Le mouvement de mobilisation entamé ce lundi à la suite de l’agression mortelle d’un individu samedi à Combani arrive en pleine période d’examen. Mais des solutions émergent au cas par cas, pour permettre aux élèves et aux professeurs de rejoindre leurs établissements.
Blocus, jour 2. Ce mardi matin, les automobilistes sont à nouveau tombés nez à nez avec des barrages, cette fois-ci érigés dans le centre à Combani et Ongojou, mais aussi dans le sud au carrefour Nguzi ou encore à Bouyouni, au nord. “La population du sud s’est réunie par solidarité avec celle de Combani”, explique Safina Soula Abdallah, la représentante du collectif pour la défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui soutient le mouvement. Même son de cloche à Longoni, où les transporteurs scolaires ont eux aussi maintenu leur droit de retrait, malgré une réunion tenue la veille avec le rectorat, la préfecture et le conseil départemental. “Rien n’a abouti et il n’y a pas eu de nouvelle proposition pour améliorer les conditions de travail ou apporter les garanties juridiques et sociales que nous attendons. Les 256 transporteurs ne circulent pas”, confirme Anli Djoumoi (Siaka), délégué Force ouvrière.
Bref, c’est donc dans ce climat tendu que se déroulent les épreuves du baccalauréat depuis lundi. Les oraux de Français ont commencé, tandis que les écrits de Philosophie et les épreuves anticipées de Français se tiennent jeudi. Un contexte difficile pour les élèves et leurs professeurs, déjà éprouvés par une année chamboulée à cause de la crise sanitaire. “Je n’ai même pas pu me rendre au lycée de Chirongui, et aujourd’hui non plus visiblement…”, raconte un enseignant du lycée professionnel, dont les élèves sont censés passer leurs épreuves de Français et d’Histoire-Géographie ce jour et vendredi. Sans parler des élèves en stage depuis lundi. “L’absence de transport en commun et les barrages successifs rendent ces événements incertains… Dans l’attente d’une décision du rectorat, nous faisons ce que nous pouvons. Nous accueillerons les élèves qui pourront venir au lycée comme c’est le cas à Sada aujourd’hui”, poursuit le professeur.
Taxis et minibus pour les élèves
Mot d’ordre du côté de l’académie : la débrouille et le cas par cas, du moins pour l’instant. “Nous sommes en lien avec les directeurs d’établissement et la consigne donnée, c’est que quelle que soit la formule, nous appuyons les initiatives, nous finançons”, expose le recteur Gilles Halbout. C’est ainsi que des établissements, comme le lycée de Sada, ont obtenu de mobiliser des véhicules pour accompagner les élèves les plus démunis. La ville de Chiconi a mis en place dès ce mardi des minibus au départ de Sohoa, de Chiconi, de Sicotram et de Coconi pour aider les lycéens à passer leurs épreuves du bac. “Nous encourageons les familles qui en ont les moyens de déposer leurs enfants car il s’agit d’une solution alternative qui ne peut se substituer au transport scolaire”, précise la ville sur sa page Facebook. D’après le recteur, une “petite moitié de lycée”, ont eu recours à ces solutions de rafistolage. “Cela pourra se généraliser, en fonction de la demande.”
Vers l’apaisement ?
Pour autant, entre la nouvelle formule du baccalauréat et les ajustements liés au Covid-19, les impacts restent pour l’instant mesurés. En effet, plus de 70% de la note est obtenue cette année via le contrôle continu. Et même sans la pandémie, les épreuves censées être réalisées en présentiel auraient dû avoir lieu en mars. “Il y a eu quelques absences pour les admissibles au concours de proviseur des écoles qui passent leurs oraux en ce moment, et aussi pour les épreuves de Français, où il manquait des professeurs ou des élèves… C’est un peu embêtant mais nous pouvons reprogrammer d’autres dates d’oraux”, assure Gilles Halbout, qui “espère une reprise progressive des transports” et “salue la grande implication des chauffeurs”.