Vers un marché économique propre à l’océan Indien ?

Une rencontre internationale est prévue dans la capitale malgache, Antananarivo, les 5 et 6 décembre, pour jeter les fondations d’une communauté économique de l’océan Indien. Au cours de ce CEO Summit, les opérateurs économiques régionaux seront présents, espérant s’attirer le soutien des différentes administrations gouvernementales des îles de la région.

Avec une collaboration réunionnaise, des opérateurs économiques malgaches ambitionnent de jeter les bases d’une organisation économique panocéanodien sur le modèle de l’Union européenne. Les membres du syndicat des industries de Madagascar (SIM) organisent ainsi le CEO Summit 2024, les 5 et 6 décembre 2024 à Antananarivo. Il s’agira du plus grand rassemblement jamais organisé des leaders visionnaires de l’océan Indien. « Un événement de grande envergure qui permettra à tout le monde d’y trouver son compte », selon Tiana Rasamimanana, président en exercice de ce syndicat, qui s’est exprimé au cours d’une conférence de presse en ligne co-organisée avec Tantely Rakotomalala, la co-fondatrice de BeCom. L’opération est destinée à assurer la plus large diffusion de ce CEO Summit, hors Madagascar, dans les différentes îles de l’océan Indien (La Réunion, Maurice, Mayotte et Seychelles) à travers les colonnes des plusieurs médias locaux.

500 décideurs économiques

Cette initiative vise à permettre à tous les opérateurs intéressés de pouvoir se positionner par rapport à ce rendez-vous inédit.  Cette rencontre que ses organisateurs veulent hors norme sera placé sous le haut patronage du chef de l’État malgache, Andry Rajoelina. Initialement imaginé pour s’adosser à la réunion des ministres de la Commission de l’océan Indien (COI), qui a finalement été reportée dans le courant du premier trimestre 2025, l’événement regroupera sur deux jours à Antananarivo, plus de 500 décideurs économiques de tous niveaux, régionaux et mondiaux, dans le but affiché de capitaliser toutes les opportunités et mettre en lumière le savoir-faire de chacune des îles dans une complémentarité et non forcément une concurrence. A Tantely Rakotomalala d’expliquer aux journalistes que « le potentiel de Madagascar en matière de ressources et d’humains est énorme, mais qu’il le sera davantage s’il est combiné à ceux des autres îles voisines comme Maurice (pour la finance), La Réunion (pour l’innovation, les nouvelles technologies et l’internationalisation), et d’autres aspects pour les autres îles, telle que Mayotte, en pleine expansion. En d’autres mots, il s’agit de mettre en place un marché commun de l’océan Indien dans le but de favoriser les échanges économiques dans la sous-région et limiter les importations de denrées alimentaires depuis le Brésil et d’autres pays éloignés pourtant disponibles dans nos îles ».

Un sommet chaque année

Pour une meilleure lecture de cette situation, il a été évoqué une anecdote, le cas de la noix de cajou distribuée aux passagers des vols Air Austral comportant la mention made in Vietnam alors qu’elle provient en réalité d’un pays de la zone océan Indien.  Pour asseoir ce marché commun de l’océan Indien, les opérateurs économiques de la Grande île tablent très loin, ils comptent sur La Réunion et Mayotte pour une ouverture sur le marché européen, les Comores, Madagascar et Maurice sur la communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA), et même l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire qui sont invités à ce CEO Summit afin de lui donner un rayonnement sur le continent africain.

Les différentes délégations se préparent à affluer dans la capitale malgache et le nombre d’opérateurs économiques désireux d’y participer ne cesse d’augmenter d’après Tantely Rakotomalala. Un vice-président du Parlement européen fait partie des invités de marque de ce grand rendez-vous des décideurs économiques de l’océan Indien que ses concepteurs veulent annuel et tournant à partir de 2026. Ils se disent prêts à accueillir les différentes délégations de participants à ces deux jours de rencontres. « D’ores et déjà, les autorités malgaches confirment la création, d’ici peu, d’une zone spéciale COI à Antananarivo, reste à examiner sa mise en place et les aspects juridiques. Pour cela nous attendons, outre les 500 opérateurs économiques, les administrations des îles voisines pour peaufiner les détails techniques. »

Pour donner une solide assise à ses rencontres, les organisateurs ont prévu de décerner, à la clôture du sommet, des CEO Awards aux meilleures opérateurs économiques de l’océan Indien, dans sept catégories différentes, dont une spécifique au contexte économique malgache.

Journaliste politique & économique

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