Quelles pistes pour faire baisser les prix de l’alimentation ?

 Les transports aériens et maritimes de produits alimentaires représentent des coûts élevés pour la grande distribution. Des montants qui se répercutent automatiquement sur les prix affichés en rayon. Pour réduire la cherté de la vie à Mayotte, plusieurs pistes sont sur la table, comme le développement du port de Longoni et la mise en concurrence d’Air Austral.

 

Le constat est sans appel : le port de Longoni n’est tout simplement pas équipé pour accueillir de porte-conteneurs. La grande distribution à Mayotte doit s’organiser en conséquence et trouver des alternatives afin de remplir les linéaires. Aujourd’hui, seules deux entreprises desservent Mayotte, la Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime (CMA-CGM) et la Mediterranean Shipping Company (MSC). La première assure à elle seule 80 % du trafic mahorais, contre 20% pour la seconde. En partant de l’Europe et en passant par Jebel Ali, aux Émirats Arabes Unis, la société française emprunte la ligne Noura, dans un délai de livraison qui oscille entre 30 et 35 jours.

Néanmoins, ces derniers temps, cette durée tend à se rapprocher des 40 jours, en raison notamment « de la révision des navires« , souligne Vincent Lietar, directeur « développement et infrastructures » chez Mayotte Channel Gateway (MCG), délégataire de service public du port de Longoni. Avec la société italienne, un passage obligatoire se fait par l’île Maurice, où les cargaisons à destination de l’île aux parfums sont ensuite envoyées par feeder (un navire de petit tonnage). Seulement, » il faut rajouter une quinzaine de jours pour faire la boucle de l’océan Indien« , confie, sous couvert d’anonymat, un employé de la grande distribution à Mayotte. « Quand on commande, on ne sait jamais quand ça va arriver. »  Conséquence : le temps d’expédition varie entre 45 et 50 jours.

 

Quai flottant, extension de la zone de stockage et piste longue

Mais la période d’acheminement n’est pas le seul problème. La somme à débourser pour décharger les conteneurs entre également en ligne de compte. « 150 euros par Manu-Port contre 450 euros par la Smart en 2015-2016… C’était le jeu de la concurrence, mais le conseil départemental a demandé que les prix soient rehaussés pour ne pas causer de tort au manutentionnaire historique.  » Sur ce point, la collectivité dément formellement ces rumeurs. « Je sais qu’il y avait une différence de prix mais je ne pourrais vous dire de quel ordre. Une chose est sûre, le Département n’a jamais exercé une quelconque pression« , insiste Bourouhane Alloui, élu territorial et président du conseil portuaire cette année-là.

En tant que présidente de MCG, Ida Nel souhaite développer le port pour y accueillir les cargos en bonne et due forme, « mais cette saga juridique entre la Smart et Manu-Port semblent freiner les investissements« , dévoile cette même source anonyme. Un « chiffonnage pénalisant « ,  affirme pour sa part Vincent Lietar, de MCG. Pourtant, les idées ne manquent pas pour faire évoluer la situation, comme l’installation d’un quai flottant de 90 mètres de long, l’achat de deux nouvelles grues ou encore l’augmentation de cinq hectares de la zone de stockage. Si ces projets pouvaient aboutir, ils permettraient de diminuer le temps de transport entre l’Hexagone et l’île aux parfums. « L’impact significatif serait d’avoir des produits frais [dont la date limite de consommation est de 30 ou 40 jours, ndlr] à des prix réduits. On ne serait plus obligés de vendre des yaourts à 8 euros« , commente de son côté l’employé de la grande distribution.

Actuellement, les denrées périssables disponibles dans les rayons sont amenées par voie aérienne. Et sur ce point aussi, le monopole d’Air Austral joue en défaveur du consommateur mahorais. « Le prix au kilo du fret s’élève à 10 euros alors qu’il était de 5 euros avec Corsair« , explique-t-il. Toutefois, selon un importateur mahorais, le montant se rapprocherait plutôt des 5 ou 6 euros chez la compagnie réunionnaise. Des tarifs élevés  que la construction d’une piste longue et l’arrivée d’une véritable concurrence dans le ciel mahorais contribueraient à faire baisser, selon les différents protagonistes interrogés.

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