Edito. Ce que j’en pense… Mayotte menacée par les clandestins ?

Mayotte croule sous l’immigration clandestine. Il faut le dire, sans gêne, sans violence. Il faut replacer cette réalité au cœur de toutes les problématiques que connait Mayotte. C’est un poids lourd, excessivement lourd pour cette île en pleine évolution. Cette situation unique au monde met à mal le processus de départementalisation en cours et risque même de faire basculer Mayotte vers les Comores à court terme, sur un plan démographique d’abord.

Le système de santé est à l’agonie. On est passé de 8000 à près de 12 000 naissances par an, à 70 % le fait de femmes en situation irrégulière, sur une île de 374 km2 ! Et quasiment tous les moyens, insuffisants, sont consacrés aux maternités, au détriment de nombreuses spécialités, qui sont alors traitées à la Réunion, qui bénéficie pour cela de moyens conséquents.

L’éducation, qui pourrait nous donner un peu d’espoir pour demain, souffre aussi énormément. La situation est dramatique, le niveau s’effondre, la violence gangrène tout. Les classes, les établissements croulent sous le nombre. Les enseignants titulaires ont déserté l’île. Les enfants souffrent, dans des classes où arrivent régulièrement des enfants ne sachant pas parler français, déclarant avoir 12 ans quand ils en paraissent 17…

Mayotte est à l’agonie. Ses forêts, ses rivières, son lagon sont pillés, détruits par des implantations de milliers de familles. Tout l’avenir de l’île part en fumée… Tout espoir semble voué à disparaître, étouffé par ces dizaines de milliers d’habitants qui ne peuvent pas travailler légalement, qui doivent pourtant manger, se loger…

Dès que l’on commence à parler ainsi des clandestins, d’expulsions, des bien-pensants brandissent leur drapeau du racisme, de l’humanisme, de la fraternité… rapidement rejoints par des opposants à la présence française à Mayotte, qui veulent que la situation pourrissent. Ils accusent alors les Mahorais de racisme. Mais est-ce fraternel de laisser vivre ces gens dans de telles conditions de vie indignes ? Est-ce de l’humanisme, de la part des dirigeants comoriens, de les avoir mis dans une telle situation de détresse, de les maintenir dans l’ignorance et la misère, avec l’absence d’accès aux soins ?… Tout en pillant les quelques ressources de leur pays.

De plus, avec une démographie galopante – et faute de campagne de sensibilisation forte – ces clandestins sont en train de scier la branche sur laquelle ils se sont assis. L’éducation et la santé partent en vrille. C’est peut-être encore un peu mieux que chez eux, mais jusqu’à quand ?

Mayotte part en marche arrière, alors que l’on devrait aller de l’avant.

Les terrains disponibles pour des projets d’équipements publics sont en partie squattés et des quartiers entiers émergent régulièrement ici et là. Les ressources naturelles sont allègrement pillées, les tortues braconnées, le lagon vidé de son poisson, les champs sont dépouillés. L’économie embryonnaire est étouffée, à part l’alimentation et la téléphonie. Les équipements publics sont sur-utilisés. Les déchets s’entassent…

Les collectivités locales, étouffées par leur masse salariale sans commune mesure avec les services rendus, obligées de taxer et surtaxer la population qui travaille, ne peuvent pas faire face à cet afflux colossal.

Si l’île ne se libère pas de ce poids rapidement elle va couler, et terriblement à mon avis.

Les enfants ayant grandi dans la clandestinité deviennent des adultes. Pour manger, pour vivre, ils s’organisent, volent, agressent, dépouillent tous ceux qui passent à leur portée. Ils deviennent de plus en plus violents. Ils s’introduisent dans tous les bâtiments, défient les autorités. Et les cambriolages continueront sans cesse, décourageant les plus motivés d’entre nous.

Hommes, femmes et enfants vivent sous la menace quotidienne, dans la rue, sur la plage, chez eux. Chacun vit barricadé, comme en prison, de plus en plus dégouté par Mayotte. De plus en plus de Mahorais, de M’zungus, d’Indiens ou de Malgaches quittent cette île. Les forces vives s’affaiblissent, les investisseurs se font rares. Les jeunes mahorais diplômés n’essayent souvent même plus de revenir.

Si l’État, en s’appuyant sur les élus et la population, ne met pas les moyens adéquats pour lutter contre ce fléau, à la hauteur de la situation, si les kwassas ne sont pas interceptés en mer et reconduits avant d’accoster, Mayotte va dans le mur.

Si le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Outremer ne réagissent toujours pas, fortement, on va être en droit de se demander s’il n’y a pas une volonté de pourrir la situation sur l’île et de faire échouer le processus de la départementalisation !

Si les forces de l’ordre, avec l’armée, ne sont pas mobilisées rapidement pour nettoyer les bidonvilles qui encerclent Mamoudzou, Combani, Vahibé, Koungou ou la Vigie, on peut se poser quelques questions… Si c’est pour ne pas faire de vague, pour ne pas risquer une manifestation passagère, pour ne pas s’attirer les foudres de quelques associations ou pseudos bien-pensants, pour ne pas passer durant 1 minute sur BFM TV, on peut s’inquiéter pour le sort de Mayotte et de ses habitants.

Il serait temps, je pense, de réfléchir à moyen terme. Ces clandestins ont-ils vocation à rester clandestins à Mayotte ? Seront-ils naturalisés avec le temps, comme la loi le permet ? Resteront-ils ici, s’intégreront-ils ou partiront-ils immédiatement à la Réunion ou en Métropole ?

Des négociations de haut niveau, avec des dirigeants français, comoriens, et des Mahorais, pourraient-elles permettre à chacun de trouver son intérêt dans une résolution de cette situation qui ne peut plus durer ? L’État français a-t-il les moyens, l’envie de se pencher sur ce problème et le résoudre ?

Des réponses à ces questions dépend à mon avis une partie de l’avenir de Mayotte. Et il devient difficile de rester optimiste face à un tel dossier qui n’est même plus évoqué par nos dirigeants, alors que tout le travail en cours, les projets les plus ambitieux seront étouffés faute de solution rapide.

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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