Lundi matin, Mlézi Maoré a inauguré la première école de la deuxième chance du territoire sur Combani, en lieu et place de l’ancien Café room. Une structure inédite qui peut accueillir jusqu’à 100 élèves, âgés de 16 à 25 ans, sans diplôme ni qualification pour une durée moyenne de 9 mois dans le but de les remettre sur le chemin de la formation qualifiante et du marché du travail. L’association espère pouvoir déployer ce nouveau dispositif dans les autres communes de l’île d’ici 3 ans.
Lunettes sur le nez, Aline Gardey adresse les consignes à ses 5 élèves du jour, quand une délégation d’officiels débarquent dans sa classe. Enseignante de mathématiques au lycée et bénévole à la toute première école de la deuxième chance de Mlézi Maoré, fraîchement inaugurée ce lundi 14 décembre à Combani, elle dévoile alors les résultats des tests de niveau au préfet, Jean-François Colombet. « Sur les 12 jeunes, seulement 3 ont réussi au moins 70% des items attendus à la fin du cycle 3, c’est-à-dire en fin de sixième », constate-t-elle, en lisant ses notes gribouillées sur son tableau.
Un constat plus ou moins alarmant qui justifie l’ouverture de cette nouvelle structure, susceptible d’accueillir jusqu’à 100 personnes, âgés de 16 à 25 ans, sans diplôme ni qualification, sur une année civile. Avec un seul mot d’ordre en tête : l’adaptation au cas par cas. « La présence moyenne à l’école est de 9 mois », précise Dahalani M’Houmadi, le directeur général de l’association. « Mais en fonction du parcours, des capacités et des acquisitions des uns et des autres, cela peut durer 6 ou 12 mois. »
Pas question pour autant de rester assis sur une chaise à bachoter de la théorie durant toute cette période. L’intérêt du dispositif consiste à prendre part à des immersions en entreprise via un programme sur-mesure, la moitié du temps de la scolarité, et à mettre en pratique l’apprentissage des savoir de base (lire, écrire et compter). Des notions indispensables, « même pour aller élaguer », note Hanima Ibrahima, la présidente, également ancienne maire de Chirongui. Le tout, dans le but de leur ouvrir la voie d’une formation qualifiante ou bien du marché de l’emploi.
Des adolescents en perdition
La cible privilégiée à traiter en urgence donc ? « La jeunesse, qui n’a plus de connaissances, de repères et de valeurs », insiste le délégué du gouvernement, qui veut « mettre le paquet pour récupérer un maximum de gamins et faire en sorte qu’ils ne fassent plus de bêtises ». Encore faut-il trouver et convaincre « ces adolescents en perdition »… Pour cela, Dahalani M’Houmadi compte sur les autres services de l’association en lien avec ces « invisibles », à l’instar des groupes de médiation citoyenne, de la protection de l’enfance et du pacte d’investissement des compétences. Mais aussi sur le rectorat et le régiment du service militaire adapté (RSMA) pour orienter les « décrocheurs » et les « 1.000 candidats non retenus ». Et ainsi les encadrer par une équipe pluridisciplinaire, composée de formateurs en mathématiques, en français et en informatique, de travailleurs sociaux et de conciliants en insertion professionnelle. « C’est un accompagnement à 360 degrés », résume le directeur général de Mlézi Maoré.
Un accompagnement qui se veut aussi attractif financièrement. Considérés comme stagiaires de la formation professionnelle, les bénéficiaires vont recevoir une indemnité mensuelle de plusieurs centaines d’euros de la part du Département pour « acheter à manger et économiser pour leurs projets d’avenir ». Mais aussi « pour se déplacer ». Car la mobilité est l’un des freins à l’inclusion sur le territoire. D’où l’intérêt de proposer un internat de 12 places pour les élèves originaires de villages éloignés.
Dupliquer cette école d’ici 3 ans
La collectivité justement place beaucoup d’espoir en ce dispositif. « Il faut réussir cette première expérimentation pour qu’elle serve d’exemple aux autres communes », martèle Mariame Said, la vice-présidente du conseil départemental en charge de l’éducation, de la formation et de l’insertion. Une ambition complètement partagée par Dahalani M’Houmadi, qui invite les villes situées dans le Nord et dans le Sud à prendre le train en marche et à rejoindre l’aventure pour favoriser la proximité. « Nous démarrons timidement, mais nous faisons le pari que cette école de la deuxième chance va se dupliquer d’ici 3 ans. Nous tirerons les leçons en temps et en heure pour la déployer. Nous savons qu’il s’agit d’une formule qui marche. » L’échec n’apparaît pas envisageable aux yeux des autorités locales, qui voient en cette école une chance de reprendre en main leur avenir social et professionnel. Le premier jour du reste de leur vie en quelque sorte.
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