Edito. Ce que j’en pense… Les partis ont tué la Vème République

Qu’ont-ils fait, ces politiciens de partis avec la crise, avec les banques, avec les pollutions et les énergies renouvelables ? Qu’on-ils fait face aux lobbys du tabac qui leur disaient que tout allait bien, face aux lobbys des pesticides qui tuaient nos abeilles, face aux vendeurs de diesel… Ils ont tendu la main pour obtenir des moyens afin de se faire réélire ! Et ils voudraient notre soutien pour sauver leurs postes, leurs places ?! Le divorce des Français avec leur classe politique est consommé. Il est analysé, commenté tous les jours, sur toutes les chaines d’informations nationales.

Beaucoup de ces partis font appel à la constitution d’un front républicain, en référence évidente au Front populaire qui, après la sortie de la Grande guerre et de la crise de 1929, de mai 1936 à septembre 1939, sous la IIIème République, avait apporté un peu de liberté et de réformes fortes avec l’institution des congés payés et de la semaine de 40 heures. Mais ce Front populaire s’était constitué autour de syndicats et partis de gauche : le PCF, la SFIO (PS) et les Radicaux de gauche. Il luttait déjà contre les volontés bellicistes des “marchands de canons”.

Ces partis, et ceux de droite, sont quasiment tous les mêmes qu’aujourd’hui, qui ont parfois changé leur nom, au gré de scandales ou pour satisfaire l’ambition de l’un ou de l’autre. Ce Front populaire faisait face aux ligues fascistes qui minaient déjà l’Europe et menaçaient aussi la France. Il avait fallu des manifestations importantes, un serment, un sursaut… mais il n’a pas duré bien longtemps et une vague brune avait fini par recouvrir l’Europe. Il aura ensuite fallu des résistants, de l’héroïsme et des millions de morts pour sortir de cette dramatique période de l’Histoire.

L’Histoire parfois se répète, bégaie, et nous renvoie en arrière. C’est inquiétant.

Les partis politiques français datent pour la plupart d’avant la 2ème guerre mondiale. Les partis sont restés, et les hommes aussi… se répartissant les postes à l’Assemblée ou au Sénat, cumulant dans les villes, les départements et les régions, ou à l’assemblée européenne sur des listes pour les perdants… Ils se sont parachutés, remplacés, transmis les postes de père en fille. Ils ont constitué des fiefs, des baronnies et se les partagent. On a vu des dinosaures, des traversées du désert et la capacité de rebond de certains. On a assisté à des scandales, des affaires qui ont défrayé les chroniques… puis après quelque temps le retour sur scène de ces acteurs de marché, serrant des mains et touchant les culs des vaches. On les a vu manger au coin du feu, faire leur spectacle audiovisuel dans les foires, négocier avec des dictateurs pour financer leurs campagnes. On a vu des avions renifler et du sang se contaminer, des cassettes, des enregistrements, des exclusions et des retours, des promesses les yeux dans les yeux et tant de mensonges, tant de reculades.

Mais on a surtout vu des partis qui font tout pour se maintenir au pouvoir ou le regagner. Ils ont pensé un temps qu’en diabolisant le FN, cela suffirait, mais ils n’ont pas proposé et mis en oeuvre de solutions efficaces. Et on a vu la dette de la France s’accumuler, les comptes publics sombrer, le pacte social disparaître avec le lien social, les efforts incessants demandés à la population. On a vu les SDF apparaître et mourir de froid, les Restos du coeur prendre la relève d’un État incapable de s’occuper de sa population. On a vu le chômage grimper et atteindre des records, toucher des millions d’individus, des jeunes et des vieux… On a vu régulièrement les banlieues exclues, révoltées et étouffées. On a vu les charges sociales augmenter, le prix du travail exploser, et les revenus du capital grossir. L’ascenseur social et l’École de la République se sont affaissés.

Les partis politiques ont demandé aux Français des efforts. Pourquoi pas ? Mais sans cap à tenir, sans objectif, sans espoir tangible. Alors pourquoi, symboliquement, les députés et les sénateurs, les autres élus, n’ont-ils pas mis fin à leurs privilèges incroyables et leurs voitures de fonction, leurs retraites à vie et leurs dépenses somptuaires, leurs emplois fictifs et leurs caisses noires ? Les partis, en cherchant à tout prix à garder ou retrouver le pouvoir, n’ont pas eu le courage de réformer sérieusement la France. Ils se sont servis et ont progressivement asphyxié, tué la démocratie en se l’accaparant. Ils payent aujourd’hui ce divorce avec la population, car ils ne nous ressemblent pratiquement plus. Il faudra à mon avis instituer une 6ème République pour redonner le pouvoir aux Français. Avec l’interdiction totale de tout cumul de mandat politique, beaucoup moins d’élus, beaucoup moins d’avantages financiers pour eux, une seule réélection possible. Il faudra supprimer les communes au profit d’intercommunalités, supprimer les départements au profit des nouvelles régions et confier beaucoup plus de compétences à l’Europe. Il faudra surtout redonner goût aux citoyens à s’occuper des affaires de la cité, non pas pour se servir, mais pour servir la communauté, y apporter leur contribution un temps, puis passer la main.

Il faut en finir avec les politiciens professionnels qui ne font rien d’autre de leur vie, se retrouvent coupés des réalités. Un tirage au sort peut même être envisagé… Il faudra des élus honnêtes – on en arrive aujourd’hui à trouver cela antinomique ! – et des élus intelligents, capables de comprendre les enjeux d’aujourd’hui et de demain afin de nous y préparer. Il faut que la France reprenne sa marche en avant, allège ses législations. Il y a tellement de compétences, de forces, d’énergies dans ce beau pays. Il est temps qu’il sorte de sa torpeur et cesse de se morfondre pour rayonner à nouveau, de ses valeurs universelles de paix, de liberté, de fraternité.

Laurent Canavate

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