Dès hier l’information d’une grève chez Total a commencé à circuler.
Certains automobilistes et autres conducteurs de deux roues se sont déjà empressés d’aller faire le plein alors que la direction de l’entreprise pétrolière à Mayotte appelle à ne pas céder à la panique. Des soupçons de fraude à la station-service de Majicavo sont à l’origine de ce préavis. La société a décidé de mettre à pied cinq employés qui auraient commis des écarts d’encaissement sur une entreprise-cliente. Ils auraient commis ce délit avec la complicité du chauffeur/employé du véhicule de fonction de la société lésée.
Une enquête judiciaire est actuellement en cours, mais Total a décidé de suspendre les salariés concernés.
“Nous avons une politique de tolérance zéro sur ce genre de pratiques”, explique Nicolas Favre directeur de Total Mayotte avant d’ajouter, “nous avons un code de conduite et des formations pour les salariés contre ce genre de fraudes”. Licenciement pour faute grave : “un prétexte” Si ce type de délit n’est pas une première dans les stations essence de l’île, les syndicats signataires du préavis dénoncent une volonté cachée de la direction de licencier des salariés sans passer par un plan social. “Cela coûte cher de passer par un plan social, autant trouver un prétexte afin de licencier pour faute grave, c’est moins douloureux”, dénonce El-Anzize Hamidou. “Cela facilite le plan de modernisation de Total avec l’installation des distributeurs automatiques dont les accords d’utilisation sont par ailleurs violés par la direction”, ajoute-t-il.
Pourtant, est-il choquant de s’interroger sur la pertinence d’une telle modernisation ?
N’est-ce pas une évolution logique en comparaison avec la métropole où le métier de pompiste a quasiment disparu pour laisser place à un libre-service et un employé chargé d’encaisser les clients à la sortie ? À ces questions les syndicalistes ne s’opposent pas foncièrement à ce changement. “Mais pour cela il faut un plan social, il faut une sortie avec des indemnités et cela passe par des négociations. C’est un prix à payer”, rétorque le leader syndical d’UDFO. Du côté de la direction, on affirme que les négociations annuelles obligatoires pour 2016 sont en cours.
Mais Nicolas Favre réfute les allégations des syndicats.
“Les salariés et moi-même sommes surpris pas ce préavis, car les secrétaires généraux n’ont pas le pouvoir d’émettre un préavis de grève dans une société, c’est le rôle des délégués internes”, argumente le directeur. Selon lui, les représentants des employés n’étaient même pas au courant de ce préavis jusqu’à hier matin. À cette question de savoir si les pompistes étaient au courant de ce préavis et combien soutiennent l’initiative, le secrétaire général de l’UD FO reste vague en expliquant être dans l’attente d’un pas en avant de la part de l’entreprise pour engager des discussions. “On est ouvert au dialogue social. Si le directeur a quelque chose à reprocher aux salariés, on lui propose de venir rencontrer les syndicats”, répond El-Anzize Hamidou. Ce dernier dénonce par ailleurs, le monopole d’exploitation dont dispose Total. “C’est un phénomène général, il y a plusieurs abus de position dominante dans l’île comme avec Air Austral et la ligne Réunion-Dzaooudzi qui est complètement imperméable, Colas pour le BTP et Total avec les carburants”, juge El-Anzize Hamidou. “On a accepté ce monopole alors qu’il y a de la place pour deux ou trois entreprises pétrolières”, estime-t-il. Quant à la forme que prendra le mouvement si la grève de jeudi est confirmée, les syndicats ne se prononcent pas pour le moment.
Une manifestation, un piquet de grève, les grévistes décideront de la manœuvre à suivre la veille du mouvement.
Gauthier Dupraz
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