Arrivé dimanche 27 mars à Dzaoudzi, le secrétaire général de la confédération générale du travail profite de son déplacement de deux jours à Mayotte pour rencontrer les travailleurs et les institutions de l’île. En poste depuis sept ans, le syndicaliste s’était déjà rendu dans le 101ème département français en 2018.
Flash Infos : Quel est l’objectif de votre venue à Mayotte ?
Philippe Martinez : Je suis venue sur l’île il y a trois ans et demi, aujourd’hui je me rends à nouveau dans ce territoire afin de voir les évolutions et me rendre compte par moi-même de la situation. Ce qui pour moi est tout naturel pour un syndicaliste qui s’intéresse à ceux qui travaillent.
FI : Comme vous l’avez rappelé, vous êtes venus rencontrer les travailleurs mahorais il y a un peu plus de trois ans, quels constats pouvez-vous faire aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a changé ?
P.M. : Je n’ai noté pratiquement aucune avancée. Il y a toujours autant de discriminations à Mayotte. Que ce soit en termes de droit social, de salaire ou encore concernant les retraites. Nous sommes toujours dans un département de la République qui n’a pas les mêmes lois que les autres. La principale avancée que nous pouvons souligner concerne la mise en place du conseil des prud’hommes en début d’année, mais qui a encore quelques difficultés à se mettre en place.
FI : Vous avez rencontré ce lundi le préfet de Mayotte, délégué du gouvernement, Thierry Suquet. Quelle a été la teneur de vos échanges ?
P.M. : Mon entretien avec Thierry Suquet a été l’occasion de réaffirmer certaines choses, notamment le fait que nous n’avons pas besoin d’une loi Mayotte pour réaffirmer le code du travail sur le territoire. Une loi qui traite des problématiques locales a un sens, en revanche le droit devrait s’appliquer dans le 101ème département français comme partout ailleurs et avec lui les conventions collectives ou encore le montant du salaire minimum. Nous avons eu un débat très intéressant.
FI : Alors que nous sommes en pleine période électorale, votre venue a-t-elle un lien avec le calendrier présidentiel ?
P.M. : Ma présence à Mayotte n’a rien à voir avec les élections. Des rencontres avec les différents syndicats ont lieu régulièrement à Paris. Nous sommes en lien constant avec les représentants de la CGT au niveau local afin de porter leur voix. Plus nous nous voyons, plus nous progressons. Comme les départements d’Outre-mer sont très loins, parfois ceux qui nous gouvernent les oublient et nous devons faire remonter les problèmes jusqu’à la capitale.
FI : Globalement, vous tirez un bilan assez pessimiste de votre visite au sein du 101ème département, qu’espérez-vous pour l’avenir des travailleurs mahorais ?
P.M. : J’espère que les choses vont bouger et que les conventions collectives vont pouvoir être appliquées comme elles devraient déjà l’être. J’ai rencontré un échantillon représentatif de travailleurs : dans l’éducation, la santé, à la prison, au conseil départemental, au port de Longoni, mais aussi dans le privé. Les mêmes problèmes liés aux salaires, aux retraites et à une forme d’autoritarisme patronal dans le privé reviennent toujours. J’ai eu des échanges très intéressants avec mes interlocuteurs qui montrent la réalité du monde du travail ici.