« On a du riz destiné à Mayotte bloqué à La Réunion depuis plus d’un an »

L’inflation et les pénuries inquiètent les élus locaux. Ce jeudi, le conseil départemental de Mayotte a donc organisé une réunion avec plusieurs acteurs de la grande distribution. Ces derniers évoquent des soucis liés au transport plus qu’à la guerre en Ukraine. Plusieurs pistes ont été abordées comme le gel de l’octroi de mer ou des réunions avec les représentants du port de Longoni.

Face aux gérants d’entreprise de distribution, Ben Issa Ousseni n’a pas promis de miracles, ce jeudi, dans l’une des salles du siège de la collectivité. Le président du conseil départemental de Mayotte a souhaité « connaître la situation car on annonce une pénurie générale à Mayotte de produits de première nécessité, mais aussi de produits du BTP ». Rassuré en partie sur ce point, il déplore que « le gros souci que nous connaissons aujourd’hui est lié à l’inflation, notamment sur la viande, le riz ou l’huile ». La rencontre a été appréciée par ses interlocuteurs, qui n’ont pas hésité à dire ce qu’ils avaient sur le cœur. Les dirigeants d’entreprise comme la Sodifram, Bourbon Distribution Mayotte (qui déteint Jumbo Score) ou Foundi Distribution ont reconnu que l’inflation est déjà visible dans leurs magasins, mais que celle-ci ne date pas de la fin du mois de février et le conflit en Ukraine.

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Le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni (au centre) a souhaité rencontrer plusieurs acteurs de la grande distribution afin de trouver comment lutter contre l’inflation.

Pour eux, le problème est davantage lié au transport rendu compliqué par la pandémie mondiale. Les ports mondiaux étant congestionnés, de nombreuses cargaisons restent à quai et le peu de trafic dans le canal de Mozambique entraîne des gros retards d’approvisionnement. « On a du riz destiné à Mayotte bloqué au port de La Réunion depuis plus d’un an », fait remarquer Nassroudine Mlanao, directeur de Sodifram, rappelant « qu’ils subissent aussi l’inflation ». « Aucun armateur ne veut venir à Longoni. Ils ne sont pas intéressés », déplore Safdar Ballou, le patron de l’enseigne du même nom. Ces problèmes entraînent des rayons vides par intermittence dans lessupermarchés.

Objet de leur courroux également, le port de Longoni en a aussi pris pour son grade. Tarifs jugés « trop chers », conteneurs qui peinent à sortir du port, la gestion déléguée à Mayotte Channel Gateway ne fait pas que des heureux. Pour les dirigeants d’entreprise, Longoni est pourtant le seul point d’entrée d’une île qui importe « 95% de ses produits consommés ».

« Des pistes de travail mises en place »

Le président du Département s’est montré prêt à prendre des mesures. « Il y a des pistes de travail qui ont été mises en place », confirme Ben Issa Ousseni. Sur la demande de Safdar Ballou de geler l’octroi de mer, il n’est pas complétement fermé. Il prévient cependant que cette recette fiscale ne rentre pas dans les caisses du Département, mais des communes. Surtout, il espère que les bénéficiaires jouent le jeu, citant en exemple des produits où l’octroi de mer a été diminué sans qu’il y ait des répercussions sur le prix pratiqué par des distributeurs. « Il faut que les consommateurs puissent réellement bénéficier de nos efforts », annonce-t-il, se disant attentif aussi au prix du carburant, un élément très scruté par la population et les distributeurs.

Concernant les tarifs portuaires, le chef du CD confirme qu’il faudra engager des discussions avec les opérateurs, « notamment la délégataire du port ». Il confie aux distributeurs qu’il y a plus de chances que ce soit encore le conseil départemental de Mayotte qui fasse « des concessions ». Des réunions vont être organisées et doivent mettre autour de la table d’autres acteurs du territoire comme Mayotte Channel Gateway et la préfecture de Mayotte.

Enfin, une autre idée a été mise sur la table pour régler les problèmes de transport, la création d’une compagnie de transport maritime propre à la zone géographique. La chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Mayotte a déjà étudié la question et s’y montre très favorable. Selon Mohamed Ali Hamid, le président de la CCI, les Comores ou Madagascar « pourraient être intéressés », ces deux états connaissant également des difficultés à s’approvisionner.

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