une petite équipe dans son quartier. Il s’était prêté lui-même au jeu des questions pour rassurer les autres.