Dans une douzaine de jours, le rectorat de Mayotte va connaître une rentrée décalée et forcément particulière après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, qui a dévasté une partie des écoles. Un point-presse était organisé, ce mercredi, pour expliquer les nouvelles modalités. Le résumé en cinq points.
Établissements
“Nous nous sommes organisés pour permettre le retour des ressources essentielles, l’eau et l’électricité, dans nos établissements scolaires pour pouvoir envisager la rentrée administrative de nos équipes pédagogiques et administratives à la date convenue du 13 janvier”, déclare d’entrée le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, ce mercredi après-midi, lors d’un point-presse au rectorat à Mamoudzou. A partir de cette date, l’enjeu sera de mettre tout en place pour accueillir les 117.000 élèves dès la semaine d’après, le 20 janvier. Et si pour certains, un simple nettoyage suffira, pour d’autres, ce sera forcément plus compliqué. “L’accueil sera disparate d’une circonscription à l’autre. Sur certaines, il n’y aura aucune modification du fonctionnement. Alors que pour d’autres, on accueillera tous les élèves, mais avec des formats différents”, ajoute-il. “On s’est très bien qu’il y a des écoles qui ne pourront pas rouvrir car elles ont été dévastées. A l’heure actuelle, on est à peu près à 71% des établissements disponibles, soit 1.123 classes capables d’accueillir des élèves. Il y a 448 classes où on a des difficultés, dont 178 pourront être nettoyées cette semaine”, précise Yannick Tenne, inspecteur général de l’Éducation nationale.
Des communes passeront donc en rotation (c’est déjà le cas pour la majorité des communes mahoraises), tandis qu’un allongement de la semaine interviendra pour d’autres en fonction de ce que décide chaque mairie. Des dispositifs alternatifs seront en place dans le secondaire avec cinq établissements en “très grandes difficulté” (lycée Younoussa-Bamana à Mamoudzou, la cité du nord à M’tsangadoua, les collèges de Labattoir, Chiconi et K1 à Kawéni). L’idée d’un recours aux tentes-écoles (deux communes y sont favorables) est toujours sur la table, même si ce type d’équipement n’est pas encore disponible à Mayotte.
Continuité pédagogique
Pour assurer la continuité pédagogique, il est prévu “un accompagnement par le Cned (N.D.L.R. centre national d’enseignement à distance), Canopée (N.D.L.R. un réseau de soutien à destination des enseignants), mais aussi des formats différents”. Un partenariat avec FranceTélévions et Mayotte La 1ère va permettre également la diffusion de programmes éducatifs.
Côté Parcoursup, “un accompagnement spécifique” sera ouvert aux élèves du second degré, tandis que les espaces numériques créés, ces dernières années, par les collectivités locales seront d’ailleurs réouverts et permettront aux terminales de suivre leurs vœux.
Personnel
Qui mettre devant les élèves ? Le rectorat ne s’alarme pas de nombreuses absences à la rentrée. “On mise sur un retour massif de nos enseignants”, espère le recteur, qui admet qu’une partie, notamment des familles, a déjà fait le choix du départ. 76 enfants de professeurs ou du personnel administratif ont ainsi changé d’académie à la rentrée. Le chef de l’Éducation nationale à Mayotte concède que la préoccupation des professeurs sera d’avoir un logement fonctionnel pour cette rentrée particulière. “Des dispositifs sont mis en place justement pour les propriétaires privés puissent rapidement bénéficier de bâches pour couvrir leur toit. On sait que les freins à l’arrivée des enseignants pourraient être cet élément-là.”
Le recours annoncé aux professeurs volontaires ne semble pas une priorité. “Notre plafond d’emploi est couvert, on inscrira les volontaires sur la liste des potentiels recrutables. On va d’abord utiliser nos brigades de remplacement et utiliser le Cned qui permet des enseignements à distance pour des disciplines spécifiques. On verra bien à la rentrée.” En cas d’arrêt-maladie, le rectorat ne peut pas recruter s’il ne dépasse pas les quinze jours. Des demandes de personnel de direction ont été, en revanche, remonté pour soulager ceux qui ont dû gérer le fonctionnement de leur établissement transformé en centre d’hébergement d’urgence.
Sécurisation
Deux conditions vont être à remplir à la rentrée, la sécurité des enceintes via la remise en place des clôtures pour éviter les intrusions et si les conditions de sécurité des bâtiments sont bien respectées. “On ne souhaite pas que nos locaux, même s’ils ne seront pas comme avant le cyclone, ne respectent pas les conditions de sécurité permettant l’accueil du public”,maintient Jacques Mikulovic. Des vérifications vont être faites avec le service départemental d’incendie et de secours (Sdis).
Sur ce volet de la sécurité, le Premier ministre, François Bayrou, avait annoncé un plan de sécurisation avec les forces de l’ordre et l’armée. A écouter le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le dispositif sera sensiblement le même que d’habitude. Les forces de l’ordre seront ainsi appelées si besoin par les chefs d’établissement.
Sinistrés
Autre point important, si les centres d’hébergement d’urgenceont été progressivement libérés par des personnes hébergées suite ou en prévision du cyclone, il en reste quelques centaines, aujourd’hui. C’est le cas à Mamoudzou, par exemple, au collège de Kwalé et au lycée Bamana. “Il va être mis en place un dispositif qui va débuter dans les prochains jours pour faire en sorte que les personnes soient invitées à quitter les établissements”, annonce le préfet de Mayotte, évoquant à la fois “un peu d’humanité” et “un peu de fermeté pour leur faire comprendre qu’on a un autre lieu pour les accueillir”. Sans dévoiler l’endroit, il ajoute qu’il comportera “des sanitaires et de quoi dormir”.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.