Edito. Ce que j’en pense… La planète Terre va mal…

Cette année, le 22 août, nous avons utilisé les ressources naturelles renouvelables de la planète disponibles pour un an. À partir de cette date, et jusqu’au 31 décembre, nous puiserons dans des stocks non renouvelables. Autant les pays vivent à crédit, s’endettent, mais avec la planète, il n’y aura pas moyen de faire crédit… Le prix à payer sera de plus en plus cher, et mortel ! Sécheresses, cyclones de plus en plus violents, tornades, trou dans la couche d’ozone, hausse du niveau de la mer, dérèglement climatique… La note est salée, de plus en plus salée, mais jusqu’à quand ? Jusqu’où l’Homme peut-il aller dans la destruction de son habitat commun ?

Les réserves d’eau deviennent critiques dans de nombreuses zones de la planète Terre, notamment chez les plus gros consommateurs au monde, en Amérique du nord. Les productions alimentaires posent problème avec 7,35 milliards d’habitants aujourd’hui, et 244 000 habitants supplémentaires chaque jour ! Nous étions 4,4 milliards en 1980, 1,5 milliard en 1900 et environ 600 millions en l’an 1700. La planète va mal. Les êtres humains génèrent des milliards de tonnes de CO2 rejetés chaque année dans l’atmosphère, mais aussi du méthane (CH4), de l’oxyde nitreux (N2O) et des hydrocarbures halogénés à des niveaux jamais atteints, déréglant des équilibres séculaires et si précieux pour la vie. Depuis 1990, 13 à 15 millions d’hectares de forêts sont détruits, chaque année (!), pour assouvir nos besoins, et 3 à 4 millions d’hectares sont replantés, mais il s’agit de pertes dramatiques, car les replantations concernent très peu d’espèces, pour l’industrie papetière (pin) ou l’alimentation (palmier à huile). Les forêts ont pourtant un rôle thermique, écologique, sur le cycle de l’eau et du CO2 vital pour la vie sur Terre.

Les courants océaniques, nos autres régulateurs thermiques, sont aussi mis à mal. L’acidification et le réchauffement des océans, les calottes glaciaires fondantes, le pillage des ressources modifient profondément les grands équilibres écologiques. Et pendant ce temps les professionnels de la politique pinaillent pour savoir si la courbe du chômage va s’inverser bientôt ou plus tard, s’il faut augmenter les taux d’intérêt de 0,1 % ou pas… Ils semblent si décalés de la réalité quotidienne, mais aussi des grands enjeux planétaires, que cela devient inquiétant. Ne semblent compter que leur maintien au plus haut dans la courbe des sondages et leur “capacité de rebond” après une “traversée du désert”, pour ceux qui ont perdu aux précédentes élections. Vue de l’espace, la Terre apparaît petite, isolée, belle ! Dessus, des Hommes se battent, se tuent, se terrorisent, se violent, s’enchainent…

Ils pillent cette magnifique planète, leur mère nourricière. Ils la polluent, la brulent, la martyrisent. Et des lobbyistes nous expliquent que tout va bien, que fumer ne nuit pas à la santé, que manger du boeuf ou du poulet aux hormones, antibiotisé, ne gène pas. Que détruire la forêt amazonienne n’est pas nécessairement un problème. Qu’extraire le gaz de schiste ne dérange pas le sous-sol, ne génère pas massivement de CO2, que les pesticides ne nuisent pas aux abeilles, que l’extinction massive d’espèces n’est pas grave…

Et dans leur orgueil, dans leur grande bêtise, dans leur aveuglement, ils pensent qu’ils sont assez intelligents pour ne réagir que lorsqu’ils seront dans le mur, lorsque la situation sera vraiment catastrophique. La Terre va mal. Ils ne se sont peut-être par encore aperçus que la situation est déjà quasiment désespérée. Ils sont peut-être comme ce jeune qui tombe du toit et qui dit : “jusque-là tout va bienjusque-là tout va bien…”. Mais sans intervention forte la chute est inéluctable. Ils seraient victimes du syndrome de l’orchestre du Titanic sans le savoir, et continueraient de jouer leur spectacle alors que le bateau coule… Le choix d’un président de région à gauche ou à droite pourrait paraître bien dérisoire dans ce contexte. Mais face à ces enjeux planétaires, l’Homme a encore confiance en lui-même.

Nos éminents dirigeants pensent que la COP 21 et quelques engagements pour les décennies à venir suffiront à inverser la courbe, à sauver la Terre. À part leur faire confiance, il ne nous reste qu’à replonger la tête dans les embouteillages, les gaspillages de ressources, d’électricité, les consommations à outrance pour ceux qui peuvent et la crise qui se porte bien pour tous les autres. La planète Terre va mal. Faute de courage aujourd’hui, les générations futures auront-elles les moyens de réparer notre planète ? Accepteront-elles de réduire fortement leur consommation ? Depuis l’aube de l’Humanité, nous avons toujours été dans un monde de croissance.

Pourrons-nous passer dans un monde de décroissance, dans un monde de développement durable ? Avec 7,35 milliards de passagers dans le navire, il est dur de prendre des mesures radicales, et beaucoup veulent aller manger et écouter l’orchestre du Titanic…

Laurent Canavate

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