Après une intrusion, les enseignants de Cavani réclament des mesures

Deux individus armés ont fait une frayeur aux élèves et personnels de l’école élémentaire Cavani-Sud 1. Les enseignants ont exercé leur droit de retrait ce mercredi pour obtenir des garanties de sécurité. Un événement qui fait écho à l’agression lundi d’un enseignant au lycée polyvalent de Dzoumogné.

Un vent léger fait osciller la porte métallique. Un simple fil retient le battant, qui s’ouvre sans difficulté quand un employé, passant par là, le soulève d’un vif mouvement d’index avant d’enfourcher à nouveau son scooter pour remonter la pente. Quelques mètres plus haut, c’est l’école élémentaire Cavani Sud-1. Cette après-midi, il n’y a plus un chat ni un seul cri d’enfant dans cet établissement qui fonctionne d’ordinaire en rotation : les enseignants ont fait jouer leur droit de retrait. Car la veille, c’est entre ces murs, d’à peine deux trois mètres de haut, qu’une intrusion a semé la panique aux alentours de 14h30.

D’après les témoignages, deux individus, armés d’une arme blanche, ont pénétré dans l’enceinte de la structure, qui regroupe les écoles Cavani Sud-1, Cavani Sud-2, et une maternelle. Ils ont alors pu se “balader de salle de classe en salle de classe”, sous les yeux apeurés des enfants et des enseignants. Puis ils ont volé les goûters, avant de s’enfuir comme ils étaient venus. Sans résistance.

Face à ce manque criant de sécurisation sur le site, les enseignants ont donc notifié parents, direction et institution de leur volonté d’exercer leur droit de retrait ce mercredi, “pour faire bouger les choses”. Dès aujourd’hui, ils reprendront toutefois le chemin de l’école. “Les collègues ont réagi avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme. S’ils ont fait ce droit de retrait, ce n’est pas pour le plaisir, mais parce qu’il y a un vrai danger”, retrace Bruno Diaz, le représentant syndical de la CGT Éduc’action au 1er degré. “Mais ce sont aussi des personnes qui ont une grande conscience de leur mission républicaine, donc si les mesures sont prises, ils reprennent le travail sans hésiter.”

Solutions immédiates

Dans l’immédiat, une première réunion avec les directeurs des trois établissements, l’inspectrice de l’Éducation nationale, les représentants des parents d’élèves, et des élus de la ville de Mamoudzou, a permis de proposer des solutions pour faire face à l’urgence. La municipalité a par exemple proposé d’envoyer un agent en charge de la sécurité dans l’établissement et des policiers municipaux pour patrouiller devant les bâtiments. Côté Éducation nationale, on a dépêché deux EMS (équipes mobiles de sécurité), présents dès ce mercredi pour faire le tour des lieux et qui doivent revenir ce jour.

Des mesures de court terme qui ne doivent pas mettre sous le tapis les travaux indispensables pour éviter de nouvelles intrusions. Parmi les pistes envisagées, des fils de barbelés ou un rehaussement des murs d’enceintes ont été évoqués, ainsi que la possibilité pour tous les enseignants de fermer leurs portes à clé de l’intérieur. “Il s’agit là tout bonnement de respecter les protocoles en matière d’intrusion, mis en place dans le cadre du plan Vigipirate”, rappelle Bruno Diaz.

Cavani se mobilise

Ces solutions devront concerner l’ensemble des trois établissements. Mais dans le quartier, où la rumeur a vite circulé, on en attend tout autant. C’est ainsi qu’à quelques encablures de là, à l’école élémentaire Cavani Stade, les quelque trente enseignants ont eux aussi exercé un petit droit de retrait d’une heure ce mercredi matin, “pour manifester notre soutien et pour demander que ces mesures bénéficient à toutes les écoles”, explique Karen Ronin, la déléguée SNUIpp au sein de l’établissement. “Nous avons juste gardé les enfants une heure dans la cour en guise de débrayage, pour signifier notre position sans les pénaliser”, développe la représentante syndicale.

À Dzoumogné aussi, la violence à l’intérieur

Ces événements surviennent alors qu’une agression d’un enseignant au lycée polyvalent de Dzoumogné avait conduit les enseignants à exercer eux aussi leur droit de retrait. Mardi matin, le secrétaire départemental du SNES- FSU Henri Nouri rappelait à ce sujet, sur les antennes de Mayotte la 1ère, que les violences se produisent “aussi à l’intérieur des établissements”. “Nous sommes scandalisés qu’un collègue puisse être agressé dans un établissement scolaire qui devrait être dans la sérénité”, a-t-il déploré.

Une réunion était donc prévue ce mercredi avec le recteur. “Il s’agissait d’ailleurs bien davantage d’une “journée de réflexion et de solidarité”, et non d’un droit de retrait, car celui-ci est conditionné à un danger grave et immédiat”, tient à rappeler Gilles Halbout. “Il en est ressorti d’une part que l’agression de l’enseignant était un événement ponctuel, et d’autre part que les mesures, déjà évoquées avant le confinement, étaient en train de se mettre en place”. À savoir surtout un renforcement des moyens humains, avec le recrutement de 6 PEC (parcours emploi compétences), et le déploiement des EMS (équipes mobiles de sécurité).

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