Vers une compagnie maritime propre à Mayotte ?

Lassés de dépendre de transporteurs maritimes qui rechignent parfois à alimenter le marché mahorais, la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) et le Département travaillent sur un projet de compagnie à l’échelle régionale. Les Comores et Madagascar sont aussi intéressés.

L’inflation mondiale des prix trouve son origine dans la crise du Covid-19 et la désorganisation du transport de marchandises qui en résulte. Coûts, durée d’acheminement des marchandises, les sociétés de fret maritime sont parfois obligées de faire des choix en fonction des marchés.  Les plus petits,  comme celui de Mayotte, sont parfois boudés au grand dam des distributeurs présents sur l’île. La chambre de commerce et de l’industrie (CCI) et le Département de Mayotte planchent donc sur la création d’une compagnie maritime locale, qui pourrait assurer les liaisons à l’intérieur du Canal du Mozambique, voire à une échelle plus grande.

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Hindou Madi Souf (à droite), ici lors du forum économique de Mayotte, le 1er décembre, suit ce dossier pour la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Mayotte.

Quel est l’intérêt d’une telle compagnie ?

Des produits bloqués dans les ports de La Réunion, Maurice et Mayotte sans qu’il soit possible de trouver une compagnie qui accepte de les faire transiter, le conseil départemental de Mayotte compte y remédier. Avec la chambre de commerce et de l’industrie, il compte créer une compagnie maritime en capacité d’alimenter les ports régionaux. L’idée n’est pas de concurrencer les acteurs du secteur, mais de se concentrer sur les petits marchés qui les intéressent peu. En outre, cela pourrait développer le commerce entre les îles. « En tout, ça fait 120 à 140 EVP (N.D.L.R. un Équivalent vingt pieds est le terme pour désigner un conteneur) potentiels », indique Hindou Madi Souf, cheffe du projet à la CCI.

Sous quelle forme peut-elle voir le jour ?

Il y différentes possibilités, mais la CCI privilégie la création d’une société d’économie mixte locale. Ce statut permet aux collectivités et autres partenaires privés de se retrouver à la table des actionnaires. « La présence du privé est importante, car ce n’est pas notre cœur de métiers », concède la responsable du service ingénierie. Les états voisins auront la possibilité d’intégrer la société s’ils le souhaitent également.

Le Département pourra la gérer ?

Ce n’est pas le but. Le fonctionnement de la compagnie pourrait se faire davantage sous forme d’une délégation de service public (DSP) par ligne. Un appel à projets est d’ailleurs en train de voir le jour. Hindou Madi Souf révèle qu’il y a déjà des intéressés. Côté trajets, trois lignes sont envisagées, dont une première partirait de Longoni pour rejoindre les Comores, tandis que la seconde partirait de Mayotte pour rejoindre Mahajanga (Madagascar). La dernière, plus longue, pourrait permettre de relier l’ile aux parfums à l’Afrique de l’Est, La Réunion ou Maurice.

A quel horizon ?

« On est encore dans les études », tempère la jeune femme. Le calendrier donné prévoit l’arrivée de cette compagnie « entre 18 et 30 mois » à partir du moment où la décision est prise (possiblement au début de l’année 2023). Le délai pourrait été cependant raccourci si les navires sont acquis rapidement.

Est-ce qu’il y a un type de navire ciblé ?

Oui, deux sortes de navires seraient l’idéal en raison des spécificités des ports régionaux. « Il y a peu de tirant d’eau à Majunga », donne comme exemple la cheffe de projet. Lors du forum économique, celle-ci a donné en exemple deux navires dont les tirants d’eau sont respectivement de 2,5m et 6,5m. Le coût estimé pour une année en fonctionnement est de 4,1 millions d’euros pour les trois lignes, dont trois millions en coût d’exploitation.

Qui pourrait également être intéressé ?

Qui dit compagnie régionale, dit Comores ou Madagascar, les deux plus proches voisins de Mayotte. L’Union s’est montrée favorable à un tel projet, lors d’une tournée au mois d’octobre. « Ils ont des conteneurs bloqués à Mayotte », fait observer la cheffe du projet. Elle a rencontré également des représentants de Madagascar, du 20 au 25 novembre. Le projet est d’ailleurs cofinancé par l’Interreg VA-Comores Mayotte Madagascar 2014-2020. Un peu plus loin, d’autres pays comme la Tanzanie, le Mozambique et le Kenya vont être sollicités prochainement pour savoir s’ils veulent intégrer la compagnie.

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Ce projet a été cofinancé par l’Interreg VA- Comores Mayotte Madagascar 2014-2020.

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