Quatre députés de la commission des affaires économiques, dont sa présidente Aurélie Trouvé, se sont rendus à Mayotte, ces mercredi et jeudi, pour connaître les attentes et les besoins des différents acteurs dans le but de préparer le nouveau projet de loi dédié au développement économique de l’archipel. Jeudi midi, ils ont échangé avec des représentants du monde agricole au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi.
Plusieurs acteurs du monde agricole de Mayotte ont rencontré quatre députés de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale (Amélie Trouvé, présidente de la commission, et trois vice-présidents, Charles Fournier, Pascal Lecamp et Jean-Pierre Vigier), ce jeudi midi, au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi. Ils leur ont exprimé les difficultés qu’ils traversent dans la période et leurs besoins. Les élus les ont écoutés sur les dégâts causés par le cyclone Chido. A l’union des coopératives agricoles de Mayotte qui fédèrent 105 producteurs de fruits, légumes, cacao, café et vanille, le chiffre d’affaires a été réduit de 90 %, l’année prochaine, il sera réduit de 50 % par rapport à la situation. “Nous allons avoir besoin de deux-trois ans pour nous en remettre”, exprime son président Laurent Guichaoua.
Les éleveurs ont perdu une grosse partie de leurs animaux, 100.000 sont morts au cours de l’événement climatique. “Une vache laitière coûte entre 5.000 et 6.000 euros, mais le montant des indemnités est de 1.700 €, c’est insuffisant”, regrette Abdillah Boinaïdi, président de la coopérative de produits laitiers Uzuri Wa Dia. “Pour les éleveurs de produits laitiers, ne pas avoir de vaches, cela signifie perdre son outil de travail”, insiste-t-il.
Un risque de perdre des exploitants
Les plants de vanille n’ont pas résisté aux vents du cyclone, certains producteurs iront chercher des lianes à Madagascar et “il faudra ensuite trois ans avant qu’elle revienne en production”, indique un producteur. Selon la présidente de la commission, Amélie Trouvé, “écouter les agriculteurs est important pour comprendre que l’aide ne doit pas durer que quelques mois mais trois ans en l’occurrence pour la vanille”. “Si les aides s’arrêtent rapidement, vous allez perdre la production, mais aussi perdre des agriculteurs”, renchérit Jean-Pierre Vigier.
Au-delà des conséquences de Chido sur l’agriculture du territoire, les présidents des coopératives ont exprimé les obstacles structurels auxquels ils font face qui empêchent le développement de la filière. “Il y a très peu d’agriculteurs assurés à Mayotte parce qu’il n’y a presque pas de bâtiments construits aux standards européens, les banques refusent d’assurer quand cela ne correspond pas à ces normes”, illustre Loïc Breton, le directeur général de Ekwali, le fabricant de nutrition animale installé à Ironi Bé. Sur le territoire, on ne trouve pas non plus de comptable agricole, “nous devons nous tourner vers un cabinet à La Réunion”, déclare Laurent Guichaoua. Des situations vécues qui compliquent le travail des agriculteurs.
“En réalité, c’est tout un écosystème qui doit être créé et une filière à développer”, analyse Aurélie Trouvé.
Un accroissement de la formation nécessaire
Après l’adoption de la loi d’urgence pour Mayotte, et avant la présentation d’un nouveau texte à l’Assemblée nationale dédié au développement économique de l’archipel, des députés de la commission des affaires économiques ont fait une visite de deux jours sur le territoire. Les quatre députés, Aurélie Trouvé, (La France Insoumise), Charles Fournier (Les Ecologistes), Pascal Lecamp (MoDem) et Jean-Pierre Vigier (Les Républicains) ont d’abord visité le bidonville de La Vigie à Petite-Terre et ont eu connaissance du programme de renouvellement urbain. Mercredi, ils ont aussi abordé les enjeux de l’économie illégale et informelle avec les différents services de l’Etat et les douanes. Jeudi, ils ont rencontré des élus notamment le maire de Mamoudzou et le président du conseil départemental et enfin des associations comme Les Naturalistes ou La Croix Rouge. “Pour préparer ce texte qui doit arriver en juin dans l’hémicycle, il est important de venir avec les vice-présidents sur le territoire pour écouter”, indique Aurélie Trouvé, la présidente de la commission. Si ces quatre élus ont des sensibilités politiques différentes, “une chose fait consensus entre nous, il ne faut pas simplement reconstruire mais tout simplement construire Mayotte”, appuie-t-elle.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.