Cellule de crise, remboursement des consommables, flambée du prix du fret, relance, exonération, cotisations, dette sociale, activité partielle, fonds de solidarité… L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte a convié ce mercredi plusieurs services de l’État pour tenter de rassurer hôteliers et restaurateurs. Morceaux choisis.
Dans la salle du restaurant L’Orient Express, une réception un peu particulière se déroule ce mercredi 27 janvier. Face à plusieurs hôteliers et restaurateurs de Mayotte se dresse un florilège de services de l’État (CSSM, Dieccte, SGAR, DRFIP). Le but de la rencontre : anticiper les mesures et répondre aux interrogations de ces professionnels frappés de plein fouet par le Covid-19. « Le travail de fond a payé au cœur de la crise et dans la relance », introduit en signe d’encouragement Alexandre Kesteloot, adjoint au secrétaire général des affaires régionales. « On est dans l’adaptation permanente, même si on fonctionne sur des stratégies à long terme ». Dans l’assemblée, les têtes font grise mine. Pas de doute, le moral est au plus bas. « On subit et on est en mode survie. On ne s’adapte pas ! », lui répond sèchement l’une des convives, bien décidée à ne pas mâcher ses mots.
Comme pour tous les établissements recevant du public, restaurants et hôtels doivent se plier à un protocole sanitaire strict. Des mesures indispensables à respecter pour ne pas risquer une fermeture administrative. « Les tarifs des consommables – les masques et le gel hydroalcoolique – ne sont pas stables », assène Marcel Rinaldy, président du groupe 3M, chargé de jouer le rôle de Monsieur Loyal lors de cet échange. Qui préconise de mettre en place une bonne fois pour toute une centrale d’achat gérée par la préfecture. Une idée évoquée lors du confinement… Rapidement renvoyée aux calendes grecques. Car si les prix sont réglementés et contrôlés par un décret en vigueur, les montants réels ont de quoi donner le tournis ! « Une boîte de 50 masques, c’est 4.50 euros en métropole, 12 euros à La Réunion, et entre 17 et 35 euros à Mayotte », s’époumone le gérant du Jardin Maoré, complètement estomaqué par ces disparités.
« Le mal est fait »
Un gouffre financier pour ces entrepreneurs aux perspectives déjà peu reluisantes. «Concernant les équipements qui protègent sanitairement, le Département va mettre en place une plateforme dès mi-février pour que vous puissiez envoyer vos factures et être remboursés», annonce tel un messie, Enfanne Haffidhou, le directeur général adjoint au sein de la collectivité. Une bouffée d’oxygène en cette période de vaches maigres. Car le couvre-feu instauré jeudi dernier assène un nouveau coup de massue sur leur tête. «Nous, on veut être associés aux discussions et aux décisions. Pourquoi devrait-on payer pour les manzarakas de 300 personnes ?», s’interroge dans une colère noire celle qui a ouvert le bal quelques minutes plus tôt. «Il faut faire respecter les règles ! Confinez les clusters plutôt que de fermer les entreprises.» Silence de cathédrale. «Le mal est fait», marmonne-t-elle, dépitée.
Pour ne rien arranger, la récente réglementation sur les vols pour tenter de contrôler l’envolée de l’épidémie a des conséquences désastreuses sur l’approvisionnement. «On est dans un contexte concurrentiel. Le fret est dépendant du trafic des passagers», leur rappelle Alexandre Kesteloot. Et au vu de la situation : priorité aux matériels sanitaires. «Si on a un magret, c’est déjà bien», ironise l’une des participantes à la réunion. À défaut d’une belle pièce de viande, ils peuvent toujours se rabattre sur des menus plus healthy… à condition de payer 12.90 euros le kilo d’endives.